ACTUALITÉ
Plantes médicinales

Pas de révolution

La directive européenne qui vient d’entrer en vigueur permet aux médicaments à base de plantes de continuer à être vendus. Les laboratoires doivent seulement fournir un dossier peu contraignant.

« Guérison défendue. Les remèdes naturels que l’Union européenne et les multinationales pharmaceutiques veulent nous interdire. » Sous ce genre de titre accrocheur, les articles alarmistes et autres pétitions ont abondamment circulé sur la Toile ces derniers mois. En cause, l’entrée en vigueur d’une directive sur les médicaments traditionnels à base de plantes. À en croire les lanceurs d’alertes, toute médecine naturelle serait interdite pour le plus grand profit des lobbies de la pétrochimie. En plein scandale du Médiator, l’idée avait de quoi choquer. Sauf que les choses sont un peu moins simplistes que cela.

La directive qui vient d’entrer en vigueur date de mars 2004 : c’est dire qu’il ne s’agit pas d’une surprise pour les professionnels ! Elle avait été édictée pour unifier les conditions de commercialisation des « médicaments traditionnels à base de plantes », trop disparates selon les États. Seuls sont concernés les médicaments, c’est-à-dire des produits vendus uniquement en pharmacie. Le texte ne change rien au commerce des compléments alimentaires (disponibles dans les officines mais aussi, entre autres, dans les magasins bio ou diététiques), ni à celui des plantes en vrac destinées par exemple aux tisanes, décoctions ou inhalations. Enfin, l’homéopathie n’est pas visée non plus.

Régime dérogatoire peu exigeant

Contrairement à ce que pourraient laisser croire les harangues alarmistes, la directive institue un régime dérogatoire peu exigeant, d’autant que les metteurs en marché ont eu 7 ans pour fourbir leurs armes. « L’ancienneté du médicament permet de réduire la nécessité de réaliser des essais cliniques puisque son efficacité est plausible du fait de l’ancienneté de l’usage et de l’expérience », précise le texte. Rien à démontrer donc côté efficacité. Il suffit de prouver que le médicament est utilisé depuis au moins 30 ans, dont 15 dans l’Union. Même chose en ce qui concerne l’innocuité. Les candidats à la mise sur le marché n’ont pas à fournir d’étude clinique spécifique mais une bibliographie ainsi que les données de la pharmacovigilance.

Selon l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), toutes les demandes d’autorisation de mise sur le marché qui lui ont été présentées ont été acceptées. Citons parmi les médicaments plus vendus les Arkogélules (Arkopharma), les Elusanes (Pierre Fabre) ou encore Euphytose (Bayer).

Pas de révolution donc au pays des médecines naturelles. Juste quelques garanties supplémentaires en matière de protection du consommateur. Exiger un minimum de preuves d’efficacité et d’innocuité pour un produit mis sur le marché, quel qu’il soit, paraît la moindre des choses.

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