ACTUALITÉ
Panier anti-inflation

Intermarché mise tout sur ses marques propres

Les « 500 produits anti-inflation » proposés depuis le 6 mars par Intermarché affichent des prix en très léger recul par rapport à février. Par ailleurs, impossible de trouver des marques nationales dans la sélection : il s’agit uniquement de références sous marques propres du distributeur.

L’abandon par le gouvernement de son projet de « panier anti-inflation » (lire l’encadré) redonne la main aux distributeurs pour se poser en défenseurs du pouvoir d’achat des Français. Chacun y va donc de son offre commerciale destinée à amortir la flambée des prix des produits du quotidien (alimentation, hygiène, droguerie, beauté).

Après Système U début février, c’est Intermarché qui a dégainé le 6 mars ses « 500 produits anti-inflation », proposés dans ses magasins et sur son site drive ‒ « selon disponibilités des stocks en magasin », prend-il la précaution de préciser. Car en fonction du magasin, les 500 produits peuvent devenir 433, comme au Super de Montreuil (93), 402 à l’Hyper d’Agen (47), ou encore 371 comme au Super de Jarville-la-Malgrange (54). Au-delà du fait que l’offre n’est pas toujours disponible dans son intégralité, ce panier présente-t-il un intérêt pour les clients du distributeur ?

Des prix en recul de 1,2 %...

Nous nous sommes penchés sur cette alléchante annonce, pour étudier les tarifs d’une soixantaine de références piochées dans la liste. Certains tarifs décrochent effectivement : lardons, coquillettes, poisson pané, essuie-tout et pâte brisée voient leurs prix refluer de 11 à 18 %. D’autres, en revanche, continuent à flamber : les aliments pour chats, l’adoucissant ou encore la pizza quatre fromages accusent des hausses de 13 à 18 %. En moyenne, les prix sont bien en baisse de 1,2 % par rapport à février. Mais ils restent en hausse de 11,5 % sur 1 an (par rapport à mars 2022).

Quand le ministre de l’Économie Bruno Le Maire explique que les mesures anti-inflation représenteront, pour les distributeurs, un effort financier de « plusieurs centaines de millions d’euros » (lire l’encadré), ce montant peut sembler impressionnant à première vue. Mais il est à rapporter au chiffre d’affaires moyen de la distribution en France, qui tournait autour de 225 milliards d’euros l’an dernier. Cet effort consenti par les grandes et moyennes surfaces représenterait donc moins de 0,5 % de leur chiffre d’affaires ! Pas de quoi s’extasier…

… sur le quart des achats seulement

Par ailleurs, ces mesures anti-inflation consenties par les enseignes ne sont pas totalement désintéressées. Les distributeurs ne cachent pas leur objectif d’accroître la part de leurs marques de distributeur (MDD) dans le panier des ménages. Les paniers anti-inflation sont un bon outil pour y parvenir : ils contiennent principalement ‒ voire exclusivement, comme chez Intermarché ‒ des MDD. Or, cette volonté de promouvoir leurs marques propres atténue la portée des mesures anti-inflation. En effet, ces MDD représentent seulement un quart des achats des ménages en moyenne. Trois quarts du panier ne sont donc pas concernés par ces mesures. Conséquence, sur un panier moyen de 100 €, la ristourne consentie par Intermarché n’est pas de 1,2 €, mais de… 0,30 € ! Autant dire que l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages restera très marginal.

L’équilibre nutritionnel grand perdant

Enfin, le panier d’Intermarché, à l’instar de celui de Système U, n’est pas un modèle d’alimentation équilibrée. Il contient une sélection d’alcools (bière, whisky, rhum, pastis…) et de sodas, ainsi qu’un choix de bonbons et de gâteaux, mais aucun fruit ou légume frais (excepté des salades en sachet et des betteraves cuites sous vide). Dommage.

Une victoire pour les distributeurs

Après un mois de discussions avec les principales enseignes de la grande distribution, la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire a jeté l’éponge. Le lundi 6 mars, au cours d’une réunion qui ressemblait fort à une opération de communication menée conjointement par Bercy et les enseignes, le gouvernement a officiellement abandonné son idée de panier anti-inflation de 50 produits de base. Pour limiter l’impact de la hausse des prix, il laisse la main aux grandes surfaces.

Les distributeurs peuvent donc s’afficher comme les principaux acteurs de la lutte contre la vie chère, tout en assurant la promotion de leurs MDD. Pour couronner le tout, les enseignes ont également obtenu la réouverture des négociations commerciales avec leurs plus importants fournisseurs dès la fin du trimestre, alors même que ces dernières se sont bouclées le 28 février. Argument : il faut tenir compte de la baisse du coût des intrants, et la répercuter sur les produits. Les fabricants, eux, grincent des dents, en faisant remarquer que les hausses des coûts de production n’avaient pas été entièrement répercutées, loin de là, lors de la flambée des prix.

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