Yves Martin
Les bornes de recharge et l’autonomie déçoivent
Notre enquête auprès de plusieurs milliers de lecteurs le montre, la voiture électrique convainc largement ses utilisateurs. Néanmoins, à l’usage, deux points noirs perdurent : les problèmes rencontrés avec la recharge sur les bornes publiques et l’autonomie.
Rarement la seule voiture du foyer
Dans la majorité des cas, la voiture électrique n’est pas la seule du foyer et est généralement associée à un autre véhicule thermique (57 % des cas) ou hybride (8 %). À noter que la voiture électrique a été achetée neuve pour 83 % des propriétaires.
En ce qui concerne le type de carrosserie, les SUV se démarquent avec 39 %, suivis des citadines à 33 %, des routières à 16 % et enfin des compactes à 12 %. Les deux modèles les plus achetés sont la Renault Zoe (14 %) et la Tesla Model 3 (13 %). La Peugeot e-208 et la MG 4, à égalité, complètent le podium mais l’écart se creuse et elles ne représentent que 7 % des achats.
En outre, la progression des SUV par rapport à notre précédente enquête de 2022 (27 %) est de 12 points. Cela s’explique certainement par l’intérêt des automobilistes pour ces véhicules qui offrent une position de conduite élevée et rassurante mais aussi leur meilleure autonomie.
Première motivation d’achat : les économies de carburant
Pour 42 % des répondants, les économies de carburant sont la première motivation qui les a fait passer à l’électrique. Chez les moins de 55 ans, c’est même le cas pour 53 % des acheteurs d’une voiture électrique. Arrivent ensuite la réduction de l’impact écologique (33 %) et le confort de conduite avec seulement 10 %. On note également que l’entrée en vigueur des ZFE (zones à faibles émissions) dans les grandes agglomérations n’a quasiment aucune influence sur le choix d’un modèle électrique et seulement 3 % ont pris en compte ce critère.
L’autonomie, le point noir qui perdure
L’autonomie reste un réel problème pour les utilisateurs, avec un niveau de satisfaction assez faible sur ce point pour les possesseurs de citadines (6,6/10) et de compactes (7/10). Cela s’améliore un peu pour ceux qui roulent en SUV (7,2/10) ou avec une routière (8,5/10). Probablement car leur gabarit plus imposant leur permet d’embarquer une batterie plus grosse, donc d’offrir une meilleure autonomie qu’une citadine ou une compacte dont les dimensions sont plus limitées.
L’autre grief concernant l’autonomie est la différence entre la réalité et les annonces des fabricants. Avec des écarts allant de 5 % à 21 %, les répondants sont déçus par les baisses de performances constatées. Là encore, sauf rares exceptions, les plus gros écarts sont constatés sur les petites voitures, les SUV et les routières offrant une autonomie réelle plus proche du chiffre avancé par le constructeur.
La recharge à domicile plébiscitée, les réseaux boudés
Encore plus qu’il y a 2 ans, la grande majorité des utilisateurs préfèrent recharger leur voiture à domicile. Ils sont 85 % à le faire (74 % en 2022), soit depuis une prise classique (29 %), une prise renforcée de type GreenUp (35 %) ou une Wallbox (36 %).
En outre, 37 % des répondants déclarent ne jamais utiliser les bornes publiques, ce qui laisse supposer qu’ils ne parcourent jamais de longs trajets avec leur voiture électrique. 15 % des recharges sont donc réalisées sur les bornes publiques à une fréquence de moins de 1 fois par semaine (pour 50 % des utilisateurs). Seuls 8 % des répondants rechargent 1 fois par semaine, et 4 % de 2 à 5 fois par semaine.
Si les réseaux publics sont autant délaissés, c’est surtout en raison des prix pratiqués qui rebutent 38 % des utilisateurs. 19 % ont rencontré des problèmes de points de recharge occupés ou non fonctionnels et 17 % n’ont pas pu recharger faute de point de branchement disponible. Parmi les réseaux les plus utilisés, Tesla tire son épingle du jeu avec 28 % de taux d’utilisation, suivi par Ionity (16 %), les bornes de supermarchés (16 %) et celles des collectivités locales (12 %).
Un coût à l’usage avantageux
Selon les réponses obtenues, la consommation moyenne varie assez peu selon le type de véhicule et s’établit à 16 kWh en moyenne. Ainsi, au domicile avec l’application du tarif réglementé, le prix moyen de la recharge pour 100 km se situe aux alentours de 4 €. À titre de comparaison, le prix pour réaliser la même distance avec une voiture essence revient à environ 13 €. C’est plus de 3 fois plus cher. Les utilisateurs en sont bien conscients et plus de 95 % d’entre eux apprécient que le coût de recharge de leur véhicule électrique soit inférieur au coût d’usage d’une voiture thermique.
Satisfaction globale
La satisfaction globale est d’un bon niveau avec un score de 8,6/10. Les meilleures notes de satisfaction sont obtenues sur la conduite (9,4), la recharge à domicile (9,1), la fiabilité (9) ou les coûts d’entretien (8,1). En revanche, le niveau de satisfaction baisse sensiblement sur l’autonomie (7,2) ou la recharge publique (6,8).
Dans le détail, selon la catégorie de voiture, le niveau de satisfaction n’est pas le même. La satisfaction globale des propriétaires de citadines est de 8,3/10 et elle est de 8,5/10 pour les compactes mais cela s’améliore pour les SUV (8,6) et les routières (9,2). Le facteur qui influence grandement ces notes reste l’autonomie.
Malgré tout, la voiture électrique réussit son pari et convainc 88 % des utilisateurs qui déclarent qu’ils en rachèteraient une si c’était à refaire. Seuls 4 % s’en détourneraient pour revenir à un modèle thermique.
Notre enquête de satisfaction a été réalisée du 4 au 13 mars 2024 via notre newsletter et sur les réseaux sociaux. Elle a connu un vif succès et 3 650 réponses ont été enregistrées. Grâce aux réseaux sociaux, le panel des répondants est plus large par rapport à notre enquête de 2022 et les moins de 55 ans représentent désormais 38 % des répondants, soit 11 points de plus.