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Produits Les Nouveaux Fermiers

Nouveaux et surtout ultratransformés !

Certaines marques alimentaires ont beau afficher une brassée de promesses autour d’une nourriture saine, elles en sont parfois loin. Ainsi, les produits des Nouveaux Fermiers, qui proposent des steaks, aiguillettes et nuggets végétaux, ne sont en rien fermiers, mais bel et bien ultratransformés.

Le marketing est aux petits oignons : le site Internet de la start-up Les Nouveaux Fermiers promet en préambule « une nouvelle aventure culinaire, française, 100 % à base de plantes ». Rassurant. Ça doit être issu de l’agriculture bio, française, ils vont proposer des plats savoureux à base de lentilles et de boulgour… En fait non, pas du tout. La couleur de la page a beau imiter celle d’un papier recyclé et le logo afficher un petit cœur vert, les produits vendus par Les Nouveaux Fermiers n’ont pas grand-chose de « naturel », ni de « fermier ».

Les principaux produits commercialisés par Les Nouveaux Fermiers.

Si la promesse d’un aliment « sain » est abondamment affichée, il ne suffit pas pour cela d’annoncer que les ingrédients végétaux sont « naturels » et « locaux ». Ainsi, les végétaux utilisés ne sont pas issus de l’agriculture biologique. Dans les nuggets, le premier ingrédient (après l’eau) est de l’huile de tournesol. Le site annonce un certain nombre d’engagements, comme « sans OGM » et « sans huile de coco ». Très bien, sauf que c’est le cas de la plupart des aliments. L’engagement « sans colorant artificiel » est assez facile à tenir, car leur utilisation est interdite par la réglementation dans ce type de plats ! Par honnêteté, cette mention appellerait donc à tout le moins la précision « conformément à la réglementation ». C’est la betterave qui a généralement la préférence des fabricants pour imiter la teinte rouge de la viande – et qui est d’ailleurs utilisée ici. En revanche, ne cherchez pas la promesse du « sans additifs », elle ne figure nulle part car des additifs alimentaires sont bien présents.

Parmi les ingrédients des steaks végétaux, le colorant poudre de betterave (jus de betterave concentré, maltodextrine, acide citrique) apporte sa teinte rouge à la viande.

Ces produits sont manufacturés en usine, et une partie des ingrédients sont caractéristiques de l’ultratransformation, dont le PNNS (plan national nutrition santé) recommande de limiter la consommation (lire encadré) : protéines de blé ou de soja pour texturer l’ensemble, amidon de pomme de terre pour retenir l’eau, arômes pour apporter du parfum, dextrose pour sucrer le tout… Reconnaissons-leur néanmoins le bon dosage d’huile, sel et sucre, puisque les aiguillettes et le steak sont Nutri-Score A, tandis que les nuggets affichent un honorable C.

Du fermier d’usine

Enfin, les termes « nouveaux » et « fermiers » jouent sur les images que le consommateur va projeter : un fermier est forcément un petit producteur, à l’opposé de l’industrialisation du secteur alimentaire. Et s’il est « nouveau », cela signifie probablement qu’il embrasse la tendance actuelle biologique, de circuit court, de consommation responsable et ancrée dans les problématiques de climat et de biodiversité. Or c’est plutôt tout le contraire. Il s’agit d’une start-up dont les sources de financement ne sont pas spécialement bucoliques : des business angels et la Banque publique d’investissement (BPI France) ont apporté deux millions d’euros lors de levées de fonds en début d’année. Parmi les financeurs figurent Adrien de Schompré, cofondateur de la chaîne Sushi Shop, Philippe Cantet, ancien fondateur des jus de fruits Innocent, mais aussi Xavier Niel, le richissime homme d’affaires (Free, Iliad, groupe Le Monde…). Pas vraiment des agriculteurs en cotte et en bottes !

Végétarien ne rime pas toujours avec sain

Comment les végétariens et les végétaliens équilibrent-ils leur régime sans viande ? Ils mangent davantage d’aliments ultratransformés (AUT), qui sont dans l’ensemble de moins bonne qualité nutritionnelle que les produits moins transformés. C’est ce qui ressort d’une étude menée par le laboratoire EREN sur 21 212 personnes de la cohorte NutriNet Santé (1). Les chercheurs ont étudié les menus de 19 812 consommateurs de viande, 646 pescovégétariens (qui consomment du poisson mais pas de viande), 500 végétariens et 254 végétaliens. Il en ressort que plus ces personnes évitent la viande et les produits animaux, plus elles ont tendance à consommer des substituts végétaux à la viande ou aux produits laitiers sous la forme d’aliments ultratransformés (AUT). Ces derniers apportent 33 % des apports énergétiques pour les mangeurs de viande et 32,5 % pour les pescovégétariens, mais respectivement 37 % et 39,5 % pour les végétariens et les végans. Or, la part d’AUT dans les régimes est inversement corrélée à la qualité nutritionnelle de ces régimes.

Proscrire la viande, les œufs et le lait ne conduit donc pas forcément à un régime alimentaire plus sain, si cet évitement est compensé par la consommation de substituts ultratransformés.

(1) Publiée dans The Journal of Nutrition, le 21 juillet 2020.

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