Analyses sans habilitation

Lors de contrôles effectués entre 1995 et 1998, l'Inspection régionale de la pharmacie de Nancy découvre de drôles de pratiques dans les établissements Paul Behr, laboratoire d'analyses médicales, à Sarreguemines (57). Cinq employés, formés sur le tas, avaient procédé à des prélèvements sanguins à domicile, un acte en principe réservé aux infirmiers diplômés. Il leur arrivait même de faire des prises de sang dans des chambres d'hôtel louées à cet effet ou dans des salles communes mises à disposition par une mairie, dans le cadre d'un programme de médecine organisé au profit des Mutuelles sociales agricoles départementales. Deux techniciens ont même reconnu avoir effectué des frottis vaginaux qui, normalement, n'auraient dû être réalisés que par un médecin gynécologue ou par Paul Behr, le directeur du laboratoire. Il est même arrivé qu'un des employés paraphe des résultats d'analyses sans aucune habilitation. Enfin, il était fréquent que Patrick Behr, pharmacien dont l'officine était située juste en face du laboratoire, vienne se livrer à des prélèvements dans l'établissement de son père. Or, la loi interdit ce cumul de fonctions. Les irrégularités étaient suffisamment nombreuses et graves pour que la justice soit saisie. En 2002, le tribunal correctionnel de Sarreguemines avait condamné à des peines d'amende Paul Behr, son fils Patrick et ses employés. Des sanctions pour partie confirmées par la cour d'appel de Metz. L'ancien gérant (le laboratoire Behr a depuis été revendu et a changé de nom) a été condamné à un mois de prison avec sursis et 8000 euros d'amende, son fils à 1200 euros d'amende et les employés ont été reconnus coupables mais dispensés de peine. L'UFC-Que Choisir de Moselle-Est, partie civile à l'affaire dans l'intérêt collectif des consommateurs, a obtenu 1500 euros de dommages-intérêts.