ACTUALITÉ

Airbags TakataVos questions, nos réponses

YM
Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

par Yves Martin, Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

Le feuilleton à rallonge des airbags Takata n’en finit pas, mais peut-être voit-on le bout du tunnel. Les mises en demeure et plaintes de l’UFC-Que Choisir semblent en effet avoir, enfin, fait réagir le gouvernement. Reste que de nombreuses zones d’ombre subsistent pour les propriétaires de voitures équipées de ces airbags défectueux, surtout avant les grands départs en vacances.

Il aura fallu des mises en demeure, des demandes réitérées de mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire, deux plaintes de notre association en janvier puis en mai 2025 (1), la préparation d’une action de groupe par l’UFC-Que Choisir (2) et un nouvel accident mortel le 11 juin dernier à Reims pour que les choses bougent enfin. Ainsi, dans un communiqué publié le 24 juin, Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, a annoncé deux mesures supplémentaires. À savoir le lancement par les constructeurs d’un rappel général de tous les véhicules équipés d’airbags Takata dits « à risque », quel que soit leur âge, sur l’ensemble du territoire, ainsi que l’extension de la procédure « stop drive » (avis d’immobilisation) à tous ceux équipés de ces mêmes airbags à risque dans des zones chaudes et humides (DROM et Corse), ainsi qu’aux véhicules les plus anciens (modèles fabriqués jusqu’en 2011) en métropole hors Corse.

Des demandes qui font suite à la mise en place d’obligations pour les constructeurs en avril 2025 assujetties à des sanctions financières. Sachant que la dangerosité des airbags Takata est connue depuis 2013, il serait en effet grand temps que les constructeurs et les pouvoirs publics agissent efficacement pour la sécurité des consommateurs. Si le ministre promet désormais aux automobilistes d’imposer aux constructeurs des délais de réparation et la fourniture de « solutions de mobilité jusqu’au remplacement du ou des airbags concernés », l’arrêté ministériel n’est toujours pas publié à l’heure où nous écrivons ces lignes. Tentative de réponses aux principales questions à date.

Comment savoir si ma voiture est concernée ?

Tous les exemplaires d’un même modèle (année/marque/modèle) ne sont pas forcément équipés d’airbags Takata. Aussi, en théorie, si vous n’avez pas reçu de lettre de rappel ou d’avis de « stop drive », vous ne devriez pas l’être. Toutefois, tous les constructeurs n’ont pas forcément procédé à l’envoi de courriers et certains ne sont pas parvenus à leur destinataire.

Pour s’en assurer, vous pouvez donc vous rendre dans un garage de la marque pour vérification. Vous pouvez aussi vous connecter sur le site officiel qui a été mis en ligne (https://www.ecologie.gouv.fr/rappel-airbag-takata) début janvier 2025. Régulièrement actualisé, il doit permettre, en théorie, à tous les automobilistes de savoir si leur véhicule est concerné. Pour ce faire, il faut se munir du certificat d’immatriculation et relever le numéro VIN composé de 17 caractères (case E). Vous serez redirigé vers le site du constructeur et sa page de rappel dédiée.

Est-ce que seules les Citroën C3 et les DS3 sont concernées ?

Non, de nombreux constructeurs sont concernés. Exception notable, Renault et Dacia, qui n’auraient jamais équipé leurs modèles d’airbags Takata. Avec près de 30 marques pour environ 130 modèles, ce seraient, au final, 2,5 millions de voitures circulant en France qui sont affectées par ce problème. Si on parle aujourd’hui particulièrement des Citroën C3 et DS3, c’est qu’elles se sont très bien vendues en France et que beaucoup d’entre elles, équipées de ces airbags Takata, circulent encore. De plus, beaucoup d’accidents, dont certains mortels, sont survenus à bord de C3, expliquant sans doute que Citroën a été le premier constructeur à réaliser une campagne de rappel « stop drive » en France.

Est-ce qu’il y a un risque à conduire une voiture équipée d’airbags Takata ?

