BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Avis de l’Autorité Européenne sur le dioxyde de titane

Une harmonisation de l’interdiction s’impose !

Voilà une bonne nouvelle en matière d’additifs ! L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) reconnaît enfin les dangers potentiels du dioxyde de titane, ce colorant blanc fréquemment utilisé, notamment dans les confiseries ou les gâteaux, et caché sous le code E171 dans les listes des ingrédients. Si, sous l’impulsion des ONG, dont l’UFC-Que Choisir, il est banni en France du fait des nanoparticules qu’il contient, cela se limite seulement aux produits alimentaires et non aux médicaments et cosmétiques comme réclamé et ne vaut que pour le territoire français.

En effet, depuis janvier 2020, la France l’interdit sur la base d’un avis de l’Agence Française de Sécurité des Aliments (ANSES) et d’études montrant des risques de lésions colorectales précancéreuses sur le rat et de détérioration de l’ADN. Si je regrette bien sûr que ni l’AESA, ni l’ANSES n’aient pas réalisé elles-mêmes les études sur les risques induits par le dioxyde de titane et qu’elles se soient, comme d’habitude, contentées de relire les études effectuées par d’autres, je ne boude pas mon plaisir de voir que les deux agences, aux avis trop souvent divergents, sont désormais sur la même longueur d’onde. Alors que certains agro-industriels européens, furieux de se voir interdire ce colorant, espéraient que l’Europe obligerait la France à revenir sur cette interdiction, l’avis de l’Autorité européenne est donc rassurant pour les consommateurs français. Quant aux consommateurs des autres pays européens, leur sécurité dépend maintenant de la Commission Européenne que j’appelle à interdire sans délai ce colorant sur l’ensemble du territoire de l’Union.

En revanche, deux grands regrets demeurent : en premier lieu le fait que ni l’ANSES française, ni l’AESA européenne ne se soient penchées sur la présence de dioxyde de titane dans plus de 4 000 médicaments et près de 7 000 produits cosmétiques susceptibles d’être ingérés, tels que des dentifrices, des baumes et rouges à lèvres, des bains de bouche, y compris dans leurs versions destinées aux enfants ! Mais il y a également les risques induits par d’autres nanomatériaux dans des utilisations aussi nombreuses qu’inutiles : nano-carbone dans les raquettes de tennis, nano-argents dans les chaussettes, nano-silices dans les épices… C’est en effet la conséquence de l’approche aussi laxiste qu’ubuesque des autorités européennes qui autorisent les nanoparticules sous réserve que leur présence soit indiquée sur les emballages des produits alimentaires et des cosmétiques renvoyant sur les épaules des consommateurs une responsabilité parfaitement inadmissible. Ce à quoi il faut ajouter que les fabricants oublient bien souvent cette mention. Quant aux médicaments ou aux autres produits de consommation, aucune information n’est requise, empêchant les consommateurs d’être pleinement informés. Où est la cohérence d’une telle politique ?

Il est inadmissible que la sécurité des consommateurs européens continue à pâtir de cette approche attentiste du cas par cas, où il faut que les études scientifiques alarmantes s’accumulent pour que l’Europe envisage d’interdire une substance et une seule, alors que tant d’autres nanoparticules sont utilisées. J’appelle les autorités européennes à renoncer à cette politique de gribouille et à renverser la logique en instaurant une interdiction large de l’ensemble des nanotechnologies utilisées dans les produits de consommation courante, sauf à ce que des études sérieuses et indépendantes démontrent leur innocuité.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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