
par Elsa Casalegno
par Elsa Casalegno
Neuf colorants dérivés du pétrole vont être interdits aux États-Unis d’ici la fin de l’année 2026. Les industriels des produits laitiers et des glaces ont annoncé leur intention de s’y conformer. L’Union européenne va-t-elle suivre cet exemple ? Ce serait une bonne chose : si 3 des additifs concernés sont déjà proscrits, 6 autres sont autorisés. Or, ils sont problématiques pour la santé.
Les industriels laitiers américains le claironnent : ils vont éliminer les couleurs artificielles dans les produits laitiers destinés aux repas dans les écoles américaines. En réalité, ils n’ont pas vraiment le choix : le gouvernent fédéral a annoncé le 22 avril son intention d’éliminer 9 colorants alimentaires dérivés du pétrole d’ici la fin de l’année 2026, en raison des risques suspectés sur la santé, tels que le diabète, l’obésité, la dépression ou l’hyperactivité. Cette décision américaine est d’autant plus savoureuse que le ministre américain de la Santé, Robert F. Kennedy, déclare le faire au nom d’une « science de référence » (« gold standard science »), quand, dans le même temps, l’administration de Donald Trump détruit méthodiquement les filières scientifiques américaines.
Parmi ces 9 substances, 3 ne sont pas autorisées dans l’Union européenne (1). En revanche, les 6 autres le sont, et parmi elles, 5 sont classées rouges dans l’évaluation réalisée par Que Choisir (en accès libre).
Voici les 9 colorants ciblés.
Pour autant, la Food and Drug Administration (FDA, agence publique chargée de la sécurité des aliments et des médicaments) n’interdira pas ces additifs à proprement parler, du moins pas tous. Concernant le Citrus Red 2 et l’Orange B, une révocation de leur autorisation devrait intervenir dans les prochains mois. Le Red 3 a été interdit à l’horizon 2027-2028 par l’administration Biden, et la FDA demande aux industriels d’avancer son éviction à 2026. Mais pour les 6 autres colorants, la FDA annonce « travailler avec les industriels pour les éliminer des denrées d’ici la fin de l’an prochain », dans une démarche d’engagement « volontaire ».
Si les fabricants de crèmes glacées ont annoncé leur intention de remplacer ces colorants par d’autres, d’origine « naturelle », les industriels laitiers, eux, pensent ne travailler que sur les aliments livrés aux cantines. Ils sont d’ailleurs sous la pression de plusieurs États des USA : cinq d’entre eux – l’Arizona, la Californie, l’Utah, la Virginie et la Virginie occidentale – ont légiféré pour en interdire l’usage en restauration scolaire, et d’autres pourraient suivre.
Quid de leur utilisation en Europe ? Sollicitée, la Commission nous a répondu que « la législation de l’UE garantit une utilisation sûre et technologiquement justifiée des additifs alimentaires », ces derniers faisant l’objet « d’une surveillance continue, et leur sécurité est réévaluée chaque fois que nécessaire ». Les colorants ont été réévalués entre 2010 et 2015, et il n’est pas prévu à ce jour d’y revenir. Mais l’interdiction américaine pourrait inciter les industriels à accentuer leurs efforts de « nettoyage » de leurs recettes pour utiliser des alternatives moins nocives.
(1) La liste des additifs est une liste « positive » : seules les substances autorisées peuvent être utilisées, les autres sont proscrites de fait.
Elsa Casalegno
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