Anne-Sophie Stamane
DiabèteGuide périmé
La Haute Autorité de santé (HAS) met à disposition des médecins des documents officiels pour mettre en place le protocole de soins des patients diabétiques pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Mais les recommandations ne sont pas à jour : elles intègrent des médicaments suspendus ou sous surveillance renforcée.
C’est, de nouveau, le Formindep, collectif pour une formation médicale indépendante, qui a levé le lièvre : les documents de la Haute Autorité de santé (HAS) censé aider les médecins à établir le protocole de soins de leurs patients diabétiques n’est pas à jour. En particulier, la « liste des actes et prestations » pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale pour les patients reconnus en affection de longue durée (ALD), datée de novembre 2010, comporte des aberrations de taille. Exemple : la pioglitazone (Actos, Competact) est citée parmi les traitements pharmacologiques de référence. Cette molécule est pourtant suspendue depuis un an sur décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en raison d’un risque de cancer de la vessie. Une réévaluation européenne est en cours. Moins grave mais tout aussi anormal, des médicaments placés sous surveillance renforcée sont également mentionnés, sans avertissement particulier. Il s’agit de l’exénatide, de la sitagliptine et de la vildagliptine.
Ce n’est pas la première fois que la HAS est prise en défaut sur le traitement du diabète. En avril 2011, la recommandation qui sert de socle scientifique aux guides pratiques à destination des médecins et patients avait été abrogée par le Conseil d’État. Cette décision venait sanctionner le non-respect des règles sur les liens de ses experts avec l’industrie pharmaceutique.
Mise à jour du 6 juillet 2012
La Haute autorité de Santé (HAS) a tout récemment mis à jour la liste des actes et prestations sur laquelle s’appuient les médecins pour élaborer le traitement de leurs patients diabétiques. Publiée sur leur site Internet, l’actualisation ne comporte plus de référence à la pioglitazone (Actos, Competact). Il était temps de rectifier le tir, car cette molécule est suspendue depuis plus d’un an. L’exénatide, la sitagliptine et la vildagliptine sont toujours mentionnées. Ces molécules font l’objet d’un plan de gestion des risques (PGR), c’est-à-dire qu’elles sont sous surveillance.