par Fabienne Maleysson
Crèmes solairesPeut-on les réutiliser un an plus tard ?

Notre test sur une sélection de références montre que la plupart des crèmes solaires sont utilisables deux étés de suite.
En résumé
- La majorité des crèmes solaires peuvent être réutilisées l'été suivant si elles ont été conservées correctement et que leur aspect (odeur, texture) n'a pas changé.
- Il est crucial de vérifier l'absence de signes de dégradation avant réutilisation et d'éviter d'utiliser les crèmes contenant de l'octocrylène l'année suivante en raison de la formation d'un composé toxique.
En quête de crème solaire avec le retour des beaux jours, nous sommes nombreux à retrouver dans nos placards des tubes datant de l’été dernier. Sont-ils encore bons pour le service ou y a-t-il un risque à les employer ? C’est ce que nous avons testé, avec nos partenaires des autres associations de consommateurs européennes, sur 8 crèmes bien notées lors de nos précédents essais. Il s’agissait d’un « coup de sonde », et toutes les marques ne sont pas disponibles en France. Nous parlerons par conséquent de l’ensemble, sans citer de références.
Aucune d’entre elles n’avait sa date limite d’utilisation dépassée et toutes affichaient une période après ouverture – PAO, symbolisée par un tube ouvert – d’au moins 12 mois. Nous les avons soumises à un régime reproduisant les conditions réelles d’usage. Elles ont d’abord passé plusieurs heures à 4 °C, comme dans la soute d’un avion, puis deux semaines à 40 °C et une autre sous UV artificiels à 30 °C, mimant la chaleur et l’ensoleillement subis à la plage, avec des prélèvements réguliers de produit. Ensuite, nouveau passage à 4 °C, comme pour un vol retour, et enfin un séjour de 13 mois à 20 °C, soit une durée totale proche de 14 mois. À l’issue de ce traitement sans ménagement, nous avons contrôlé leur apparence et mesuré les indices de protection UVB et UVA. Résultat : 6 crèmes solaires sur les 8 n’ont pas bougé. Parmi les deux défaillantes, l’une présentait un aspect déphasé, les parties grasse et aqueuse s’étant séparées.

Sentir et observer
On peut donc se servir d’une crème qui a l’air normale un an après. À l’inverse, on s’en gardera en présence d’indices de dégradation. Commencez par faire appel à votre odorat. Si le produit sent le rance ou toute autre odeur suspecte : à la poubelle ! Non seulement il risquerait de ne pas être efficace, mais il pourrait provoquer des irritations de la peau. Seconde vérification : la texture doit être intacte. Si c’est de l’huile qui sort du tube et non de la crème, pas d’hésitation : on le jette. Et ce d’autant plus que certains filtres ne sont solubles que dans l’eau ou que dans l’huile. Quand les deux phases sont dissociées, on est susceptible de n’appliquer que la partie dont ces filtres sont absents.
Après ces précautions d’usage, au cas où, malgré une utilisation conforme à vos habitudes, un coup de soleil apparaîtrait tout de même, débarrassez-vous de la crème. Pour maximiser les chances de la conserver correctement, ne la rangez pas dans la salle de bains, mais dans un endroit moins humide. Et inscrivez dessus sa date d’ouverture tout en ayant à l’esprit que la PAO demeure une valeur approximative. Quand elle indique 12 mois, notre test montre qu’on est en mesure de la garder deux mois de plus. Par contre, s’en servir trois étés de suite serait probablement exagéré.
Ces conseils souffrent deux exceptions. Primo, les références contenant de l’octocrylène. Nous ne les incluons plus dans nos tests comparatifs, précisément parce qu’au fil du temps ce filtre UV se dégrade et donne naissance à un composé toxique. Si votre crème en comporte, ne la réemployez surtout pas. Secundo, nous ne pouvons pas nous prononcer sur les soins solaires bios qui n’incorporent pas de filtres chimiques, mais des équivalents mécaniques tels que le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc. Comme, dans nos bancs d’essai, ils ne font jamais partie des références les plus efficaces, aucun n’a été intégré dans cette mise à l’épreuve.
Fabienne Maleysson