Oui. Un airbag contient un gaz spécifique qui permet le gonflage du coussin en cas de choc. Or, dans les airbags Takata litigieux, ce gaz à base de nitrate d’ammonium dit « stabilisé » est défectueux et se dégrade dans le temps, notamment par l’effet de la chaleur et de l’humidité. Il y a alors deux conséquences concomitantes : un risque de déclenchement intempestif de l’airbag, sans choc ni accident ‒ comme c’est arrivé en Guadeloupe ‒ et une inflammation du gaz trop violente et incontrôlée ayant l’effet d’une explosion. À cause de cette dernière, le boîtier contenant l’airbag est détruit et des particules, métalliques notamment, sont expulsées à grande vitesse : ce sont ces projectiles qui risquent de blesser, ou pire, de tuer les occupants.

Puis-je continuer à conduire ma voiture ?

Oui… mais en théorie seulement. En l’état des mesures réglementaires existantes et connues, vous ne pouvez a priori pas être verbalisé pour le seul fait de continuer à utiliser votre véhicule alors qu’il est visé par un rappel constructeur, même s’il s’agit d’un rappel assorti d’un « stop drive ». En effet, même dans ce dernier cas, bien que le constructeur vous demande expressément d’arrêter de conduire le véhicule, il s’agit pour lui de répondre à ses propres obligations de sécurité afin de prévenir tout risque, y compris mortels, et il n’est pas prévu, à notre connaissance, de contravention pour les automobilistes qui ne respecteraient pas cette interdiction ‒ il faudrait pour cela qu’une nouvelle infraction soit spécialement prévue dans le Code de la route.

En revanche, d’autres enjeux juridiques ne peuvent être exclus. Tout d’abord, si vous avez été notifié d’un rappel assorti d’un « stop drive », que vous l’ignorez et que vous subissez un accident provoqué par la défectuosité d’un airbag causant des dommages à des tiers, la question de votre responsabilité pourrait se poser. Se pose également la question de votre assurance et sur ce point tout dépend en réalité des conditions de votre contrat. En tout cas, et dans la pratique, si votre véhicule est visé par les rappels, et a fortiori s’il s’agit d’un « stop drive », il est plus que conseillé de l’immobiliser, même si cela s’avère contraignant, et de solliciter dès que possible auprès du constructeur le remplacement des airbags défectueux.

Vais-je bénéficier d’une voiture de prêt si mon véhicule est visé par un « stop drive » ?

L’arrêté attendu devrait permettre de répondre précisément à cette question. Ce qui est certain, c’est que si l’on veut assurer la parfaite sécurité des conducteurs et passagers des véhicules visés, et l’immobilisation de ces derniers, il est impératif qu’une solution de remplacement soit proposée. Il faut donc que les constructeurs assument et proposent désormais sans délai une solution de mobilité à chacun et ce, pendant toute la durée de l’immobilisation et de la réparation du véhicule (véhicule de prêt ou de location, remboursement des frais de location, remboursement de billets de train ou bus, de frais de taxi, de frais de covoiturage…). Mais au regard de la gestion chaotique et de l’improvisation totale avec lesquelles les rappels ont été réalisés, ceci semble aujourd’hui impossible. En effet, sur les 2,5 millions de voitures concernées, 1,7 sont désormais assujetties à un « stop drive » imposant l’arrêt de la conduite. Même si beaucoup ont déjà été traitées, il en reste énormément à réparer. Les constructeurs risquent donc d’opposer le fait qu’ils n’ont pas assez de véhicules à disposition pour répondre à toutes les demandes.

Combien vais-je payer ?

Le remplacement des airbags défectueux doit se faire gratuitement. Concernant le prêt de véhicule ou la fourniture d’un véhicule de location pendant la durée d’immobilisation ou de réparation, il convient que cela se fasse à la charge du constructeur également. L’arrêté ministériel annoncé devrait fixer les modalités entourant cette obligation de fourniture de solution de mobilité.


(1) Après une première plainte déposée en janvier dernier contre Citroën et la sphère Stellantis, l’UFC-Que Choisir a déposé une nouvelle plainte en mai 2025 contre quatre autres constructeurs automobiles : BMW (marques BMW, Mini…), Volkswagen (Volkswagen, Audi, Porsche, Seat, Skoda…) Mercedes-Benz (Mercedes, Smart…) et Toyota (Toyota, Lexus, Subaru).
(2) Action suspendue dans l’attente de décrets destinés à lui permettre de l’introduire.

YM

Yves Martin

Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

Soutenez-nous, rejoignez-nous

La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir

image nous soutenir

Newsletter

Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus

image newsletter