ACTUALITÉ
Mélatonine

Alerte sur les compléments alimentaires

L’Agence de l’alimentation (Anses) a rendu un avis sur les dangers des compléments alimentaires à base de mélatonine. Elle en pointe plusieurs effets indésirables et en déconseille la consommation à une partie de la population. Ces produits devraient sans doute être rangés au rayon des médicaments.

Ils s’appellent EuphytoseNuit, Arkorelax Sommeil, Novanuit, Somniphyt 30 mélatonine… Ces produits à base de mélatonine se sont multipliés au rayon des compléments alimentaires. La mélatonine est une hormone, fabriquée naturellement par l’organisme dès la fin du jour et pendant une grande partie de la nuit, impliquée dans les rythmes et le sommeil. Les promesses de ces produits vont dans ce sens : un « endormissement plus rapide », un « réveil sans somnolence », le tout « sans accoutumance » ! Des arguments séduisants pour les très nombreuses personnes qui souffrent d’un mauvais sommeil. De fait, les ventes de ces produits sont estimées à 1,4 million de boîtes par an.

Des effets paradoxaux mais connus

Dans ce contexte, le récent avis de l’Anses sur les « risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine » résonne comme un coup de gong. La mélatonine peut provoquer des effets indésirables. Les principaux mis en avant sont d’ordre général, comme des maux de tête ou des somnolences, des troubles gastroentérologiques (nausées, vomissements, douleurs abdominales). Des troubles psychiatriques (cauchemars, irritabilité) ont également été décrits. On est loin de la paisible nuit promise !

Ces effets ne sont pas inattendus. La somnolence est même plutôt rassurante pour un produit censé aider à s’endormir ! Quant aux autres, ils s’expliquent notamment par le fait que la mélatonine exerce différentes actions dans l’organisme : elle joue sur la modulation de l’humeur, le système immunitaire, la régulation de la température corporelle, etc. D’ailleurs, ces effets indésirables faisaient déjà partie de la longue liste des effets indésirables de la notice du Circadin, un médicament qui contient de la mélatonine.

Déconseillée à de nombreuses personnes

C’est bien le problème avec la mélatonine. Sur la base d’une bizarrerie réglementaire, cette substance active est considérée comme un aliment et vendu sans précaution particulière quand elle est dosée à moins de 2 mg. Mais dès lors que la dose journalière atteint 2 mg, elle devient un médicament, avec tout l’arsenal réglementaire qui l’entoure, vendu uniquement sur ordonnance de surcroît. Cette incohérence explique que l’avis de l’Anses semble très sévère. L’Agence en déconseille complètement l’usage aux femmes enceintes et allaitantes, aux nourrissons et aux enfants ainsi qu’aux personnes atteintes de maladies inflammatoires ou auto-immunes. Elle recommande aux personnes souffrant d’épilepsie, d’asthme ou de troubles de l’humeur de ne pas en prendre sans avis médical. Et elle souligne, à raison, qu’il existe des interactions avec de nombreux médicaments.

Reste que cet avis sur la mélatonine est partiel. Car il n’envisage que les défauts de cette substance, sans les mettre en regard de potentiels bienfaits. La question complémentaire et essentielle qui est : « quelle est son efficacité pour mieux dormir ? » ne relève pas de l’Anses mais de l’Agence du médicament (ANSM). Les effets indésirables de la mélatonine, disproportionnés pour une substance alimentaire, sont pourtant moins graves que ceux des somnifères classiques comme les benzodiazépines (fatigue, chutes, troubles de la mémoire, dépendance, etc.). La classer comme un médicament permettrait d’affiner son évaluation et de mieux cibler les personnes susceptibles d’en bénéficier.

Perrine Vennetier

Perrine Vennetier

Rédactrice en chef

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