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Concessionnaires automobiles (infographie)

Des conseils pas toujours appropriés

Au moment d’acheter une voiture, le choix de la motorisation est crucial. Il est donc primordial de se poser les bonnes questions pour choisir le véhicule qui correspond à ses besoins. C’est d’autant plus important que, selon notre enquête, les vendeurs en concession ne prêtent pas toujours attention aux besoins réels et qu’ils n’apportent, au final, pas toujours le bon conseil.

Adéquation du discours

Selon le scénario joué par nos enquêteurs (voir la méthodologie), nous avons voulu savoir si les vendeurs proposaient la motorisation la mieux adaptée à l’usage annoncé.

Sur le scénario essence, pas de grosse difficulté pour les concessionnaires, puisque 81 % d’entre eux ont orienté vers des véhicules essence, et donc vers la motorisation attendue. 18 % ont proposé une motorisation acceptable (hybride ou électrique), mais pas optimale pour ce profil. Seuls 1 % n’ont pas du tout visé juste, et ont recommandé un diesel.

Pour la motorisation électrique, gros loupé : les vendeurs ne jouent pas le jeu. En effet, une majorité (64 %) a recommandé une motorisation acceptable, ici l’essence, mais qui n’était pas celle attendue. 1 % a renvoyé vers du diesel et in fine, seuls 35 % ont orienté vers la bonne motorisation. Ce constat, à contre-courant des tendances écologiques et des initiatives des pouvoirs publics en matière de réduction de gaz à effet de serre, semble indiquer un défaut de maîtrise du sujet par les vendeurs ou, a fortiori, un souci d’identification des profils auxquels cette motorisation serait adaptée.

Côté scénario diesel, c’est encore pire ! 20 % seulement des concessionnaires ont prodigué un bon conseil et ont effectivement orienté vers du diesel. Ici encore grosse erreur : pour un profil diesel de gros rouleur, la motorisation diesel reste la plus adaptée car, à puissance égale, elle s’avère moins gourmande et moins émettrice de CO2 qu’une essence. 5 % de concessionnaires ont tout de même proposé une électrique ou hybride à ce profil, et 76 % ont proposé de l’essence, acceptable, mais pas idéal.

Pour l’hybride rechargeable, le score est au plus bas et tout juste 9 % des vendeurs orientent vers ce type de voiture. Comme pour le scénario électrique, on remarque que les habitudes ont la vie dure, avec 88 % de recommandations pour de l’essence et 3 % du diesel.

Surcoût des énergies propres

Variant de 2 500 à plus de 8 000 €, le surcoût d’une motorisation propre, électrique ou hybride rechargeable, est une réalité. Et cela semble être la bête noire des vendeurs car seuls 32 % ont spontanément abordé la question lors de l’échange avec les enquêteurs. 1/3 de ces derniers ont dû poser la question, et pour les 35 % restants, le point n’a même pas été abordé.

Interrogés sur la durée d’amortissement du surcoût d’une voiture verte, 75 % des vendeurs ont annoncé 4 ans, sans différence significative entre une motorisation hybride rechargeable ou électrique. Cette déclaration est hélas très optimiste et surtout erronée pour la motorisation électrique. Il faudra en effet plutôt compter entre 8 et 10 ans pour amortir les 6 424 € de surcoût moyen d’une électrique (tous modèles confondus), à raison d’une recharge à 2,50 € pour 100 km.

L’accès à la prise négligé

Cette question est essentielle, car nos études d’usage montrent que la grande majorité des utilisateurs de système électrique (tout électrique ou hybride rechargeable) restent réticents à l’usage de bornes en dehors du domicile. Ainsi, lors des visites mystères, 37 % des vendeurs ne se sont pas enquis de l’accès à la prise, alors même que la voiture sélectionnée était hybride rechargeable ou électrique.

S’agissant du prix de l’installation, les concessionnaires déclarent un prix moyen de 833 € pour l’installation d’une borne de recharge à domicile.

Le devis souvent oublié

On ne peut pas dire que les concessionnaires soient enclins à donner un devis. Ils sont seulement 64 % à le faire, toutes marques confondues. Dans le détail des constructeurs français historiques, Peugeot tire son épingle du jeu car 73 % des concessions de la marque au lion ont fourni un devis à l’enquêteur. Ce score baisse à 64 % chez Renault mais dégringole à 48 % pour Citroën.

Bonne nouvelle quand même, parmi les propositions de devis, le prix final était en accord avec le budget de départ dans 76 % des cas. Les autres étaient au-dessus.

À noter que 72 % des concessionnaires interrogés ont accordé une remise commerciale aux enquêteurs mystères. Parmi les trois constructeurs français, Peugeot en octroie le plus, avec un taux de 85 %, suivi par Citroën (78 %) et Renault (75 %). Il ne faut donc pas hésiter à négocier un peu avec le vendeur.

Le protocole de notre enquête

Entre le 5 et le 19 mars 2022, les enquêteurs de 76 associations locales de l’UFC-Que Choisir ont testé le discours des vendeurs de 402 concessions situées dans 55 départements en métropole et à la Réunion. Pour ce faire, nous avons établi 4 scénarios d’utilisation correspondant à un type de moteur : diesel, électrique, essence et hybride rechargeable. Chacun se basait sur 3 critères principaux : le nombre de kilomètres parcourus annuellement, la proportion de très courts trajets (moins de 10 km), de courts trajets (50 km), de trajets moyens (300 km) et de longs trajets (900 km) et, enfin, le lieu d’habitation (appartement ou maison) qui conditionne un accès facile à la prise.

Yves Martin

Yves Martin

Rédacteur

Sandrine Girollet

Sandrine Girollet

Observatoire de la consommation

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