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Perte d’audition

Une application pour les malentendants

Améliorer son audition pour la modique somme de 20 € en installant simplement une application sur son smartphone ? Difficile à imaginer ! C’est pourtant la promesse de PureSound, disponible sur iPhone. Le prix des appareils auditifs (jusqu’à 4 000 €) et la difficulté rencontrée par les utilisateurs pour trouver un réglage optimal (il faut parfois des années !) permettent de douter de ce genre de solution bon marché. Nicolas, hôtelier vosgien de 38 ans qui souffre de problèmes d’audition corrigés par un appareil, a accepté de l’utiliser quelques jours et livre ses premières impressions.

Nicolas est comme les deux tiers des personnes équipées d’appareils auditifs : insatisfait de sa prothèse. En tout cas pas totalement conquis par l’appareil, malgré les progrès technologiques importants qu’a connu le secteur ces dernières années. Les plaintes se concentrent notamment sur les importantes difficultés de réglage et d’adaptation, qui peuvent perdurer bien au-delà des premiers jours d’équipement. Et ceci est d’autant plus dur à accepter que pour s’équiper, les utilisateurs doivent mettre la main à la poche. Les mutuelles proposent des prises en charge de 300 à 499 €, qui viennent s’ajouter aux 120 € remboursés par l'assurance maladie, alors que les appareils peuvent valoir entre 750 et 2 000 €… par oreille. Autant dire que quand nous avons proposé à Nicolas d’essayer pendant quelques jours une simple application mobile pour améliorer son confort d’écoute, un silence chargé de scepticisme s’est installé. Avant de laisser la place à une certaine curiosité. Notre cobaye a donc accepté de se prêter au jeu.

La promesse de PureSound

« PureSound permet aux malentendants légers ou moyens de retrouver une audition de grande qualité en offrant une correction personnalisée. » Voilà comment son concepteur, Raoul Parienti, décrit son application dans l’App Store. Il suffirait de télécharger l’application, vendue 20 €, sur son iPhone, puis de brancher ses écouteurs à son smartphone et de faire un test afin d’identifier son déficit auditif pour « retrouver une audition claire et confortable ». « Nous voulions proposer une alternative aux amplificateurs, qui amplifient de manière linéaire et identiques pour les deux oreilles toutes les fréquences de son indistinctement », explique Raoul Parienti. En outre, cette solution se passe de piles, que les utilisateurs d’appareils auditifs changent chaque semaine pour la majorité d’entre eux (67 % exactement). « Bluffant », « Surprenant », « Excellente application »… Dans l’App Store, les avis des utilisateurs sont enthousiastes, à supposer qu’ils soient réels.

Un bilan étonnant

Nicolas fut le premier surpris : l’application PureSound est, selon lui, intéressante. Certes, elle ne remplacera pas ses appareils auditifs. Mais l’utiliser à l’avenir comme complément dans certaines situations, pourquoi pas. Notre testeur souffre pourtant d’un déficit auditif important, alors que l’application est prévue pour corriger des déficits légers ou moyens (jusqu’à 25 dB). Lors de la première utilisation, un test d’audition sur plusieurs fréquences permet d’évaluer le seuil d’audition pour chaque oreille. « Il est très bien fait, et recrée l’expérience vécue chez l’audioprothésiste avec un casque sur les oreilles. Le résultat obtenu avec PureSound est assez comparable avec mon audiogramme médical ». Une fois calibrée, l’application propose deux modes d’utilisation, « standard » pour corriger tous les sons environnants et « conversation » pour discuter à plusieurs dans un environnement calme. Le microphone du kit mains libres capte les sons puis les retransmet, amplifiés et corrigés à l’aide d’algorithmes, dans les écouteurs. « Le mode standard permet de palper l’ambiance d’un bar, d’entendre les conversations autour. Il ne s’agit pas de curiosité, mais entendre, sans écouter, permet de sentir l’atmosphère propre au lieu. C’est une sensation retrouvée. Mais il ne faut surtout pas parler, parce que le micro capte la voix de l’utilisateur, qui est aussi amplifiée dans les écouteurs à un volume très élevé ! » En fait de kit mains libres, dont le micro se positionne juste devant la bouche, mieux vaut utiliser de simples écouteurs. C’est alors le micro du smartphone qui capte les sons. Nicolas pointe également deux autres défauts. D’abord, l’application ne peut pas tourner en tâche de fond. Autrement dit, impossible d’ouvrir une autre application lorsque PureSound est active. Vous recevez un SMS ? PureSound se coupe. « Une mise à jour viendra prochainement corriger ce problème, annonce Raoul Parienti. Mais notre application a besoin de la puissance du processeur pour fonctionner. Il sera donc possible de téléphoner ou d’envoyer un message en même temps, mais pas de jouer. » Ensuite, l’écran reste allumé en permanence pendant l’utilisation, ce qui a une incidence sur l’autonomie de la batterie.

Lors de la première utilisation, un test d’audition sur plusieurs fréquences permet d’évaluer le seuil d’audition pour chaque oreille. Un audiogramme relativement fiable, d’après notre testeur.

De plus en plus d’applications pour aider sourds et malvoyants

Après les oreilles, les yeux. Quelques mois après PureSound, son éditeur a lancé SmartEyes, qui permet cette fois aux malvoyants et aux non-voyants de lire vocalement un texte imprimé. L’application, vendue 16,99 €, est proposée sous iOS (iPhone) et sous Android (Samsung, HTC, etc.). D’autres applications dédiées aux handicaps visuels et auditifs apparaissent dans les boutiques en ligne, parfois même sans le savoir. Au printemps 2015, lorsque Mateusz Mach, un jeune fan de hip-hop, lance son appli Five, il n’imagine pas qu’il va toucher les personnes malentendantes. À la base, son application permet d’envoyer à ses amis non pas des messages écrits, mais des signes de la main, pour reproduire la gestuelle des rappeurs. Rapidement, les fondateurs reçoivent  flot de messages de sourds depuis les États-Unis et la Pologne (d’où sont originaires les fondateurs). Quelques mois de réflexion et un investisseur plus tard, la jeune pousse entreprend la création d’une application ad hoc, qui devrait être finalisée pour cet été. Elle intégrera d’abord l’ASL (American Sign Language) puis, dans les 6 mois suivants, sera enrichie de 4 à 5 déclinaisons européennes de la langue des signes.

Prévue pour s’échanger des messages sous forme de signes de la main, l’application Five sera bientôt déclinée en langue des signes.
Camille Gruhier

Camille Gruhier

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