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TiquesL’encéphalite à tiques, encore rare mais en expansion

Elsa Casalegno

par Elsa Casalegno

Le virus de l’encéphalite à tiques est une maladie encore rare, transmise par certaines tiques. Néanmoins, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alerte sur une expansion de la zone d’infestation, et constate l’apparition de nouveaux modes de transmission. Quelques cas de contamination via du lait cru ou des fromages au lait cru ont été signalés depuis 2020.

Pas d’affolement, mais une inquiétude qui monte parmi les spécialistes de cet acarien. L’encéphalite à tiques est une maladie causée par un virus transmis par certaines tiques (du genre Ixodes). Une trentaine de cas sont recensés chaque année. Parmi eux, « 10 à 30 % développent des symptômes, généralement pseudo-grippaux, explique Elsa Quillery, co-coordinatrice d’une expertise menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), publiée le 8 juillet 2025. Parmi ces personnes, 20 à 40 % présentent des signes neurologiques de type méningite, qui peuvent entraîner des séquelles à long terme et une perte d’autonomie. » Coût estimé : 3 millions d’euros.

Extension de la zone contaminée

Or, le nombre de cas est en hausse, en France et plus globalement en Europe (où plusieurs milliers de cas sont recensés chaque année), avec une extension de la zone géographique : autrefois cantonnés à l’Alsace, des malades sont désormais signalés dans d’autres régions. L’Anses signale aussi de nouveaux modes de transmission, via les produits laitiers au lait cru. Un premier foyer, lié à la consommation de fromage au lait cru, a été signalé en 2020. En effet, les tiques contaminent les animaux d’élevage en les piquant, et le virus peut alors passer dans leur lait.

« Le lait cru et les produits laitiers à base de lait cru de chèvre semblent présenter plus de risques de transmission que les produits laitiers issus d’autres animaux, prévient l’Anses. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la plus concernée par ce risque, en raison de la circulation avérée du virus et du nombre élevé d’élevages de chèvres ayant un accès fréquent à l’extérieur. » L’Anses recommande donc de mieux surveiller ce virus, en surveillant les tiques, mais aussi les animaux comme les chèvres, vaches et chevreuils, et les produits laitiers, « afin de mieux connaître les zones infestées et y déployer les mesures de prévention adaptées ».

Une dissémination encore mal expliquée

Pourquoi le virus de l’encéphalite à tiques se répand-il désormais dans toute la France (excepté le pourtour méditerranéen) ? Les scientifiques émettent plusieurs hypothèses : fragmentation du paysage, qui entraîne plus de contacts des animaux et des humains avec les tiques ; fréquentation accrue des forêts. En revanche, le dérèglement climatique ne semble pas jouer un rôle prépondérant.

Précautions à prendre : vêtements longs et inspection

Les personnes les plus exposées aux piqûres de tiques sont les éleveurs et les forestiers. Mais les promeneurs doivent également prendre quelques précautions lors des sorties en forêt. Portez de préférence des vêtements longs, et n’oubliez pas de vous inspecter au retour de telles excursions !

Aider la recherche sur les virus des tiques

Le programme Citique, lancé par l’Inrae en 2017, est un bel exemple de science participative. Une application à télécharger sur smartphone permet de signaler des piqûres de tiques, avec la localisation, et d’envoyer une photo. Pour aider les chercheurs à identifier les virus transmis par ces arthropodes, vous pouvez aussi expédier la tique par voie postale au laboratoire de l’Inrae à Nancy, qui mène ces recherches. Le processus à suivre est expliqué sur l’appli.

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