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Bisphénol A

De nouveau sur la sellette

Le tout nouveau Réseau Environnement Santé (RES) alerte l'opinion sur les risques sanitaires du bisphénol A (BPA), une substance chimique présente notamment dans les biberons, et demande son interdiction aux pouvoirs publics.

« On ne peut pas vivre en pleine santé sur une planète malade », affirmait Serge Orru, directeur général de WWF France, lors du lancement du RES (Réseau Environnement Santé) le 3 mars dernier. Ce collectif qui rassemble des scientifiques, des professionnels de la santé et des ONG veut mettre en relation la pollution de l'environnement au sens le plus large (incluant cosmétiques, médicaments, alimentation, mode de vie et de travail) avec le développement de certaines pathologies (cancer, diabète, allergies, affections respiratoires, atteinte de la reproduction, affections psychiatrique, etc.). Grâce à ses expertises, il entend alerter l'opinion et peser sur les décisions de santé publique qui sont trop souvent, selon lui, influencées par les lobbys industriels.

Pour son premier dossier, le RES a choisi d'alerter l'opinion sur la toxicité du bisphénol A (BPA), une substance chimique contenue notamment dans les biberons, les récipients en plastique pour micro-ondes, les bouteilles d'eau et le revêtement des boîtes de conserve. De petites quantités de BPA peuvent migrer dans les boissons et les aliments, surtout quand le récipient est chauffé. Or le BPA est un perturbateur endocrinien, qui peut avoir des effets sur la fertilité ainsi que sur la reproduction et le système hormonal. C'est pourquoi les autorités canadiennes ont décidé d'interdire l'utilisation du BPA dans les biberons, sur la base d'études américaines concluant à un risque préoccupant pour les nourrissons.

Principe de précaution

Leurs homologues français (Afssa) et européens (AESA) n'ont pas suivi la même voie, considérant que les quantités retrouvées dans les aliments sont très inférieures aux doses maximales acceptables sur le plan toxicologique. « Les autorités sanitaires françaises et européennes refusent de réviser une norme basée sur le vieux principe que "c'est la dose qui fait le poison", inadapté aux perturbateurs endocriniens, et ce malgré l'accumulation de données nouvelles montrant un effet à des doses plus basses que la norme, affirme André Cicolella, chimiste et chercheur en santé environnementale. L'exposition au BPA touche en premier lieu le foetus et le nouveau-né. Il faut donc appliquer le principe de précaution et interdire le BPA dans les plastiques alimentaires, sans attendre d'avoir la preuve de sa toxicité sur ces enfants à l'âge adulte. » Le collectif a donc demandé aux eurodéputés français de signer une pétition dans ce sens qui sera transmise au ministère de la Santé.

Comment limiter l'exposition au bisphénol A

Évitez d'utiliser des bouteilles ou tout autre récipient en plastique recyclable portant le chiffre 7, 3 ou 6 inscrit dans un triangle fléché au cul du récipient ou sans numérotation, ainsi que les conserves et les canettes de boisson avec un revêtement époxy.

Pour les biberons, privilégiez les marques (Avent, Dodie, ou Medela) qui proposent des produits garantis sans BPA.

Évitez de réchauffer des aliments au micro-ondes dans des récipients en plastique ou au bain-marie dans les boîtes de conserve.

Emballage de céréales

Possible contamination

L'Agence européenne de sécurité alimentaire (European Food Safety Agency [EFSA]) s'est penchée sur la possible contamination de céréales pour le petit déjeuner par un composant présent dans certaines encres utilisées sur les emballages. Ce sont les autorités allemandes qui ont lancé l'alerte après avoir retrouvé ce produit chimique, la 4-méthylbenzophénone, dans des céréales. Cette molécule est mal connue et l'EFSA ne peut pas encore se prononcer avec précision sur le risque encouru. Mais elle s'est voulu rassurante, estimant que seule une exposition maximale - cas d'un enfant consommant régulièrement des céréales contaminées au niveau le plus élevé retrouvé jusqu'à maintenant - pourrait poser problème. Quoi qu'il en soit, la présence d'un sachet protecteur à l'intérieur de l'emballage carton écarte le risque. L'EFSA n'a pas communiqué la marque de céréales concernée.

Florence Humbert

Florence Humbert

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