CONSEILS
Covid-19

Comment réagir face à la perte d’odorat ?

Symptôme très fréquent du Covid-19, la perte de l’odorat (anosmie) entraîne des conséquences de tous ordres. Nos conseils pour y faire face.

Avec la fièvre, les signes respiratoires, les maux de tête et la fatigue, la perte de l’odorat fait partie des symptômes les plus courants chez les personnes atteintes de Covid-19. Si ce signe apparaît de façon isolée, il y a de fortes chances pour que vous soyez porteur du SARS-CoV-2. Redoublez de vigilance vis-à-vis de votre entourage et faites-vous tester.

S’il s’accompagne d’autres symptômes, il faut mettre toutes les chances de votre côté pour combattre la maladie. Cela passe par une alimentation variée et équilibrée, riche notamment en fruits et légumes. Or, ne plus rien sentir peut être facteur de perte d’appétit car les plaisirs de la table sont très liés à l’odorat : si le sucré, le salé, l’acide, l’amer et l’umami (1) sont perçus par la langue, c’est bien le système olfactif qui nous permet de reconnaître les autres arômes, via un mécanisme appelé rétro-olfaction. Pour ne pas vous laisser aller à la déprime gastronomique, concentrez-vous sur ce que vous percevez encore : les cinq saveurs de base, la température et la texture des aliments. Une clémentine est sucrée, acide et juteuse ; un gratin de légumes, croquant et moelleux, réchauffe agréablement, etc. 

Pour recouvrer son odorat, inutile de se tourner vers les médicaments, du moins en automédication. Les corticoïdes, parfois prescrits pour combattre les anosmies d’origine autre que virale (dues à une sinusite ou une polypose par exemple) n’ont pas, jusqu’à présent, montré d’efficacité lorsqu’elles sont dues à un virus. Un essai est en cours pour déterminer s’ils pourraient avoir un intérêt pour les cas liés au Covid-19 et dans quelles conditions.

Retrouver l’odorat grâce à la rééducation olfactive

En revanche, si l’odorat ne revient pas au bout de deux à trois semaines, il faut entreprendre sans attendre une rééducation olfactive par ses propres moyens. Il a été démontré bien avant l’épidémie de Covid-19 que chez des patients ayant perdu l’odorat au cours d’un épisode infectieux, le fait de s’entraîner à percevoir les odeurs était bénéfique : plusieurs études comparant des personnes ayant suivi une rééducation olfactive à d’autres s’en étant abstenues montrent une différence significative. Sur les modalités précises de cette rééducation, peu de choses sont véritablement étayées scientifiquement. « Il est difficile de quantifier l’efficacité des différentes méthodes car on ne sait pas bien mesurer les troubles de l’olfaction, ni leur amélioration, explique le docteur Jean-Marc Juvanon, otorhinolaryngologiste et porte-parole de la Société française d’otorhinolaryngologie. Le fait de sentir plus ou moins une odeur reste très subjectif. De plus, pour évaluer de façon suffisamment exhaustive une amélioration, il faudrait tester de très nombreuses senteurs. Car on peut très bien, par exemple, être anosmique à la truffe et parfaitement détecter l’odeur de café. » Deux points font cependant consensus : plus on se met tôt à la rééducation, et plus on la poursuit longtemps, meilleurs sont les résultats.

Quelles odeurs choisir pour s’entraîner ?

Lors de l’étude pionnière, menée en 2009 par une équipe allemande, les chercheurs ont utilisé de la rose, de l’eucalyptus, du citron et du clou de girofle. L’association Anosmie.org, qui met à la disposition du public un protocole sur son site, y ajoute du café et de la menthe poivrée. De son côté, le Centre de recherche en neurosciences de Lyon, qui travaille sur la rééducation olfactive depuis plusieurs années, propose une marche à suivre moins strictement encadrée, qui permet de piocher dans ce qu’on a sous la main, tout en veillant, c’est important, à varier les senteurs. On choisira donc à la fois :

  • des produits à l’odeur fruitée (fruits écrasés, confitures, jus, écorce d’agrume) ;
  • épicée et herbacée (le placard à épices et les réserves de tisane feront l’affaire) ;
  • piquante (vinaigre, poivre, moutarde, oignon ou ail fraîchement haché) ;
  • des produits cosmétiques ;
  • et enfin d’autres odeurs typées (fleurs odorantes, café, fromage à température ambiante, pain grillé, allumette brûlée, etc.).

Au fil des semaines, il est bon de varier les produits au sein de chaque famille. Les huiles essentielles peuvent constituer un bon support, pour autant qu’on ne soit pas allergique. Pour mettre au défi l’odorat, il peut être pertinent de les diluer mais pas au point de ne plus rien sentir, ce qui risquerait de décourager la poursuite de la rééducation.

S’entraîner deux fois par jour

En pratique, il est conseillé de s’entraîner au moins deux fois par jour, au calme, à distance des repas. On respire une odeur en se concentrant bien et on fait une pause entre chacune. En aveugle ou pas ? Deux écoles coexistent. Pour Jean-Michel Maillard, anosmique à la suite d’un accident et président de l’association Anosmie.org, l’information visuelle peut parasiter le travail du nez. « La démarche pertinente est de se concentrer sur l’odeur, savoir si on sent quelque chose, puis faire appel à sa "bibliothèque olfactive" pour l’identifier. Ce n’est qu’une fois qu’on est sûr de soi que l’on vérifie. » Et pourtant l’équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon a montré que la rééducation était plus efficace si l’on regarde l’image et le nom du produit en même temps qu’on le renifle. Cette étude menée sur un petit nombre de patients mériterait cependant d’être répliquée pour s’assurer que ses conclusions sont solides. « Nous avons aussi entrepris une recherche en collaboration avec des kinésithérapeutes pour cerner l’importance de la respiration dans la rééducation, explique Camille Ferdenzi-Lemaitre, chercheuse au sein de ce centre. Car il est bien connu que certaines odeurs sont mieux perçues lorsque l’inspiration est rapide et intense et d’autres lorsqu’elle est lente et douce. C’est une question de propriétés physicochimiques des composés odorants. »

L’étude ayant dû être ajournée à cause de la pandémie, rien n’empêche, dans l’attente des résultats, de tester les deux types d’inspiration pour chaque odeur.

Rééducation lente et progressive

Dernier conseil : il faut s’armer de patience car la récupération est souvent lente et progressive. Les protocoles s’étalent en général sur douze semaines, parfois davantage. Pour faciliter l’observance, l’équipe lyonnaise tente de convaincre les autorités de santé que la rééducation olfactive pourrait être prescrite par les médecins et accompagnée par les kinésithérapeutes et les orthophonistes, habitués à pratiquer des rééducations. Elle espère pouvoir compter, pour obtenir gain de cause, sur la période actuelle où la multiplication des cas d’anosmie a mis en lumière l’importance dans nos vies de ce sens pourtant négligé, l’odorat.

Écartez les dangers immédiats

L’odorat sert aussi à nous avertir de certains dangers. Pour ceux qui vivent seuls en particulier, perdre ce sens peut donc s’avérer risqué. Si c’est votre cas, vérifiez que les piles de votre détecteur d’incendie fonctionnent. Si vous utilisez du gaz pour votre chauffage ou en cuisine, au cas où votre anosmie se prolongerait, investissez dans un détecteur de gaz. Notez la date d’ouverture des produits alimentaires périssables et ne les laissez pas ouverts trop longtemps. Pensez à aérer régulièrement toutes les pièces.

(1) Saveur présente notamment dans certains plats mijotés ou préparations fermentées.

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