ACTUALITÉ

AntimoustiquesQue valent les répulsifs naturels ?

PV

par Perrine Vennetier

Les répulsifs à base de substance active naturelle sont une alternative séduisante aux produits de synthèse. Mais tous ne se valent pas.

Chaque été, les craintes reviennent : va-t-on encore subir les assauts de hordes de moustiques ? Et comment se protéger efficacement de leurs piqûres ? Dans un contexte de recrudescence des moustiques tigres en France hexagonale et d’expansion en zone tempérée des maladies transmises par cette espèce, comme la dengue, la question ne relève plus simplement du confort mais aussi de la santé.

À la perspective de devoir s’enduire très régulièrement de répulsif, de nombreux consommateurs aspirent à des solutions naturelles. Les fabricants ne s’y trompent pas et proposent des gammes parées d’étiquettes de couleur verte ou de mentions comme « actif d’origine végétale » ou « d’origine naturelle ». « D’origine » seulement, car pour être vraiment actives, les huiles de plantes ne sont pas utilisées telles quelles mais doivent être transformées chimiquement. Les marques entretiennent parfois cette confusion en ajoutant aussi des huiles essentielles à leur répulsif. Voici quelques clés pour se repérer.

Guide d’achat - Bien choisir son produit antimoustique

Huile d’eucalyptus citronné : la référence

Un grand nombre de répulsifs « naturels » intègrent de l’huile d’eucalyptus citronné ou eucalyptus citriodora oil. Cette plante comporte une substance répulsive, le PMD (p-menthane-3,8-diol), très efficace et officiellement autorisée. Mais la teneur est naturellement faible.

Pour en augmenter la concentration, l’huile d’eucalyptus citronné est donc hydro-distillée, ce qui transforme un autre de ses composants (le citronnellal) en PMD. Vérifiez donc que la mention « hydrated cyclized », qui indique cette transformation, ou que le nom commercial (citriodiol) figure bien dans la liste des ingrédients. Il ne faut pas confondre avec l’huile essentielle d’eucalyptus citronné dont la composition est différente et l’efficacité bien moindre.

Dans nos tests de répulsifs antimoustiques, les produits à base d’eucalyptus citriodora oil se révèlent souvent efficaces avec des durées de protection allant jusqu’à 7 h. Mais certains produits déçoivent avec parfois seulement 30 minutes de protection. La formulation du produit joue donc un rôle important. Attention : des risques d’irritation cutanée, d’allergie ou de photosensibilisation existent.

Bon à savoir On trouve également de l’eucalyptus citriodora oil dans les diffuseurs électriques utilisés à l’intérieur.

Présence de la mention « hydrated cyclized » sur l’étiquetage d’un répulsif.

Huile de citronnelle de Java : pourquoi pas

Plus récemment, un autre ingrédient est apparu dans les répulsifs antimoustiques naturels : l’huile de citronnelle de java ou Cymbopogon winterianus oil. Elle est naturellement riche en citronellal, géraniol et citronellol qui sont des substances actives répulsives mais dont l’efficacité se dissipe rapidement. Dans les répulsifs, cette huile est donc modifiée pour obtenir, comme avec l’eucalyptus citronné, du PMD. Vérifiez là encore la présence des mentions « hydrated cyclized », « PMD Rich Botanic Oil » ou le numéro CAS : 42822-86-6. Encore peu de produits en intègrent, il est donc difficile de tirer des conclusions fermes concernant l’efficacité, qui varie visiblement selon la formulation.

Ce répulsif affiche bien la mention « PMD Rich Botanic Oil ».

Huiles essentielles : trop volatiles !

Au rayon nature, de très nombreuses plantes et huiles essentielles sont proposées, seules ou en mélange : citronnelle (la plus connue !), lavandin, neem (une plante indienne), géranium, eucalyptus citronné, et bien d’autres. Ce n’est pas illogique : les plantes développent naturellement des substances pour se défendre contre les insectes qui les mangent, des substances qui peuvent aussi éloigner les insectes qui nous piquent comme les moustiques. Le problème : elles ne tiennent pas. La durée d’efficacité est très courte, souvent moins de 20 minutes à 1 heure, trop courte donc pour être protégé. D’ailleurs, ces produits n’ont pas le droit de se targuer de propriétés répulsives. Ils contournent d’ailleurs discrètement le système en affichant sur leur site le simple terme de « moustique » ou des périphrases évocatrices comme « tranquillité tout l’été ».

Sur ce produit, l’allégation rassurante mais sans garantie d’efficacité : « Pour un été en toute tranquillité ».

DEET : jouez la sécurité en zone à risque

Dans les zones tropicales où les moustiques sont susceptibles de transmettre des maladies comme le paludisme, la dengue, le chikungunia ou zika, un répulsif de synthèse peut être préférable. Contrairement aux répulsifs à base de substances naturelles dont l’efficacité varie fortement selon la formulation, les produits à base de DEET ont l’avantage de la constance : ils sont très efficaces et ce, d’autant plus longtemps qu’ils sont concentrés (jusqu’à 50 %). Le DEET présente des inconvénients : il fait fondre les matières plastiques (textiles synthétiques, branches de lunettes) et est irritant pour la peau et les yeux. Mais il n’est pas toxique pour l’humain aux doses recommandées, sa sécurité ayant été établie avec un recul d’utilisation de 70 ans. 

Les autres méthodes non chimiques

Quand on souhaite se passer de chimie, il est parfois bon de faire appel à des méthodes mécaniques. Pour qui veut se protéger des moustiques naturellement, voici quelques conseils.

  • Installez une moustiquaire au-dessus de votre lit, en veillant à la prendre de bonne taille pour qu’elle ne s’ouvre pas pendant la nuit (auquel cas, on est coincé avec le moustique et c’est un festin assuré pour lui !). Un simple crochet suffit. Les moustiquaires imprégnées sont désormais déconseillées. Dans les régions où les moustiques sévissent beaucoup, des moustiquaires aux fenêtres s'envisagent sérieusement.
  • Approchez le ventilateur : le flux d’air perturbe le vol du moustique.
  • Prenez régulièrement des douches et évitez le parfum pour vous rendre moins attirant ‒ olfactivement parlant ! ‒ pour les moustiques.
  • Portez des vêtements couvrants, jusqu’aux chevilles et poignets, de préférence de couleur claire (pour la chaleur).
  • Profitez de la climatisation. Bien que celle-ci n’ait pas une efficacité totale, elle engourdit le moustique. C’est en dessous de 18 °C que le moustique tigre se fige, mais cette température n’est pas raisonnable compte tenu des recommandations de modération (5 °C d’écart avec l’extérieur) en matière de climatisation, cette dernière participant en effet au réchauffement climatique qui lui-même favorise… la prolifération des moustiques.
  • Oubliez les appareils à ultrasons, les lampes à UV, les bracelets, les bougies parfumées, les raquettes électriques, etc. Tout cet arsenal ne marche pas.
PV

Perrine Vennetier

Lire aussi

Soutenez-nous, rejoignez-nous

La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir

image nous soutenir

Newsletter

Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus

image newsletter