ACTUALITÉ
Fraudes à la carte bancaire

En hausse mais pas mieux remboursées

Depuis le début de la pandémie, l’ingéniosité développée par les escrocs en matière de vol des données de cartes bancaires a tiré les chiffres de la fraude vers le haut, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France. Le nombre de cartes touchées continue à grimper tout comme celui des opérations litigieuses... que les banques tardent parfois à rembourser.  

Comme l’UFC-Que Choisir l’avait prédit, la fraude aux moyens de paiement n’a pas connu de trêve depuis le début de la crise sanitaire. L’an dernier, pas moins de 1,28 milliard d’euros (+8,4 % en valeur par rapport à 2019) se sont évaporés des comptes bancaires des Français en raison d’un chèque volé ou détourné, de l’utilisation frauduleuse de leur carte bancaire ou d’un virement émis depuis leur propre compte à leur insu, selon le dernier Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France.

Si le chèque reste le moyen de paiement le plus fraudé en raison du montant élevé des transactions réalisées par les voleurs (2 438 € en moyenne), les détournements par carte bancaire poursuivent leur ascension et « représentent toujours une écrasante majorité (97 %) du nombre de transactions frauduleuses », note l’observatoire. 473 millions ont ainsi été dérobés en 2020 (+0,6 % en un an).

Les spécialistes du phishing et des logiciels malveillants à la manœuvre

« La fraude sur la carte reste largement concentrée sur les paiements sur Internet, plus des deux tiers, alors qu’ils ne comptent que pour 22 % transactions », souligne l’observatoire. En clair, le vol des numéros de carte bancaire en ligne puis leur réutilisation pour des achats sur Internet en France et à l’étranger s’avère être le mode d’action préféré des escrocs. Ces derniers ont en effet largement surfé sur la pandémie de Covid-19 pour multiplier les attaques par phishing (hameçonnage) et avec des logiciels malveillants (malware) installés sur les ordinateurs ou les smartphones des victimes à leur insu. Par exemple en faisant miroiter des kits de confinement à vil prix, en prétextant la livraison urgente d’un colis ou en appâtant les victimes par ruse (bons d’achat, remboursement des impôts ou de la Caf…).

Résultat, le nombre de cartes françaises touchées par au moins une tentative de fraude ne cesse d’augmenter (1,4 million l’an dernier, soit +2,26 % par rapport à 2019), alors que 0,64 % de CB en plus seulement ont été mises en circulation.  

Des techniques sophistiquées et des consommateurs pas toujours remboursés

Certes, le montant des transactions frauduleuses opérées après le vol d’un numéro de carte bancaire reste bas : 63 € en moyenne, les fraudeurs préférant multiplier les fraudes sur de petits montants pour échapper aux mécanismes de détection des opérations suspectes. Mais certaines victimes y laissent plus de plumes que d’autres !

L’observatoire souligne d’ailleurs la sophistication de certaines attaques visant les consommateurs. Aux techniques permettant de récupérer à la fois le numéro de carte ainsi que le code de sécurité envoyé par SMS (le dispositif 3D Secure), les arnaqueurs parviennent aussi à détourner les nouveaux dispositifs d’authentification forte. « Dans certains cas, le fraudeur réussit même à joindre par téléphone le porteur de la carte et l’amène à authentifier la transaction frauduleuse via son application bancaire », détaille l’observatoire.

Ce mode opératoire est préoccupant, car si les banques sont obligées de rembourser rubis sur l’ongle les transactions frauduleuses, elles traînaient déjà des pieds lors d’un détournement du dispositif 3D Secure après un phishing : 30 % des victimes étaient accusées de négligence, comme le souligne notre dernière étude. Les banquiers pourraient ainsi compliquer la tâche des consommateurs floués alors qu’ils sont aujourd’hui 80 % à avoir activé la double authentification lors de leurs paiements. La vigilance doit donc être de mise, les escrocs n’hésitant pas à se faire passer pour de grands noms du e-commerce et des banques, comme pour les arnaques aux placements, pour parvenir à leurs fins.

Les outils de l’UFC-Que Choisir pour défendre vos droits

Élodie Toustou

Élodie Toustou

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