
par Cyril Brosset
par Cyril Brosset
Face à un calendrier qu’elles jugent « irréaliste », plusieurs fédérations demandent à Orange de repousser de 2 ans l’arrêt de la technologie mobile 2G, prévu pour 2026.
Alors qu’ils déploient à tour de bras la 5G, la 5G+ et que la 6G est dans les tuyaux, les opérateurs entendent bien mettre à l’arrêt leurs réseaux les plus anciens. Les échéances sont même fixées : la 2G s’éteindra au cours de l’année 2026, et la 3G entre 2028 et 2029. Fermer les réseaux anciens est assez logique. Il ne serait pas raisonnable, en effet, de continuer à entretenir des équipements énergivores, à la sécurité défaillante et à l’utilité relative. Pour autant, une telle opération ne doit pas se faire à la légère, de nombreux acteurs utilisant encore ces réseaux.
Il y a d’une part les consommateurs eux-mêmes. On estime que près de 1 million de Français disposent encore d’un téléphone fonctionnant en 2G ou en 3G. Ils n’auront pas d’autre choix que de changer de terminal. Les opérateurs ont déjà commencé à contacter les abonnés concernés, mais force est de constater que le rythme de basculement est bien trop lent.
Il y a surtout de nombreux professionnels. Les installateurs d’ascenseurs, les fabricants de systèmes de téléassistance ou d’alarme, et même des constructeurs automobiles utilisent la 2G pour faire communiquer leurs équipements avec leurs serveurs. Si rien n’est fait, ils pourraient s’arrêter de fonctionner du jour au lendemain.
On n’en est pas encore là, mais les alertes s’enchaînent. Après l’Assemblée nationale en février et la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP) en avril, c’est au tour des fédérations des entreprises de services à la personne (FESP) et de l’industrie des solutions électriques et numériques du bâtiment (Ignes) de demander, devant la Commission développement durable du Sénat, le report de 2 ans de cette décision.
Selon elles, les entreprises qu’elles représentent seront dans l’incapacité de respecter les délais imposés. « Elles ont besoin de plus de temps pour développer des solutions alternatives et convaincre chaque client de la nécessité de changer un équipement qui fonctionne. Elles doivent en outre recruter et former suffisamment de techniciens pour déployer ces installations », prévient Brice Brandenburg, le responsable des affaires publiques de l’Ignes. « Il sera très compliqué de remplacer dans les délais les 300 000 systèmes de téléassistance concernés, et ce d’autant plus que les structures qui les gèrent peuvent être des collectivités, des associations ou des services publics, et que les tarifs sont encadrés », alerte Brice Alzon, le président de la FESP.
Orange, de son côté, dénonce un manque d’anticipation des acteurs du secteur, ce que ces derniers contestent, déplorant plutôt un dialogue compliqué. « En 2022, sur la base des informations techniques qu’on nous avait fournies, nous avions lancé le développement d’équipements utilisant la technologie NTEM, avant de découvrir que, finalement, celle-ci ne serait pas adaptée, se souvient Brice Brandenburg. Nous avons donc été obligés de relancer de nouvelles études. L’autre difficulté, c’est que nos équipements sont conçus pour durer 15 à 20 ans, alors que les technologies se succèdent de plus en plus rapidement ». En tout cas, une chose est sûre selon lui, « si tout le monde s’obstine, on va dans le mur ».
Cyril Brosset
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