BILLET DE LA PRÉSIDENTE
« Loot boxes »

Carton jaune pour FIFA 19

A l’occasion de la sortie d’un des jeux les plus célèbres et vendus au monde, FIFA 19, Electronics Arts est au cœur de l’attention, notamment parce que les loot boxes sont toujours présentes…  Il y a un peu moins d’un an, l’UFC-Que Choisir interpelait l’ARJEL (Autorité de régulation des jeux en ligne) à propos des caisses à butin. À cette époque, des éditeurs de jeux vidéo, dont Electronics Arts, subissaient de plein fouet le légitime mécontentement des joueurs…

Effectivement, ces loot boxes gagnées ou acquises par les utilisateurs, avec un contenu aléatoire, peuvent aboutir à renchérir considérablement le prix d’achat... Cela pouvait s’assimiler à des jeux de hasard. Ce qui me préoccupait tout autant, c’est que sous couvert de rendre un jeu plus attrayant ou plus facile les plus jeunes soient exposés à une forme d’addiction. Une étude de la Netherlands Gaming Authority d’avril 2018 a confirmé cela et précise qu’il existe en effet un risque d’addiction à ces butins. L’autorité a donc appelé les éditeurs à respecter la loi néerlandaise en modifiant leurs jeux avant la mi-juin 2018 sous peine de sanction. En avril 2018 toujours, et après plusieurs mois d’enquête, la Commission des jeux de hasard belge avait annoncé considérer les butins virtuels comme des jeux de hasard et menacé d’une approche pénale.

Le 17 septembre, j’ai été satisfait de prendre connaissance de la déclaration commune de 15 régulateurs des jeux d’argent européens (dont l’ARJEL) ainsi que celui de l’État de Washington à propos de « leurs préoccupations sur la porosité des frontières entre jeux d’argent et jeux ».

Face à l’action de ces autorités et à la mobilisation des consommateurs, différents éditeurs se sont pliés aux recommandations néerlandaises et belges en modifiant leurs jeux pour être conformes à la loi. Force est de constater qu’Electronic Arts y est réfractaire. C’est pour cela que le parquet de Bruxelles a récemment ouvert une information judiciaire visant l’éditeur américain.

En effet, FIFA 19 propose toujours son mode Ultimate Team. Electronic Arts ne compte pas se séparer de sa poule aux œufs d’or qui lui a rapporté 800 millions d’euros en 2016. D’après Blake Jorgensen, directeur financier de la société, pas moins de  50 % des joueurs d’Ultimate Team paient pour obtenir des packs !  Autant de consommateurs potentiellement déçus et frustrés par un contenu incertain… J’incite donc les joueurs, mais aussi les parents des mineurs qui pourraient effectuer des micro-transactions, passerelles vers les vrais jeux d’argent, à la plus grande vigilance.

Comme le montre FIFA 19, en matière de coffres de butins, il est crucial que les autorités saisissent la balle au bond afin que la régulation ne reste pas hors-jeu !

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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