Cyril Brosset
Une société entre rébellion et perquisition
Coup sur coup, la Société française d’assurance multimédia (SFAM) a dû faire face à une fronde de ses salariés et à un contrôle de la Répression des fraudes. Pas de quoi pour autant pousser le courtier en assurances à revoir ses méthodes commerciales pourtant peu recommandables.
Après avoir dû régler une amende de l’ordre de 10 millions d’euros et alors qu’il fait face à une insatisfaction grandissante de ses clients, le courtier en assurances doit aussi affronter la fronde de ses salariés. Lassés de la manière dont ils sont traités, une partie d’entre eux s’est mise en arrêt maladie ou a demandé à bénéficier d’une rupture conventionnelle. Ils en ont surtout assez d’être mis sous pression par leur hiérarchie pour faire signer un maximum de contrats à des clients qui n’en veulent pas forcément et, pour certains d’entre eux, de ne pas avoir touché la totalité des primes qui devaient leur être versées.
La société a aussi eu droit, le 24 septembre dernier, à une descente de la Répression des fraudes (DGCCRF). Au petit matin, une quinzaine d’agents du Service national des enquêtes (SNE) ont débarqué au siège de la SFAM à Romans-sur-Isère (26) pour y effectuer des contrôles. Selon nos informations, ils en seraient repartis au bout de plusieurs heures avec des documents sous les bras. Fidèle à ses habitudes, la SFAM a tenté de minimiser l’événement. Cet épisode « fait partie des contrôles réguliers exercés par le SNE sur notre activité, comme sur l’activité de l’ensemble de nos concurrents », a écrit la direction à ses salariés dans un message que nous avons pu nous procurer. Dans la foulée, les managers ont fait le tour des services pour tenter de rassurer les employés. « Ils sont venus fanfaronner, nous expliquant que les "cow-boys" – c’est leur terme – de la DGCCRF avaient eu beau chercher, ils n’avaient rien trouvé », précise un salarié. Et pour cause, des cartons de documents compromettants auraient été déménagés dans les jours et les heures précédant les contrôles.
Ces diverses péripéties pourraient pousser la SFAM à rentrer dans le rang. Il n’en est rien. « Depuis l’amende, nous avons bien modifié nos pratiques, mais au final, on signe encore plus de contrats qu’avant, assure un salarié. L’une des techniques actuelles, par exemple, consiste à offrir aux gens un téléphone qu’ils doivent venir retirer en magasin. Or, le simple fait de signer le bon de réception les abonne automatiquement à 4 ou 5 services différents et autant de prélèvements. » Pour recruter de nouveaux clients, la SFAM n’a jamais manqué d’imagination. Elle le prouve encore.