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Il n’y aura pas de champagne à prix cassé à Noël

La crise économique liée à l’épidémie de Covid-19 a fortement affecté les ventes de champagne : elles devraient baisser de 60 à 100 millions de bouteilles en 2020. Mais pour le vignoble champenois, il est hors de question de casser son image haut de gamme en bradant ses flacons, qui seront stockés en attendant des jours meilleurs.

Pour tenter de relancer leur activité malgré les effets de l’épidémie de coronavirus, plusieurs secteurs ont décidé de casser les prix, à l’image de l’aérien ou de l’automobile. Le champagne n’est pas de ceux-là, malgré des ventes en chute libre depuis le mois de mars. La fermeture des frontières, des cafés, hôtels et restaurants (qui représentent plus d’un tiers des ventes), l’interdiction des rassemblements familiaux et tout simplement le moral en berne des ménages ont entraîné une chute des expéditions de bouteilles de 21,9 % en mars, 68 % en avril, 56 % en mai, 17,1 % en juin et 24,9 % en juillet, selon les chiffres du Syndicat général des vignerons (SGV) de la Champagne. « C’est un choc économique colossal, qui n’a pas eu d’équivalent depuis la deuxième guerre mondiale », a alerté Maxime Toubart, président du SGV, le 16 septembre lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat. La crise est d’autant plus inédite qu’habituellement, lors des années difficiles, un pays sert toujours « d’amortisseur » à la filière. Ce qui n’est pas le cas cette fois.

Résultat, le vignoble espère écouler 240 millions de bouteilles en 2020. Ou, dans le pire des cas, ne pas tomber sous les 200 millions. Des chiffres bien loin des 300 millions de bouteilles vendues en 2019. Ces dizaines de millions de bouteilles invendues ne seront néanmoins pas bradées. « Venir perturber la filière avec des prix cassés mettrait à mal les entreprises ainsi que les démarches d’image et de valorisation mises en place depuis des années, de même que notre démarche environnementale, a expliqué Maxime Toubard. S’il y a toujours eu des promotions de fin d’année, il faut surveiller qu’elles ne dévient pas sur des volumes trop importants. » En clair : le Champagne n’a pas vocation à être un produit d’appel avec des promotions du type « une bouteille achetée, une bouteille offerte ». Une position peu surprenante lorsque l’on sait que le vignoble champenois était un fervent partisan de la loi Egalim, en 2018, qui avait abouti à un renforcement de l'encadrement des promotions sur les produits alimentaires.

Baisse des rendements pour éviter la surproduction

Alors que 1,25 milliard de bouteilles dorment déjà dans les caves champenoises, soit environ quatre années de stocks, le vignoble a donc choisi de baisser ses rendements pour éviter la surproduction. Pour la récolte 2020, qui s’est terminée fin août, ils ont été limités à 8 000 kg de raisins par hectare, dont 1 000 kilos tirables en fonction du marché en janvier 2021. Cela signifie que si les ventes passent sous la barre des 200 millions de bouteilles cette année, la production sera limitée à 7 000 kg/ha. La tonne de différence sera une avance sur la récolte 2021. À titre de comparaison, le rendement maximal autorisé était de 10 200 kg/ha lors de la récolte 2019. Ces 8 000 kg/ha représentent une capacité de production de 230 millions de bouteilles environ, soit 20 % de moins qu’en 2019. De quoi absorber le surplus de bouteilles accumulées cette année.

Une bonne nouvelle néanmoins : les conditions météorologiques favorables, notamment l’été très sec, ont offert une récolte de très grande qualité, avec des grappes dans un excellent état sanitaire. Cette belle récolte associée à la baisse des rendements autorisés – qui incite à ne cueillir que les meilleures grappes – pourraient faire de 2020 un beau millésime !

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