Arnaud de Blauwe
Le coup de l’artisan de quartier
Pour appâter leurs proies, souvent désemparées face à leur problème de plomberie, d’électricité ou de serrurerie, les entreprises de dépannage à domicile diffusent des messages rassurants… mais bidons. Nouvel exemple avec ce prospectus distribué dans l’est parisien.
Les dépanneurs à domicile ne savent plus comment se faire connaître… sans doute pour vous arnaquer ensuite ! Si les prospectus glissés dans les boîtes aux lettres ou laissés dans les halls d’immeubles ont leur faveur, ils savent innover pour vous persuader de leur sérieux. En témoigne ce tract diffusé notamment dans le 11e arrondissement de Paris. Un certain M. Dacosta, qui a pris soin d’utiliser un logo aux couleurs du drapeau portugais (photo), se présente comme « Votre technicien artisan de quartier situé à proximité de la mairie ». Il assure être disponible « 7 jours/7, 24 heures/24 […] pour tous les problèmes de plomberie, électricité, vitrerie, serrurerie, chauffage ». Un véritable homme à tout faire, qui conseille : « Enregistrez-moi [dans votre smartphone] sous travaux. » Mais, en remontant sa piste à partir du numéro d’immatriculation au registre du commerce inscrit sur le flyer, on découvre une réalité différente. L’adresse renvoie à une société de domiciliation installée dans le 6e, autrement dit une simple boîte aux lettres. Quant au dirigeant, il s’agit en fait de Holding DC, avec là encore l’adresse d’une société de domiciliation et une activité déclarée de « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ». Cette entité est en outre gérée par Gisette B., à la tête d’autres structures du même acabit. Tentons un appel comme client potentiel :
— Allo, Monsieur Dacosta ?
— Oui, lui-même (voix jeune et sans accent).
— Voilà, j’habite boulevard Voltaire. J’ai laissé mes clés chez moi. Si ma mère, qui a un double, ne peut pas venir me les apporter à mon travail, pourriez-vous venir ouvrir ma porte ?
— Oui, bien sûr.
(Après quelques précisions sur les prix, la conversation se poursuit.)
— Votre boutique est située où ?
— On est boulevard Voltaire.
— Dans ce cas, je peux passer chez vous pour faire un premier devis, consulter un catalogue de serrures s’il faut remplacer la mienne…
— Non, pas la peine. On fera ça chez vous…
Artisan de quartier, mon œil ! Tout comme la précision « Agréé assurances » apposée sur ledit prospectus… qu’on jettera directement à la poubelle.
Droit de réponse de la société Da Costa
Votre "enquête" consiste essentiellement à faire passer un appel téléphonique par le journaliste en se faisant passer pour un client anonyme au numéro de notre entreprise. Et de ce fait, vous avez constaté que :
- Le prospectus porte un drapeau portugais, mais je cite : la voix qui répond est « jeune et sans accent » et donc ? Qu'en déduis votre journaliste ? Que sous-entend-il ? A en croire vos propos, il devrait en plus avoir un drapeau sur le flyer, un nom à consonance portugaise, il devrait obligatoirement avoir un accent portugais ? On frôle la discrimination...
- La boutique serait située d'après vos propos au : Boulevard Voltaire 75011 Paris, alors que cette adresse correspond à l'ancien magasin de Da Costa qui est fermé depuis 2020 ! Ce qui ne nous empêche pas de distribuer des prospectus dans ce secteur, car nous sommes à 1km300 de cette ancienne adresse où se situe actuellement notre nouvelle boutique Da Costa, qui est au : 61, avenue du Docteur Arnold Netter 75012 Paris.
Nous possédons également 3 autres boutiques dans des quartiers différents à Paris et en banlieue parisienne, en plus de l'adresse de domiciliation. En outre, la mention de sociétés de domiciliation laisse penser à vos lecteurs que ces prétendus délits sont commis sous couvert de sociétés inexistantes alors qu’il convient de rappeler que les sociétés de domiciliation sont parfaitement légales et couramment utilisées par des entreprises de bâtiment.