Anne-Sophie Stamane
Un must sur la sellette
Des risques d'intoxication et pas de bénéfice par rapport à d'autres médicaments contre la douleur : l'Agence européenne du médicament recommande enfin le retrait des produits combinant paracétamol et dextropropoxyphène, dont le très prescrit Di-Antalvic.
Mise à jour
Depuis 2011, les spécialités contenant du dextropropoxyphène (Di-Antalvic, Propofan et génériques) ne sont plus en vente. Plus de précisions dans notre article.
Le Di-Antalvic, médicament antidouleur, tombe de haut. Figurant depuis des années parmi les médicaments les plus prescrits en France (70 millions de boîtes en 2008), il devrait progressivement disparaître des officines, de même que ses multiples versions génériques. L'Agence européenne du médicament (EMEA) vient en effet de recommander son retrait d'ici à 1 an, et il est probable que la Commission européenne confirme cet avis. En cause : le dextropropoxyphène (DXP), qui, associé au paracétamol, entre dans sa composition. C'est un opiacé qui a des effets indésirables importants, notamment chez les personnes âgées. En cas de surdosage aussi bien accidentel que volontaire, il peut déclencher une intoxication mortelle. Malgré ces inconvénients connus, relayés par la revue indépendante Prescrire, une trentaine de spécialités contenant du DXP sont à ce jour commercialisées en France.
La multiplication des décès avait d'ailleurs, en 2004, poussé la Suède et le Royaume-Uni à évincer cette molécule de leur marché. Mais la France continuait à faire de la résistance, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) considérant que, dans des conditions normales d'utilisation, le DXP ne présentait pas de danger significatif. Une position intenable, d'autant que, d'après la revue Prescrire, il n'a pas été prouvé que l'association paracétamol/DXP soulage mieux la douleur que le paracétamol seul. De leur côté, les autorités sanitaires des États-Unis ont également lancé une nouvelle évaluation du DXP, et devraient rendre leur verdict dans les jours qui viennent.
Contrainte et forcée d'appliquer la décision de l'EMEA, l'Afssaps demande aux médecins de cesser de donner du DXP à leurs patients. Mais persiste à le recommander pour les douleurs résistant à l'aspirine, au paracétamol ou à l'ibuprofène, à condition que le traitement ne dépasse pas 4 à 5 jours ! Les personnes à qui l'association paracétamol/DXP a été prescrite sont incitées à consulter, mais « sans urgence ». De nouvelles recommandations sur la prise en charge de la douleur devraient être publiées dans quelques mois.