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Nouveau DPE

Le nombre de logements mal classés flambe

Les alertes n’avaient pas manqué mais le gouvernement s’est obstiné. Résultat, le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) est entré en vigueur le 1er juillet 2021 et depuis, c’est l’escalade. Les logements classés F ou G se comptent à la pelle.

« Le nombre de logements F et G est en train de doubler », alertent la Fnaim, Fédération nationale de l’immobilier, Plurience, qui regroupe de gros acteurs du secteur, et l’Unpi, l’Union nationale des propriétaires immobiliers, dans un communiqué commun. « Nous avions anticipé que 40 % des logements changeraient de classement avec le nouveau DPE. Mais les calculs théoriques prévoyaient qu’il n’y aurait pas plus de logements très énergivores. Ce n’est pas du tout ce que nous constatons, le nombre de logements F et G est en train de doubler », s’alarme Jean-Marc Torrollion, le président de la Fnaim. « Sans changement à très court terme, 1 ménage sur 4 verra son logement frappé d’une interdiction de location d’ici 2034 », abonde Unpi par la voix de Christophe Demerson, son président.

Chauffage électrique aux dépens du chauffage central

Même le monde des HLM s’inquiète. Représenté par l’USH, l’Union sociale de l’habitat, il craint de voir lui aussi le nombre de ses logements classés G exploser. La faute au nouveau DPE, qui privilégie outrageusement le chauffage électrique aux dépens du chauffage central alimenté par le fioul ou le gaz. Or les offices HLM privilégient le chauffage central depuis longtemps pour éviter les factures prohibitives du chauffage électrique à leurs locataires.

Sans aller jusqu’à prendre en compte le parc du logement social, le nombre de logements classés G interdits à la location dès 2025 sera ainsi deux fois plus important que prévu, idem pour ceux qui seront en F lorsqu’ils seront interdits à la location trois ans plus tard.

Constat des signataires du communiqué, « nous n’avons que 7 ans pour rénover la moitié du parc locatif privé » ! Entre les logements sociaux et ceux des bailleurs qui vont être déclassés et notés en G sur le nouveau DPE, les tensions sur l’immobilier locatif risquent de devenir phénoménales d’ici 3 ans.

Erreurs de calcul

Pour ne rien arranger, les diagnostiqueurs eux-mêmes montent au créneau via la Fidi, leur syndicat professionnel. Alors que le DPE est devenu opposable et peut les mettre en cause, ils pointent des erreurs de calcul des logiciels qui dégradent significativement le classement énergétique des biens. Ainsi, « le calcul des débits d’infiltration donne des déperditions quasi 10 fois plus importantes » et « le classement de chaudières gaz en chaudières fioul quand ses caractéristiques ne sont pas indiquées », ce qui entraîne un déclassement pénalisant.

Voilà à peine 3 mois qu’il est en place et le nouveau DPE s’avère défaillant et annonciateur de tensions inédites sur le parc immobilier. Rarement réforme se sera révélée calamiteuse aussi rapidement. Face à cette fronde, le ministère du Logement a décidé de réunir en urgence les professionnels de l’immobilier et du diagnostic. En attendant, il demande de ne plus faire de DPE dans les logements d’avant 1975.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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