Cyril Brosset
Une charte à portée limitée
Réseaux sociaux, moteurs de recherche et associations se sont mis d’accord pour faciliter l’accès des internautes à leurs données personnelles (coordonnées, photos, vidéos…). Cette initiative franco-française risque de n’avoir que peu d’effet, à moins de convaincre les géants du Web américains.
Mettre ses photos en ligne, c’est bien. Pouvoir les supprimer à tout moment et être certain qu’elles ne réapparaissent jamais, c’est encore mieux. C’est même un droit, prévu par la loi du 6 janvier 1978 sur les données personnelles. Pourtant, avec l’avènement des réseaux sociaux et des moteurs de recherche, il est devenu particulièrement difficile de gérer ses informations personnelles diffusées sur Internet.
Le secrétariat d’État à l’économie numérique a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Après 1 an de discussions, Nathalie Kosciusko-Morizet vient de faire signer une charte de bonne conduite à plusieurs acteurs du Web. Des réseaux sociaux (Trombi.com, Viadeo, Copains d’avant…), des sites de blogs (Skyrock…) et des éditeurs de moteurs de recherche (Microsoft et Pagesjaunes) se sont engagés à gérer de manière plus transparente les données personnelles qu’ils collectent. Principale mesure : les signataires s’engagent à mettre à la disposition de leurs utilisateurs des outils permettant d’accéder facilement aux informations les concernant, de pouvoir les modifier ou les supprimer en quelques clics. La procédure de fermeture d’un compte doit aussi être simple. Des partenariats devront également être tissés entre les professionnels afin qu’une information supprimée sur un réseau social n’apparaisse plus dans les pages de résultats des moteurs de recherche, comme c’est le cas actuellement.
Les signataires s’engagent par ailleurs à mieux contrôler l’âge réel des nouveaux inscrits (de manière à éviter que des mineurs ne mentent sur leur âge), à mener des actions de sensibilisation sur les conséquences de la publication de données privées et à mieux informer leurs utilisateurs sur leur politique en matière de protection de la vie privée.
Facebook, Twitter, Google…
De telles mesures devraient faciliter la vie des internautes. Néanmoins, les acteurs le reconnaissent eux-mêmes : cette charte ne résoudra pas tout. Rien n’empêchera un tiers malveillant d’enregistrer une photo sur son ordinateur pour la diffuser ultérieurement ni de se faire passer pour son voisin. Surtout, l’intérêt d’une telle charte restera limité tant que Facebook, Twitter, Google et les autres géants du secteur ne l’auront pas signée. Pourtant, Nathalie Kosciusko-Morizet le promet : ces géants du Web ont bien été approchés. Mieux, certains d’entre eux seraient sur le point de la signer. « Il reste quelques points à régler, mais ils devraient nous rejoindre », assure la secrétaire d’État. En fait, charte française ou pas, les géants américains du Web se disent de plus en plus sensibles aux craintes de leurs utilisateurs concernant les données personnelles, et devraient multiplier les mesures dans ce sens. À quel horizon ?