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Hypertension

L’olmésartan provisoirement sauvé

On pensait leur sort scellé, mais finalement, les antihypertenseurs à base d’olmésartan, qui n’ont pas fait leurs preuves, bénéficient, grâce au Conseil d’État, d’un délai d’au moins 6 mois avant d’être, peut-être, déremboursés.

Les firmes pharmaceutiques ont décidément le chic pour, en toutes circonstances, tirer leur épingle du jeu. Deux d’entre elles, Menarini et Daiichi Sankyo, viennent d’obtenir du juge des référés du Conseil d’État un sursis d’au moins 6 mois pour leurs médicaments à base d’olmésartan (CoOlmetec, Alteis, Alteis Duo, Sevikar, Axeler et Olmetec). Ces antihypertenseurs devaient pourtant être déremboursés à brève échéance, la date officielle étant fixée au 4 juillet prochain. Dans son ordonnance, le Conseil d’État fonde sa décision sur le nombre encore important de patients sous olmésartan : 800 000 personnes sont traitées en France avec cette molécule, et « la prescription des spécialités à base d’olmésartan n’avait diminué que de 10 % près de 2 mois après la publication des arrêtés » de déremboursement. Le déremboursement et le risque d’arrêt brutal de traitement auraient pu avoir « des conséquences graves pour ces personnes et la santé publique ».

C’est donc parce que les médecins ont négligé de modifier les ordonnances de leurs patients dans les temps que le Conseil d’État épargne l’olmésartan, et par ricochet, les intérêts financiers des labos ! Les autorités sanitaires avaient pourtant pris les devants : la recommandation de dérembourser l’olmésartan remonte tout de même à un an. Et en publiant son avis négatif sur ce principe actif début juin 2015, la Haute Autorité de santé (HAS) avait justement ménagé un délai, « afin que les patients disposent du temps nécessaire aux éventuelles modifications thérapeutiques ». De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alertait les praticiens depuis 2014 du très faible intérêt de l’olmésartan et des risques qu’il y avait à le prescrire. On ne peut décemment pas reprocher à l’Administration d’avoir précipité les choses. Nous avions même trouvé qu’elle était trop lente ! En outre, elle avait opté pour un déremboursement, et non un retrait du marché : le médicament restait disponible, même s’il n’était plus pris en charge…

Rappelons qu’il y a toutes les raisons d’éviter l’olmésartan. Dans l’hypertension, cette molécule n’a pas fait la preuve qu’elle diminue le nombre d’accidents cardiovasculaires et de décès, et elle comporte un risque d’atteintes intestinales graves, même après plusieurs années de traitement.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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