
par Marie-Amandine Stévenin
par Marie-Amandine Stévenin
Voilà plusieurs années que l’UFC-Que Choisir alerte les pouvoirs publics sur les conséquences désastreuses de l’intensification des vagues de chaleur et de l’inadaptation des logements pour y faire face. Comme en témoigne le dernier rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés, 3 700 décès ont été attribuables à la chaleur durant l’été 2024 en France. Pour autant, la problématique de surchauffe des logements en été ne figure toujours pas dans la définition légale de la précarité énergétique, ni dans celle de la rénovation globale et performante.
Après la décision incohérente du Gouvernement de suspendre, cet été, l’aide MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur, les seuls leviers actionnés pour atténuer les effets dramatiques sur la santé des occupants de ces logements lors des épisodes caniculaires sont pour l’heure la mise à disposition de guides « d’adaptation des logements ». En effet, en l’absence de mesures concrètes pour amoindrir durablement les effets, les ménages n’ont pas d’autre option que d’appliquer des solutions d’urgence. La plus courante consiste à s’équiper de climatiseurs, dont les ventes explosent chaque été. Or, non seulement ces systèmes sont loin d’être adaptés à tous les logements et systématiquement efficaces, mais, en outre, un climatiseur est un appareil énergivore pouvant, selon EDF, augmenter la facture d’électricité de 15 à 25% par mois pendant les mois d’utilisation. De plus, la grande limite de ces guides de bonne pratique est qu’ils ne prennent pas en compte les inégalités face à la problématique des surchauffes en été. Si nous souffrons en très grande majorité tous et toutes de ces vagues de forte chaleur, nous ne sommes pas exposés aux mêmes risques.
Dans une récente publication, nous avions sonné l’alarme sur ce sujet. A températures égales, les effets sur la santé ne seront pas les mêmes pour les personnes vivant dans les grandes villes, ayant peu d’espace verts à proximité et à la santé fragile, que celles vivant à la campagne ou étant en bonne santé. Sans surprise, ces risques se cumulent et sont amplifiés dans les milieux défavorisés…
Face à ces constats accablants, il est indispensable d’intégrer dans le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) la notion de confort thermique en été et de faciliter la réalisation des travaux de rénovation énergétique en ciblant les aides et l’accompagnement à la rénovation. Sur le court terme, et en l’absence de mesure concrète et pérenne pour éradiquer ce phénomène, il est nécessaire, pour protéger les locataires, d’intégrer la notion de confort d’été aux critères de décence des logements.
Aux côtés des associations de luttes contre le mal logement, l’UFC-Que Choisir continuera de faire pression sur les pouvoirs publics pour déployer des mesures concrètes pour éradiquer les bouilloires thermiques et garantir aux ménages des logements viables en période de forte chaleur.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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