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Les prix ont-ils vraiment baissé avec les paniers anti-inflation ?

La ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, affirme que les prix des produits de consommation courante étiquetés « trimestre anti-inflation » ont baissé de 13 % au cours des 7 dernières semaines dans les grandes surfaces. Nous avons voulu vérifier. Nous n’obtenons pas vraiment les mêmes chiffres.

« En moyenne, depuis 7 semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13 % dans le panier – s’il est composé de produits anti-inflation à 100 % », a annoncé avec aplomb Olivia Grégoire, interviewée le 10 mai sur RTL. La ministre cite sa source : une étude de la DGCCRF. Si cette information se vérifiait, il s’agirait d’une bonne nouvelle – même si elle se cantonne aux produits de consommation courante (alimentation, hygiène) choisis par les enseignes, dont nous avons déjà évoqué les limites dans de précédents articles. Malheureusement, cette déclaration est fausse.

Nous avons passé en revue les évolutions de prix d’un large échantillon de produits des paniers anti-inflation (entre 50 et 150 références selon l’enseigne), entre le 23 mars et le 10 mai, pour les 5 enseignes participant au « trimestre anti-inflation » lancé par le gouvernement :

  • Intermarché : hausse moyenne de 1,5 %
  • Casino : hausse de 1,4 %
  • U : hausse de 1 %
  • Carrefour : stabilité (0 %)
  • Auchan : baisse de 0,3 %

En moyenne, les prix ont légèrement augmenté chez Intermarché, Casino et Système U, et ils sont restés stables chez Carrefour. La seule enseigne qui enregistre un recul ténu est Auchan – mais c’est elle qui avait auparavant accusé la plus forte hausse, comme nous le relations. On est loin d’une baisse des prix de 13 %…

Tous les mois nous calculons l’inflation sur un panier représentatif des achats en grande surface. En mai 2023, les prix ont augmenté de 8,5 % (par rapport aux prix de décembre). La mise en place des paniers anti-inflation n’a en rien permis de juguler l’inflation qui a débuté début 2022.

Précisions à la suite des critiques du ministre de l’Économie

Face aux attaques de Bruno Le Maire, qui qualifie la méthodologie de l’UFC-Que Choisir de « malhonnête » nous maintenons nos calculs : le recul des prix des paniers anti-inflation composés par les distributeurs n’est pas de 13 %, contrairement à ce que la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire affirme. Pour mémoire, elle déclarait le 10 mai sur RTL que, « en moyenne depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13 % dans le panier, s'il est composé à 100 % de produits issus du trimestre anti-inflation ».

Sur ces sept semaines (du 23 mars au 10 mai), les paniers moyens « anti-inflation » des principales enseignes de la grande distribution oscillent entre -0,3 % et +1,5 %.

Le ministre de l’Économie nous reproche les dates de comparaison, et estime qu’il faudrait comparer les prix avant le 15 mars. Aucun problème : nous avons refait le calcul, en débutant la comparaison au 1er mars, donc sur une durée de dix semaines, et non pas sept.

Les chiffres se répartissent entre -2% et +2% pour toutes les enseignes, sauf Casino, à -18%.

  • Super U : hausse moyenne de 2 %
  • Auchan : hausse de 1 %
  • Intermarché : stabilité (0 %)
  • Carrefour : baisse de 2 %
  • Casino : baisse de 18 %

Seul Casino peut donc revendiquer une forte baisse des prix pour ses marques de distributeur (MDD), du moins les références sélectionnées pour l’opération anti-inflation. Nous l’avions d’ailleurs souligné dans un article paru le 21 mars. Mais nous y expliquions aussi que « les MDD de Casino sont nettement plus onéreuses que celles de ses concurrents (et qu’) avec cette baisse, le groupe ne fait que se réaligner sur la concurrence ». Surtout, Casino pèse moins de 4 % de parts de marché de la grande distribution.

De là à parler de « vrai succès » de l’opération « trimestre anti-inflation », nous ne reprendrons pas cette appréciation de Bruno Le Maire à notre compte !

Ils partirent à 500, ils arrivèrent à 2 000…

Autre approximation, la ministre évoque « 2 000 produits environ » qui seraient concernés par le trimestre anti-inflation, sur les 20 000 à 30 000 références que propose une grande surface. Or, le client d’une grande surface ne trouvera sûrement pas ces 2 000 produits, mais seulement les 50 à 500 (selon l’enseigne) références concernées par l’opération. S’agissant quasi exclusivement de marques de distributeurs, les offres « anti-inflation » d’une enseigne ne seront pas en vente chez ses concurrents. Si elle voulait faire une comparaison pertinente, Olivia Grégoire aurait mis en regard les 500 produits face aux 20 000 à 30 000 références d’un magasin, ou alors l’ensemble des 2 000 produits face à l’ensemble de l’offre des enseignes concernées – donc plutôt 200 000 produits !

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