Fabienne Maleysson
Des prix en trompe-l’œil
Éminemment variables, les prix affichés des rouges à lèvres ne sont que peu informatifs. Pas moyen de s’y fier pour savoir si on en aura pour son argent.
De 8 € à 39 €, la fourchette de prix des rouges à lèvres que nous avons testés est large. Mais se contenter du montant indiqué sur l’étiquette serait une erreur. D’abord parce que, même si la taille des produits semble à première vue similaire, le poids des bâtons peut varier quasiment du simple au double. Ainsi, les contenances annoncées sur les références testées vont de 2,4 g à 4,5 g. Et dans certains cas, le fabricant ne consent même pas à donner cette information élémentaire aux consommatrices, s’appuyant sur la réglementation qui rend cette indication facultative en dessous de 5 g.
Même lorsque le poids est précisé, difficile de comparer les prix puisque, contrairement aux produits d’hygiène de base, le maquillage n’est pas concerné par l’affichage en magasin du prix au kilogramme ou au litre. Perplexe devant le rayon rouges à lèvres de son magasin, la consommatrice ne peut s’en remettre qu’à sa calculette. À condition de maîtriser la règle de trois.
Autre obstacle à une comparaison pertinente, les rouges à lèvres ne peuvent pas être utilisés jusqu’au bout. Il reste toujours une certaine quantité de produit à l’intérieur du tube, dont on ne peut profiter qu’en se munissant d’un accessoire (bâtonnet, pinceau) pour le récupérer. Pas pratique, notamment en cas de retouche indispensable pendant la journée. Le laboratoire qui a analysé les produits de notre test a coupé les bâtons au ras du tube. Dans plusieurs cas, un tiers du rouge reste à l’intérieur et, pour le plus mal conçu, cette proportion atteint même la moitié ! D’où ce constat étonnant sur deux des rouges testés : alors que leur prix affiché va du simple au double, le prix au gramme utilisable est équivalent. Dernier facteur jouant sur le prix réel : la tenue. Entre un produit irréprochable sur ce plan et un autre pour lequel de nombreuses retouches sont nécessaires, le coût à l’usage est différent.
La seule certitude, c’est que les prix grimpent plus vite que le pouvoir d’achat. Par curiosité, nous avons relevé ceux des rouges testés lors de notre précédent essai comparatif en 1999. Certes, ce ne sont pas strictement les mêmes produits qu’aujourd’hui mais ils ne sont pas fondamentalement différents. Or, trois références de milieu de gamme (L’Oréal, Gemey, Bourjois) ont augmenté de 60 % à 85 % tandis que le prix du Chanel faisait plus que doubler (+132 %).
→ Retrouvez les résultats de notre test portant sur 18 rouges à lèvres.
Gaëlle Landry
Rédactrice technique