Morgan Bourven
Sites de paris sportifsLes signes qui doivent vous alerter
Le PDG du site de paris sportifs PronoClub a été mis en examen et écroué mi-septembre. Il est soupçonné d’avoir escroqué plusieurs centaines de joueurs, pour un montant qui pourrait atteindre plusieurs millions d’euros. Il convient d’être prudent face aux autres sites du même acabit.
Il est déjà surnommé le « Madoff des paris sportifs ». Le fondateur de PronoClub, qui se présente comme « la plateforme numéro 1 en France de conseils et formations en paris sportifs », est accusé « d’escroquerie commise en bande organisée », de « blanchiment aggravé » et de « pratiques commerciales trompeuses ». Il a été arrêté après une enquête du Service central des courses et jeux, qui l’accuse d’avoir escroqué plusieurs centaines de personnes. « Depuis la fin du mois d’août, le parquet de Nanterre a reçu environ 200 plaintes de particuliers concernant ces faits et continue à en recevoir presque quotidiennement », a expliqué le parquet de Nanterre, mi-septembre.
Pour les victimes, il n’y a désormais d’autre choix que d’attendre que la justice suive son cours. Les autres internautes doivent, eux, être très prudents face à ces sites Internet, qui seraient une cinquantaine selon l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Tour d’horizon des éléments à vérifier.
Vérifier si l’activité est légale
PronoClub proposait à ses clients un service de « copy-betting », dans lequel les utilisateurs pouvaient placer de l’argent pour laisser des « pronostiqueurs » réaliser les paris sportifs à leur place. Problème : cette activité est illégale en France, tout comme le fait « d’affirmer d’un produit ou d’un service qu’il augmente les chances de gagner aux jeux d’argent et de hasard » (article L. 121-4 15° du Code de la consommation).
Se méfier des promesses trop belles pour être vraies
PronoClub faisait miroiter à ses utilisateurs un « retour sur investissement de 10 % mensuel minimum ». Un gain « garanti ». Or, dans le cas des jeux d’argent et des paris sportifs, un gain « garanti » n’existe pas ! De telles allégations doivent vous alerter, car elles sont typiques des pyramides de Ponzi, un schéma de duperie financière dans lequel l’argent investi par de nouveaux venus est utilisé pour rémunérer les premiers investisseurs.
Ne pas croire sur parole les influenceurs (et même la télévision)
PronoClub, comme la plupart des services de « tipsters » (pronostiqueurs), a basé une grande partie de sa communication sur les réseaux sociaux. Dans une enquête du Parisien, l’ex-candidat de Koh-Lanta, Dylan Thiry, témoigne : « Les pronos, c’est la proposition que les influenceurs hommes reçoivent le plus, avec la cryptomonnaie. » Le journal explique d’ailleurs que certains pronostiqueurs ont même intérêt à ce que leurs recrues perdent leurs paris puisqu’ils sont commissionnés sur leurs pertes…
Si la prudence est de mise dès lors qu’une communication vient d’un influenceur – qu’il s’agisse de la promotion d’un produit ou de services – elle l’est aussi lorsque la communication se fait plus institutionnelle. PronoClub s’était ainsi offert une vaste campagne de publicités à la télévision, ce qui a crédibilisé le site auprès de nombreuses victimes, avant que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ne siffle la fin de la partie fin juillet 2021 en reconnaissant que de telles publicités constituent des pratiques commerciales trompeuses.
Plonger dans les conditions générales d’utilisation et mener une petite enquête
Avant de confier vos économies à un site Internet, quel qu’il soit, pensez à vérifier ses conditions générales d’utilisation (CGU) ou de vente (CGV). Un manque d’informations ou des informations trop floues doivent vous mettre la puce à l’oreille. N’hésitez pas également à effectuer des recherches sur les sites, voire sur le secteur : début 2021, plusieurs sites Internet spécialisés appelaient à se méfier de PronoClub. Et avant l’Euro de football, l’ANJ avait déjà saisi les autorités administratives et judiciaires compétentes des pratiques commerciales trompeuses de certains sites de pronostiqueurs.