
par Marie-Amandine Stévenin
par Marie-Amandine Stévenin
C’est officiel : le score environnemental textile entrera en vigueur le 1er octobre 2025. Précisé par des textes publiés la semaine passée, ce label prendra la forme d’un nombre de points censés refléter l’impact écologique d’un vêtement tout au long de son cycle de vie. L’objectif : mieux informer les consommateurs et consommatrices sur les conséquences de leurs achats. Ce lancement marque l’aboutissement d’un chantier engagé depuis plusieurs années, notamment par la loi Climat et Résilience de 2021, qui prévoyait la création de deux labels environnementaux dans l’alimentaire et le textile. Mais là encore, nuance : le score textile sera facultatif… et le score alimentaire reste, pour l’instant, dans les cartons.
Concrètement, le score textile repose sur l’analyse de seize critères environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, consommation et pollution de l’eau, etc.), inspirés de la méthodologie européenne « Product Environmental Footprint » (PEF). Le problème de ce référentiel est qu’il favorise largement les fibres synthétiques et les modes de production intensifs. En effet, il ignore les effets de l’extraction pétrolière nécessaire à la fabrication de fibres plastiques, et valorise les économies d’échelle des grandes chaînes de production, sans prendre en compte les volumes massifs mis sur le marché.
La France a tenté de corriger le tir en intégrant deux critères supplémentaires : les émissions de microplastiques et la largeur de gamme, c’est-à-dire le nombre de modèles du même article proposé par une marque. Une avancée, certes, mais insuffisante : le biais en faveur du plastique persiste.
À partir d’octobre 2026, le score pourra être calculé et publié par des organismes tiers, même si les marques refusent de le faire elles-mêmes. L’UFC-Que Choisir se réserve d’ailleurs le droit d’utiliser ce levier pour pousser les acteurs du textile à jouer la carte de la transparence. Car, malgré ses imperfections, ce dispositif pourrait favoriser une meilleure traçabilité dans une filière encore marquée par de nombreux scandales sociaux et environnementaux.
Mais au-delà de la méthode, un autre défi demeure : la lisibilité du score pour le grand public. Présenté sous la forme d’un simple nombre, il reste peu parlant. Notre association plaide depuis longtemps pour une information colorielle et pédagogique, à l’image du Planet-Score, qui distingue clairement les différents impacts environnementaux. Un tel affichage est essentiel pour comparer efficacement les vêtements, notamment au sein des onze catégories définies (jeans, chemises, pulls, etc.).
Quoi qu’il en soit, ce score ne doit pas être perçu comme une solution miracle. Si la future loi « fast-fashion » prévoit d’ailleurs d’en tenir compte pour ajuster le prix des produits les plus polluants, l’essentiel reste ailleurs : contrôler plus strictement les normes des produits mis sur le marché, mais également réduire les volumes. Car au bout du compte, respecter les limites planétaires suppose de revoir drastiquement nos habitudes de consommation : pas plus de cinq vêtements neufs par an, en moyenne, par personne.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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