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Huile d’olive, truffe, café, chocolat…De trop nombreuses fraudes sur les aliments haut de gamme

Elsa Casalegno

par Elsa Casalegno

Lors d’une vague d’enquêtes menées en 2022, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a relevé de nombreuses infractions sur des produits alimentaires haut de gamme tels que des huiles d’olive, des truffes, des miels ou encore des chocolats, cafés, thés, etc. Ces fraudes vont de l’omission d’allergènes à l’usurpation, en passant par des tromperies sur la qualité ou l’origine. Autant de problèmes que nos tests mettent régulièrement en évidence.

Il aura fallu trois ans pour que la DGCCRF publie, début juillet 2025, les résultats d’une « vaste enquête » concernant des produits alimentaires « prisés pour leur qualité gustative, leur fabrication artisanale ou leurs bénéfices nutritionnels » menée en 2022 auprès de fabricants et de commerçants. Ces produits « n’échappent pas aux fraudes », avertit-elle. C’est le moins qu’on puisse dire ! Absence de mentions obligatoires, tromperies sur l’origine, mentions valorisantes abusives, la liste est longue.

Les huiles : pas extra

Concernant les 139 échantillons d’huiles d’olive, d’argan ou de pépin de courge bio prélevés, ce sont 80 % qui ne sont pas conformes. En particulier, des huiles vierges extra ne répondant pas aux critères de qualité. Mais ce ne sont pas les seuls problèmes relevés. Près d’un établissement sur trois était en infraction pour des motifs liés à l’étiquetage : mentions d’origine trompeuses, mélanges d’huiles non mentionnés, informations obligatoires absentes ou valorisations telles que « primeur » ou « sélection rare » indues. Le pire ? Les contrôleurs ont relevé chez un grossiste-conditionneur un cumul de plusieurs fraudes : usurpation d’une marque italienne, tromperies sur la qualité de l’huile d’olive et usage abusif d’un logo biologique !

→ Les résultats de notre test d’huiles d’olive

Les champignons : manque de truffe

Les truffes, morilles ou cèpes sont, eux aussi, largement fraudés : plats à la truffe sans truffe véritable ; arômes à la truffe non mentionnés ; utilisation de variétés moins prestigieuses que la truffe noire, etc. Ces tromperies concernent près de la moitié des commerçants, et 60 % des restaurateurs. Cas spécifique à la truffe, les restaurateurs se fournissent souvent auprès de particuliers, dont certains, indélicats, « s’approvisionnent chez des grossistes-importateurs de truffes d’origine chinoise (Tuber sinensis) et sont susceptibles de les revendre au détail comme des truffes locales », alerte la DGCCRF.

→ Notre enquête : Truffe - Le véritable prix de l’or noir

Le miel : douceur trompeuse

Plus de 40 % des miels et gelées royales analysés sont non conformes, pour plusieurs raisons : « Des mentions trompeuses sur l’origine botanique et géographique des produits ; des allégations thérapeutiques interdites, comme "contribue à traiter l’acné" ; et des taux de sucres incompatibles avec les appellations revendiquées », énumère la DGCCRF. Certains apiculteurs achètent du miel qu’ils revendent ensuite comme étant leur propre production.

→ Notre enquête : Miels - La production nationale boudée

Chocolats et confiseries : étiquetages à revoir

Dans le secteur des chocolats, confiseries et confitures, plus de la moitié des professionnels contrôlés respectent mal, voire pas, la réglementation : dénominations fantaisistes, mention des allergènes absente, teneur en sucres ou en cacao erronée, additifs non mentionnés, voire colorants interdits.

→ Lire aussi : Cadmium dans le chocolat - Une contamination bien réelle

Thés, cafés, épices : origine indue

Du côté des vendeurs de cafés, thés, olives, vinaigres, vanille et réglisse contrôlés, ils sont 38 % à être en infraction, pour divers motifs : étiquetage trompeur par mention indue d’un signe de qualité ou d’une origine (par exemple, IGP vanille Île de la Réunion ou IGP Café de Colombie sans respecter les cahiers des charges), ou allégations de santé abusives (en particulier mentions « stimulant immunitaire » ou « bon pour le cœur » sur des infusions).

→ Les résultats de notre test de capsules de café et de vinaigres balsamiques

Coffrets gastronomiques : pas un cadeau

Les achats sur Internet sont propices à un manque de respect des réglementations. Parmi les 33 entreprises vendant des coffrets gastronomiques, 20 ne sont pas dans les clous : prix et mentions d’étiquetage des produits incorrects, mentions de bienfaits pour la santé non autorisées (notamment pour les compléments alimentaires) ; informations trompeuses sur la qualité des produits et les services ; offres et durée de l’abonnement floues ; droits du consommateur mal ou non mentionnés (droit de rétractation, droit à s’inscrire sur Bloctel afin d’éviter le démarchage téléphonique).

À l’issue de plus de 1 200 visites effectuées, la DGCCRF a dressé 584 procédures :

  • 8 procès-verbaux administratifs ;
  • 34 procès-verbaux pénaux ;
  • 180 injonctions administratives ;
  • 360 avertissements ;
  • 2 arrêtés de retraits de vente.

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