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Publicité en ligne

Google sanctionné

Après deux années d’enquête, l’Autorité de la concurrence a infligé à Google une sanction de 220 millions d’euros pour avoir favorisé ses propres services dans le secteur de la publicité en ligne. Coopératif, le géant américain s’est engagé à rectifier le tir pour laisser de l’air aux services concurrents.

Mise à jour du 23 juin 2021

La Commission européenne vient d’annoncer qu’elle ouvrait à son tour une enquête sur les pratiques de Google en matière de publicité en ligne. Il s’agit de déterminer si le géant du web a enfreint les règles de l’Union européenne en matière de concurrence en favorisant ses propres services de technologies d’affichage au détriment d’autres prestataires, d’annonceurs et d’éditeurs en ligne concurrents. « Google collecte des données qui seront utilisées en vue d’une publicité ciblée, vend des espaces publicitaires et fournit des services intermédiaires de publicité en ligne [...]. Des conditions de concurrence équitables sont essentielles pour chaque acteur de la chaîne », explique Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence. Aucun calendrier n’est annoncé sur l’issue de la procédure, mais elle pourrait durer des années.

De Google, on connaît bien le moteur de recherche qui guide les internautes dans leur navigation quotidienne sur Internet. Le business de la publicité en ligne est moins visible du grand public, c’est une machinerie complexe, mue par des enchères et des algorithmes, dans laquelle Google sert de passerelle entre les annonceurs, qui souhaitent promouvoir leurs produits, et les sites Internet, qui se rémunèrent en affichant de la pub. Cette activité, qui constitue l’essentiel de son chiffre d’affaires, est vitale pour Google.

Sur ce créneau, le géant californien a su se rendre indispensable à tout l’écosystème. Et selon l’Autorité de la concurrence, il a même été un peu trop loin en favorisant ses propres services au détriment de la concurrence. Saisie par plusieurs médias ‒ News Corp., Rossel La Voix et Le Figaro (1) ‒ et après 2 ans d’enquête, l’Autorité de la concurrence a donc sanctionné le groupe à hauteur de 220 millions d’euros. « L’Autorité a constaté que Google a accordé un traitement préférentiel à ses technologies propriétaires proposées sous la marque Google Ad Manager […]. Les pratiques en cause sont particulièrement graves car elles ont pénalisé les concurrents de Google sur le marché des SSP [Sell Side Platform, l’organisation du système d’enchères, ndlr] et les éditeurs de sites et d’applications mobiles », explique le régulateur.

Interopérabilité avec les autres plateformes

Google n’a pas contesté les faits. Outre la transaction financière, qui représente 0,48 % de son chiffre d’affaires du premier trimestre 2021 (2), Google s’est même engagé à rectifier le tir, et ce « bien qu’il soit convaincu d’exercer une concurrence par les mérites », comme il l’explique sur son blog officiel. La firme compte rendre ses services Google Ad Manager plus interopérables avec les solutions tierces de serveurs publicitaires et de plateformes de mise en vente d’espaces publicitaires, mais aussi cesser les pratiques qui la favorisaient. Ces modifications interviendront dans les prochains mois, et à l’échelle mondiale pour certaines. Pas sûr qu’elles changent la donne sur le marché de la publicité en ligne, mais Google ne pourra plus se le voir reprocher…

(1) Le Figaro s’est désisté de la procédure en novembre 2020.

(2) La maison mère de Google, Alphabet, a réalisé un chiffre d’affaires de 55,3 milliards de dollars (soit 45,2 milliards d’euros) au 1er trimestre 2021.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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