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Médicaments contre l’hypertension

Pourquoi tant de rappels ?

Un deuxième médicament contre l’hypertension fait l’objet d’un rappel, l’irbésartan. Là encore, une impureté cancérogène probable (NDEA) a été détectée. En réaction, les procédures de contrôle devraient se renforcer.

Après le valsartan, un médicament de la même famille fait aussi l’objet d’une procédure de rappel en Europe. Plusieurs lots d’irbésartan sont concernés par cette mesure (1). La même impureté cancérogène probable (NDEA) a été repérée dans ces médicaments, prescrits contre l’hypertension artérielle. C’est la troisième vague de ce type depuis le mois de juillet, date du premier rappel. L’incident concerne l’une des classes d’antihypertenseurs les plus prescrites en France. Il soulève donc de nombreuses questions.

Pourquoi les rappels ont-ils toujours lieu ?

Un délai de six mois après le premier rappel peut sembler long. Mais il faut garder à l’esprit que l’affaire est d’ampleur mondiale. Les fabricants mis en cause fournissaient de nombreux pays. Les autorités sanitaires de plusieurs pays se coordonnent donc pour mener des investigations sur de nombreux médicaments. Cela nécessite du temps. Il a d’ailleurs fallu deux mois pour qu’une seconde impureté soit détectée dans le valsartan. Par ailleurs, l’enquête s’est d’abord concentrée sur ce seul médicament. Ce n’est que dans un second temps que les autorités ont pris conscience que d’autres sartans étaient visés (candésartan, losartan et olmésartan). Le point commun : ils partagent un noyau de même composition.

Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour repérer l’impureté ?

Les substances détectées dans ces médicaments (NDMA et NDEA) ne sont pas contrôlées de manière systématique, que ce soit au niveau des autorités sanitaires, des laboratoires ou des fabricants de principe actif. « La découverte a été quasi fortuite, a reconnu Dominique Martin, directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lors d’un point presse. Un laboratoire voulait solliciter ce fabricant et a réalisé ses propres contrôles. Il a réalisé des analyses qui n’étaient pas dans les protocoles de routine. » Sans ces examens poussés, l’ignorance générale aurait perduré.

Comment l’impureté est-elle apparue ?

On ne le sait pas vraiment. Des investigations sont encore en cours afin de répondre précisément à cette question. À l’heure actuelle, on estime qu’un changement du procédé de fabrication du valsartan, survenu en 2012, est en cause. Mais l’ANSM reconnaît être dans le flou. « On n’est pas encore sûrs de l’origine du défaut. Il est clairement lié au procédé de fabrication, mais nous n’avons pas une compréhension totale du phénomène », a admis Dominique Martin. Il existe certaines hypothèses de travail, qui doivent encore être confirmées.

Des lots contaminés circulent-ils toujours ?

Probablement car l’anomalie remonte à 2012. De nombreux lots sont potentiellement concernés, mais seule une analyse de ceux-ci permettrait de confirmer la présence de NDMA ou de NDEA. À l’heure actuelle, l’Agence européenne du médicament (EMA) n’en a pas prévu. Ce n’est qu’à partir de ce 1er janvier que les contrôles sont réalisés avant la mise en circulation (2). L’ANSM a donc lancé une mesure complémentaire. « Ce 22 janvier, on a écrit aux laboratoires titulaires pour exiger des analyses selon des référentiels précis sur les lots en circulation d’ici fin mars, a précisé son directeur, Dominique Martin. Il est probable qu’en retour, certains laboratoires répondent positivement. » Des rappels de lots seront alors émis au cas par cas.

Faut-il changer de traitement ?

Les stocks d’irbésartan ne sont pas menacés par ce rappel. En revanche, une grande partie des réserves de valsartan a été retirée des rayons. En juillet, la moitié des stocks a été rappelée, puis 60 % du marché restant en novembre. Les pharmacies fonctionnent en flux tendu. Le médicament est donc réservé à trois cas prioritaires : l’insuffisance cardiaque, le « post-infarctus » et les personnes hypertendues recevant plusieurs molécules dont le valsartan. Pour ces trois groupes, un changement de traitement n’est pas envisageable.

Les autres personnes pourront être amenées à prendre un autre médicament. De nombreuses alternatives efficaces et sûres sont disponibles en France. Elles donnent d’aussi bons résultats que les sartans. C’est notamment le cas des IEC (inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine) comme le ramipril ou le lisinopril. Jugés équivalents aux sartans, ils sont recommandés en première intention en raison de leur moindre coût.

(1) Page d’information de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur les rappels de médicaments de type sartans.
(2) L’ANSM annonce des contrôles supplémentaires sur les sartans.

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

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