ENQUÊTE
Réforme du 100 % santé

Quels impacts sur les garanties et les prix ?

Tous les assureurs santé ont dû intégrer les modalités de la réforme du 100 % santé dans leurs contrats responsables. Toutes les gammes et tous les niveaux de garanties ont donc été impactés. De là à supposer que les cotisations le seront aussi…

Avec l’arrivée des offres sans reste à charge prévues par la réforme du 100 % santé, les organismes d’assurance complémentaire santé ont été mis à rude épreuve ces derniers mois. Pourquoi ? Parce qu’il leur a fallu modifier tous leurs contrats responsables, qu’ils soient à souscription individuelle à l’intention des seniors notamment, ou qu’ils soient collectifs, c’est-à-dire proposés dans le cadre de l’entreprise. Or, lorsqu’un assureur « ajoute » une ou plusieurs prestations à un de ses contrats, ce qui est le cas avec la réforme du zéro reste à charge, il n’est pas rare de constater un remaniement des garanties ou une hausse des prix, voire les deux !

Une simple insertion en attendant d’autres changements

Pour le moment, la plupart des acteurs ont préféré adapter leur gamme existante, sans autre modification substantielle. En clair, ils n’ont touché à rien (ou à pas grand-chose) et se sont contentés d’ajouter les paniers du 100 % santé prévus en optique, dentaire et audio aux formules et aux niveaux de garanties existants, pour les mettre en conformité avec la nouvelle réglementation. C’est le parti pris de la Macif, par exemple : la mutuelle d’assurance a interrogé ses clients en début d’année et s’est aperçue qu’il y avait « une certaine méfiance face à cette réforme de par une communication hétérogène des différents acteurs concernés », comme l’explique Yves Poquet, directeur technique et produits de Macif-Mutualité. De ce fait, cet assureur a préféré accompagner ses sociétaires pour qu’ils comprennent d’abord cette réforme, plutôt que de transformer sa gamme santé au risque de les perturber. À l’inverse, mais de façon plus marginale, certains assureurs ont vu dans ce changement réglementaire l’opportunité de créer une nouvelle gamme, réservée toutefois aux prospects : c’est le cas d’AXA France, par exemple.

Des hausses de tarifs en vue

Second effet de l’incorporation des offres 100 % santé : la hausse probable des cotisations. En effet, tous les assureurs sont dans l’obligation de rembourser l’intégralité du ticket modérateur des offres 100 % santé, c’est-à-dire la part pour laquelle l’Assurance maladie n’intervient pas. Or, si le recours à ces offres se révèle élevé, donc si le renoncement aux soins recule – ce qui est le principe même de la réforme (principes réforme) –, ils devront de toute évidence mettre la main à la poche de façon importante. L’an passé, pour éviter toute dérive inflationniste, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a interpellé les assureurs dans ce sens. En principe, les cotisations 2020, qui sont décidées en cette fin d’année, ne devraient donc pas connaître de hausses brutales. Certains assureurs transposeront les augmentations de l’an passé, vraisemblablement dans les mêmes proportions : 3 à 5 %, hors augmentation « naturelle » du risque lié à l’avancée en âge chez Axa France, par exemple. D’autres pourraient choisir d’être plus vertueux en attendant le déploiement total de la réforme, début 2021. Cette stratégie leur permettra d’analyser finement la fréquence de recours aux offres sans reste à charge et le comportement de leurs assurés en fonction des garanties souscrites. « Si des personnes avec un niveau élevé de garanties choisissent une offre sans reste à charge, cela sera moins onéreux pour les assureurs. Mais si ces offres sont fortement consommées par des personnes qui disposent de contrats d’entrée de gamme, ce qui devrait par exemple être le cas pour les aides auditives, alors il y aura probablement un impact sur les coûts. Dans tous les cas, il y aura une augmentation de la fréquence de consommation », expose Pierre François, directeur général de SwissLife prévoyance et santé.

Dès lors, une chose est sûre : même si elles sont relativement contenues l’an prochain, il est très probable que lorsque la réforme sera pleinement déployée (début 2021) et que les assureurs auront suffisamment de recul sur les efforts financiers qui leur ont été demandés, on voie arriver, début 2022, des hausses de cotisations autrement plus douloureuses. Hausses qui seront justifiées par ce que les assureurs nomment élégamment les « dérives » de la consommation !

Roselyne Poznanski

Roselyne Poznanski

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