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Traitements médicaux

Cheval de Troie

La loi Hôpital a entériné le principe de programmes pour aider les malades à s'approprier leur traitement. Reste à empêcher l'industrie pharmaceutique, pressentie pour dispenser les gestes techniques, de profiter de l'occasion pour exercer son influence directement auprès des patients.

Apprendre à prendre son médicament, c'est indispensable dans des maladies comme le diabète, mais c'est parfois technique. Il faut mesurer sa glycémie, calculer quelle quantité d'insuline s'injecter et savoir se servir d'un stylo injecteur. Pour aider les patients, la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoire (HPST) prévoit des programmes d'apprentissage et de formation...

Sur le fond, l'intention n'est pas mauvaise. Mais le risque est grand que l'industrie pharmaceutique, qui concevra cette « éducation thérapeutique », en profite pour établir un contact direct avec les patients. Ce danger avait déjà été souligné, fin 2007, par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Dans ce contexte, le décret d'application à venir revêt une importance capitale. Il s'agit de poser des interdits clairs. Or, selon le collectif Europe et Médicament (dont font partie l'UFC-Que Choisir, la revue médicale indépendante « Prescrire », la Mutualité française, etc.), qui a eu connaissance des intentions du ministère de la Santé, les garanties envisagées ne sont pas suffisantes.

Dérives commerciales

Si le principe de la prescription du programme par le médecin et de son application par un opérateur choisi et payé par le laboratoire ne fait plus débat, l'encadrement par les autorités de santé laisse à désirer. Certes, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) donnera ou non le feu vert, mais il n'est pas prévu d'imposer des critères de qualité à l'« opérateur » au coeur du dispositif : c'est le laboratoire qui le choisit « en fonction des garanties d'indépendance qu'il présente [...] ». D'où de possibles dérives commerciales. Par ailleurs, il n'est pas explicitement interdit à l'opérateur d'exploiter les données personnelles et de les transmettre. Le consentement écrit du patient n'est pas obligatoire. Enfin, la rémunération du patient et du médecin prescripteur n'est pas clairement proscrite. Le décret est donc à améliorer, afin que le contenu des programmes d'apprentissage s'apparente le moins possible à de la publicité.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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