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Biodéchets (infographie)Toujours pas de solution de tri à la source pour la moitié des collectivités

Fabrice Pouliquen
Noé Bauduin

par Fabrice Pouliquen, Noé Bauduin

Depuis le 1er janvier 2024, les collectivités locales ont l’obligation de déployer des solutions de tri des biodéchets auprès de leurs habitants. Un peu plus d’une commune sur deux l’a fait, selon notre sondage auquel ont répondu plus de 10 000 de nos lecteurs. En voici les principaux enseignements.

Restes de repas, épluchures, marc de café, sachets de thé, fleurs fanées… Chaque année, les ménages français génèrent environ 18 millions de tonnes de biodéchets. La meilleure façon de les valoriser est de les composter pour obtenir un fertilisant précieux pour nos sols et plantes. Encore faut-il sortir cette ressource de la poubelle grise, là où elle finit encore très majoritairement avec le reste de nos ordures non triées.

Depuis le 1er janvier 2024, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), transposant une directive européenne, impose aux collectivités ayant la compétence « déchet » sur leurs territoires – la communauté de communes le plus souvent ‒ de déployer des solutions de tri des biodéchets. L’ont-elles réellement fait ? Nous avons sondé les inscrits à notre newsletter hebdomadaire et récolté 10 193 réponses. Pas loin d’être un record.

Un peu plus d’un répondant sur deux couverts par une solution de tri

Un peu plus d’un répondant (53 %) sur deux assure que sa commune a mis en place des solutions de tri des biodéchets. Ils sont 38 % à dire le contraire et 9 % à ne pas savoir. Sans doute que dans les 38 % de nos sondés nous ayant répondu non, une partie ignore en réalité les solutions mises en place par leur collectivité. Mais cette méconnaissance traduit alors un manque de communication des collectivités sur ce qu’elles ont mis en place. Un point clé pourtant pour que ça marche, pour ne pas dire la moitié du travail.

Quoi qu’il en soit, le constat est sans appel : l’aide au tri à la source des biodéchets par les collectivités est loin d’être une réalité partout, comme ça le devrait. Les grandes villes semblent s’être mobilisées un peu plus. Parmi ceux qui y vivent, 71 % de nos répondants disent bénéficier d’une solution de tri, contre moins de 50 % en zone rurale.

→ Lire aussi : Biodéchets - La France aux fraises sur le tri à la source ?

Distribution de composteurs et collectes en point d’apport volontaire

Trois grandes solutions de tri à la source des biodéchets sont déployées par les collectivités. La première, la plus simple à mettre en place, est l’aide à l’installation de composteur au domicile. Parmi les 53 % de nos répondants à bénéficier d’une solution de tri, 55 % bénéficient de celle-ci. À noter tout de même que l’installation n’est pas toujours gratuite. Pour 35 % de nos répondants équipés par leur collectivité, ils ont dû payer une partie ou ont reçu un bon d’achat. Ce compostage à domicile convient bien en zones rurales, du moins là où l’habitat est principalement composé de maisons avec jardin.

En zone urbaine ou périurbaine, le tri à la source des biodéchets implique bien souvent de les collecter auprès des ménages pour les acheminer vers des plateformes industrielles de compostage. Deux solutions s’offrent alors aux collectivités : la collecte en porte-à-porte, directement au domicile, ou en points d’apport volontaire (PAV). Dans ce deuxième cas de figure, les ménages sont priés de déposer leurs sacs de biodéchets dans des bacs disposés sur la voirie. Près des deux tiers (62 %) de nos répondants couverts par une solution de tri des biodéchets ont celle-ci à disposition. La collecte à domicile reste rare. Seuls 22 % de nos répondants, parmi ceux disposant d’une solution de tri, disent en bénéficier. Et pour cause : elle est complexe et coûteuse.

Quoi qu’il en soit, une solution est rarement déployée seule. Selon notre enquête, 65 % des collectivités aidant à l’installation de composteurs à domicile proposent aussi une collecte en PAV ou, plus rarement, à domicile.

Des solutions qui dopent le tri

Les deux tiers (62 %) de nos répondants habitant des communes où rien n’a été mis en place assurent tout de même trier leurs biodéchets. Via alors un composteur de jardin ou un lombricomposteur (plus adapté aux appartements) qu’on suppose acheté à leurs frais. Cette part augmente de plus de 20 points (83 %) lorsqu’une solution de tri est déployée, preuve donc qu’elles sont efficaces. On atteint même 88 % pour la collecte à domicile.

La redevance incitative a également un effet positif. Les communes peuvent l’instaurer en remplacement de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Le particulier est alors facturé du traitement de ses ordures en fonction du volume qu’il a déposé dans sa poubelle grise, ce qui l’incite ainsi à trier le plus possible en amont. Et ça marche : nos répondants habitant des territoires où des solutions de tri et la redevance ont été instaurées conjointement sont 91 % à trier leurs biodéchets. Toutefois, ce cas de figure est rare. À peine 13 % des collectivités locales qui ont déployé des solutions de tri des biodéchets l’ont instaurée.

Un point d’apport volontaire à moins de 250 mètres

Même si les niveaux moyens de satisfaction sont proches (autour de 8/10), la collecte à domicile ressort de notre enquête comme la solution la plus appréciée. Toutefois, un ramassage des poubelles trop peu fréquent agace rapidement. Une fois par semaine, comme c’est le cas le plus souvent (62 %), est insuffisant l’été, signalent plusieurs de nos répondants qui se plaignent alors des odeurs et de la prolifération d’insectes et asticots.

Ces deux nuisances sont aussi les plus remontées sur la collecte en point d’apport volontaire. Mais, pour cette solution, un troisième critère apparaît tout aussi crucial : la distance du point d’apport le plus proche de son domicile. Parmi nos répondants, 47 % habitent à plus de 250 mètres. Or, dans ce cas de figure, la satisfaction chute de 8,3 à 7,1.

Des ménages qui n’ont pas toujours attendu leurs élus

On l’a dit, sur nos 10 193 répondants, 53 % bénéficient d’une solution de tri de leurs biodéchets proposée par leurs collectivités. Mais la plupart trient leurs biodéchets puisqu’ils sont 59 % à dire le faire systématiquement et 14 % la majorité du temps. Au passage, 52 % disent trier leurs déchets depuis plus de 6 ans, bien avant donc l’obligation pour les communes de déployer des solutions.

Le tri des biodéchets apparaît bien plus ancré en zone rurale (84 % de nos répondants y vivant trient) et périurbaine (81 %) que dans les grandes villes (67 %) et leurs banlieues (66 %). On trie plus également en maison (80 %) qu’en appartement (56 %). Pas étonnant : l’installation d’un composteur de jardin est la solution la plus utilisée par nos répondants qui trient (80 %), la seule même pour 58 %.

La grande majorité (84 %) arrive à obtenir du terreau et ils sont plus de 90 % à l’utiliser ensuite. Le hic : le tri des biodéchets est le plus souvent parcellaire. À peine un tiers de nos répondants équipés d’un composteur individuel y mettent leurs restes de viande ou de poisson, contre les deux tiers pour ceux qui ont recours à des solutions collectives. Les premiers disent craindre que ces biodéchets d’origine animale attirent les rongeurs et génèrent de mauvaises odeurs. Une idée reçue contre laquelle bataille le Réseau compost citoyen.

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Fabrice Pouliquen

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