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Des marques accusées de bénéficier du travail forcé des Ouïghours

Zara, Uniqlo, Sandro-Maje-Claudie Pierlot, Skechers : quatre multinationales sont visées par une plainte d’associations les accusant d’être complices de l’exploitation de la minorité musulmane de Chine.

Inciter les entreprises du textile à assumer enfin leurs responsabilités vis-à-vis des pratiques de leurs sous-traitants, tel est l’objectif d’une plainte déposée contre Inditex (marques Zara, Bershka, Pull and Bear, Massimo Dutti), Uniqlo, SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot, De Fursac) et Skechers. Cette initiative réunit les associations Sherpa et Collectif éthique sur l’étiquette (déjà à l’origine de différentes actions en justice dénonçant le double discours de certaines marques en matière d’éthique) mais aussi l’Institut ouïghour d’Europe et une Ouïghoure rescapée des camps de travail.

L’action vise en effet l’implication de ces entreprises dans le travail forcé imposé à cette minorité musulmane victime d’une répression féroce de la part du gouvernement chinois. À travers les qualifications pénales choisies, les plaignants entendent démontrer que les entreprises visées connaissent les conditions de production des articles qu’elles vendent et sont donc complices des crimes commis contre les Ouïghours. La plainte est en effet déposée sur des fondements inédits : recel (1) de travail forcé, recel de crime de réduction en servitude aggravée, de crime de traite des êtres humains en bande organisée, de crime de génocide et de crime contre l’humanité.

De nombreuses autres marques concernées

Pourquoi ces quatre multinationales ? « Ce sont celles sur lesquelles nous disposions d’éléments factuels les plus convaincants, mais l’enquête préliminaire devra élargir le champ de recherche et nous l’y aiderons. D’autres entreprises ne perdent rien pour attendre », a déclaré William Bourdon, l’avocat des plaignants, lundi, lors d’une conférence de presse. Près de 20 % du coton produit dans le monde l’est dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, c’est dire que de nombreuses marques risquent d’être concernées. Une série de plaintes doit se déployer dans les prochains mois dans divers pays européens.

Depuis plusieurs mois, partout dans le monde, les multinationales de la mode sont interpellées par des associations ou sur les réseaux sociaux au sujet de leur implication dans l’exploitation des Ouïghours. Mais lorsqu’elles s’engagent à ne pas s’approvisionner dans le Xinjiang, le gouvernement chinois réagit vertement. Or, comme la Chine est un marché gigantesque, certaines préfèrent faire profil bas. C’est ainsi que le groupe Inditex (Zara) a récemment supprimé de son site une page intitulée « Zéro tolérance envers le travail forcé » évoquant le sort des Ouïghours (voir captures d’écran ci-dessous).

« Ces marques font entrer un crime contre l’humanité dans notre vie quotidienne. À travers nos achats, nous pouvons y participer », a fait remarquer l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, très impliqué dans la défense du peuple ouïghour, lors de la conférence de presse. Malheureusement, pour l’heure, il est très difficile pour le consommateur de savoir si le vêtement qu’il achète est produit de façon éthique. Et ce, quelle que soit la marque.

Le groupe Inditex a supprimé de son site une page évoquant le travail forcé des Ouïghours.

(1)  En droit, le recel est le fait de bénéficier, par tout moyen, du produit d’un crime ou d’un délit en connaissance de cause.

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