par Anne-Sophie Stamane
Vélo sans batterieUne alternative écologique

Un vélo électrique sans batterie, donc dépourvu de lithium, ça existe. Le Pi-POP, conçu dans les environs d’Orléans (Loiret), est doté de supercondensateurs qui récupèrent de l’énergie au freinage et sur le plat, et la restituent en montée. Plus besoin de recharger, l’autonomie est infinie… Du moins en théorie.
Difficile de comparer le Pi-POP, vélo électrique à « assistance autonome », dont la 3e version est sortie cette année, avec un vélo électrique classique. Sur le papier, il fonctionne de la même façon, grâce à de l’énergie emmagasinée, restituée selon les besoins via un moteur. Son prix, 2 690 € pour le modèle de base, se situe aussi dans la moyenne du marché. Mais la conception est différente.
Une assistance basée sur des supercondensateurs
Exit la batterie rechargeable sur secteur composée de cellules au lithium qui assure plusieurs dizaines de kilomètres d’autonomie par cycle de charge, le standard sur l’ensemble des modèles actuels : le Pi-POP embarque 2 kg de supercondensateurs, un système de stockage aussi simple qu’original qui prend la forme de deux barres parallèles calées sous le porte-bagage. Ils auraient une durée de vie trois fois plus longue que les technologies lithium. Logiquement non amovibles et plus légers qu’une batterie normale, ils récupèrent instantanément de l’énergie en descente, au freinage, et même sur le plat, et la remettent à disposition dès qu’une montée se profile. La capacité maximale est de 6 Wh : « C’est beaucoup moins qu’un vélo à batterie lithium [400 Wh minimum, ndlr] mais ça convient très bien tant que le dénivelé reste inférieur à 50-100 m car le vélo recycle en permanence l’énergie disponible », explique le fabricant. L’écran de contrôle, fixé au centre du guidon, témoigne en direct de la variation du niveau de réserve des supercondensateurs. Il indique, en rouge, quand on est en phase de consommation d’énergie ; en vert, quand on est passé en situation d’épargne. L’intérêt est évident : plus besoin de veiller à recharger régulièrement la batterie, le processus se fait automatiquement, à la minute, en roulant. Et ça marche ! Il est d’ailleurs assez fascinant de voir osciller la charge, susceptible de passer en quelques secondes de 30 à 90 %, et inversement.
Pas conçu pour le relief
Ça va vite, en charge comme en décharge, et c’est le risque : si l’on n’y prend garde, la panne de batterie n’est pas exclue. Lors de notre prise en main, partis du bas du Père-Lachaise avec seulement 40 % de capacité en raison du faux plat qui précède cette côte parisienne, nous sommes tombés en rade en milieu de montée. Dans ce cas, pas le choix, il faut se résoudre à finir à pied. Ou alors, consentir à faire demi-tour et freiner en descente jusqu’à refaire le plein. Quelques secondes suffisent pour avoir de quoi repartir à l’assaut. Si le Pi-POP dispense d’avoir à charger de temps à autre sa batterie, il oblige tout de même à l’avoir à l’œil en permanence…
D’ailleurs, en toute transparence, le fabricant du Pi-POP déconseille son modèle pour un usage en environnement vallonné ou montagneux : les dénivelés y sont trop prononcés et trop longs. Le Pi-POP n’est pas taillé pour ça. Et si un trajet comporte une forte pente, mieux vaut l’anticiper et s’arranger pour l’aborder avec un maximum de capacité.

Le Pi-POP sera plus à l’aise en milieu urbain sans trop de relief, sans toutefois véritablement rivaliser avec un vélo électrique lambda. Ainsi, il ne déclenche quasiment pas d’aide sur le plat, excepté au démarrage. L’assistance ne vient à la rescousse qu’en cas de besoin. La plupart du temps, il s’agit donc d’un vélo musculaire, procurant des sensations éloignées de l’aisance ressentie sur la plupart des VAE classiques. La notion d’effort est bien présente, d’autant que le vélo n’est pas optimisé pour rouler efficacement : en dehors des pneus étroits, pertinents pour limiter le frottement sur le bitume des villes, son cadre ouvert, ses 22,5 kg de poids total et la récupération d’énergie réduisent la prise de vitesse !

Comportement aléatoire en côte
Une fois cette donnée intégrée, il y a le choix, sur cette dernière version du Pi-POP, entre un mode d’assistance basique, qui s’active en actionnant les deux freins en même temps pendant 6 secondes, et un mode boost, sélectionnable en appuyant à la fois sur une pédale et sur un des deux freins. Le premier fournit une assistance peu perceptible, dont la logique ne tombe pas sous le sens : une fréquence de pédalage soutenue semble la limiter, et il est rare de dépasser les 18 km/h. De son côté, le fabricant assure que Pi-POP diminue de « 50 % environ l’effort dans une pente raide, et à une vitesse de montée typique de 12 à 15 km/h ». En régime boost, l’assistance en montée s’avère plus tonique et plus satisfaisante, à condition d’avoir donné la cadence sur quelques mètres avant le début de l’ascension.
Composants et équipement corrects
Plus léger qu’un VAE classique, le Pi-POP est équipé d’un moteur de marque Tongsheng placé dans le moyeu de la roue arrière. Son couple de 50 Nm suffit pour la ville. Son look très blanc et l’épure de sa ligne lui donnent l’avantage sur l’aspect un rien lourdaud de la plupart des vélos électriques. Le fabricant a choisi des marques reconnues pour le reste des composants : transmission Shimano Altus 7 vitesses sur le modèle de base, freins à disque Tektro, pneus Michelin de section étroite (37 mm), selle Royal rembourrée et ventilée, fourche suspendue Zoom, rien n’est au rabais. La potence est réglable, comme la selle, le vélo est donc adapté à des tailles comprises entre 1,55 et 1,85 m. Les poignées de guidon souples, le porte-bagage, les garde-boue, le carter et la béquille apportent un plus appréciable au quotidien. L’antivol de cadre, malheureusement, n’est proposé qu’en option.
Écologique, sans aucun doute
Le choix des supercondensateurs, en remplacement de la batterie, donne un avantage écologique indubitable au Pi-POP. Dénués de lithium, un métal rare dont l’exploitation et le recyclage engendrent beaucoup de pollutions, ils constituent une alternative sérieuse pour celles et ceux qui veulent limiter leur impact sur l’environnement. De plus, ils ne sont pas inflammables, à l’inverse des batteries rechargeables, qui peuvent être à l’origine d’impressionnants incendies.
Le Pi-POP en résumé
1er modèle à proposer un vélo hybride sans batterie, supposé fournir une assistance « infinie », le Pi-POP réussit le pari de la régénération d’énergie. L’assistance fournie n’est toutefois pas aussi nette et fiable que sur un VAE classique, surtout sur le plat. Le Pi-POP peut être une option en ville, pour des personnes en bonne forme et sensibles à l’argument écologique.
Les +
- Gain de temps lié à l’absence de recharge
- Pas de risque incendie
- Pas de lithium
- Durée de vie annoncée de 10 à 15 ans
Les -
- Assistance peu perceptible
- Prix
Anne-Sophie Stamane