BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Glyphosate

Ras-le-bol du double discours des pouvoirs publics français !

L’autorisation d’utiliser le glyphosate expirant fin 2022, les autorités européennes ont lancé la procédure de réévaluation de cette substance. Mais alors que vient de s’achever une consultation du public sur des aspects scientifiques particulièrement ardus, je ne peux que dénoncer cette parodie d’apparence démocratique qui masque bien mal la volonté délibérée des autorités européennes mais aussi françaises de réautoriser le glyphosate. Quoi qu’il en coûte.

Pourtant, depuis l’alerte lancée en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) le classant comme cancérogène probable, les preuves de l’omniprésence de ce pesticide dans les aliments et autres produits de grande consommation se sont accumulées. En 2016, une ONG environnementale allemande et nos homologues de Suisse romande, dénonçaient sa présence dans la totalité des bières analysées à des doses allant jusqu’à 300 fois la limite définie pour l’eau potable ! De même, les tests comparatifs réalisés par l’UFC-Que Choisir ont mis en évidence sa présence dans des produits aussi divers que des couches pour bébé (2018), des mueslis, des steaks de soja (2019) ou encore du thé (2021).

Parallèlement, dès 2017 les consommateurs ont massivement exprimé leur volonté de voir interdire le glyphosate à travers la pétition lancée au niveau européen par les ONG environnementales qui a suscité pas moins de 1,3 million de signatures. Se faisant l’écho de cette demande citoyenne, le Parlement européen a exigé une refonte et la transparence totale des procédures d’autorisation des pesticides, plus particulièrement pour le glyphosate. Mais faisant fi de ces appels, les autorités européennes ont non seulement prolongé en 2017 l’autorisation du glyphosate pour 5 ans, mais elles n’ont rien changé, ou à la marge, aux procédures d’examen des pesticides qui restent toujours scandaleusement lacunaires. Ainsi Générations Futures vient de démontrer que les quatre États membres, dont la France, chargés de préparer le dossier scientifique ont fait preuve d’un déplorable parti pris en ne piochant que 30 études scientifiques indépendantes sur le sujet parmi les 7 000 réalisées (soit seulement 0,4 %), alors qu’ils ont gardé la totalité des études transmises par les fabricants de pesticides. Cette manière scandaleuse de sélectionner les études explique que le rapport préliminaire publié en septembre dernier sur le site internet de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) puisse affirmer benoitement "qu'aucune classification de danger cancérogène n'est justifiée pour le glyphosate".

Pour en finir avec le glyphosate, l’UFC-Que Choisir, au côté de 36 ONG, a soutenu une nouvelle pétition qui en à peine plus d’un mois a déjà réuni 345 000 signataires. Nous exigeons bien entendu que cette forte attente consumériste et les études indépendantes alarmantes soient prises en compte dans le cadre de la consultation européenne. Pour autant, nous ne sommes pas dupes de la réautorisation qui se profile sur la base d’un dossier scientifique outrageusement biaisé. Car au-delà des annonces présidentielles abondamment relayées, en premier lieu d’une interdiction du glyphosate, et maintenant d’une sortie généralisée des pesticides, c’est en réalité un énième triomphe du lobby agro-industriel des pesticides qui se prépare avec le soutien actif des pouvoirs publics français. Combien de temps encore la société française acceptera-t-elle cette duplicité contraire à l’intérêt public ? C’est pourquoi, fort de cette volonté déterminée des consommateurs français, j’exhorte le Président Emmanuel MACRON à honorer son engagement de sortir des pesticides et en conséquence à s’opposer publiquement au renouvellement de l’autorisation de ce pesticide toxique en Europe, dont la France assurera la Présidence en janvier, pour obtenir son interdiction dès 2023.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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