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Crédit immobilier de France

Peut-être en sursis

L’établissement financier, spécialisé dans les prêts immobiliers pour les ménages aux revenus modestes ou irréguliers, n’est peut-être pas encore mort. Une piste aurait été évoquée avec les syndicats.

Début septembre, la nouvelle est tombée du ministère : une garantie de 20 milliards d’euros va être accordée au Crédit immobilier de France (CIF), mais en contrepartie, l’établissement devra être géré en « extinction », c'est-à-dire mourir à petit feu. Depuis, le CIF ne distribue effectivement quasiment plus de nouveaux prêts, mais gère l’encours actuel. C’est en raison de son mode de financement que celui-ci est actuellement fragilisé. N’ayant pas de dépôts des particuliers, l’établissement doit rechercher son refinancement sur les marchés. Or ces derniers sont très frileux actuellement. Et les agences de notation toujours très promptes à distribuer leurs punitions aux banques qui se refinancent sur ces marchés (comme Dexia par exemple).

Inquiétude sur l’accession à la propriété

Depuis l’annonce de la nouvelle, les déclarations se succèdent pour s’interroger sur la pertinence d’une « extinction » du CIF. De la part des syndicats, bien sûr, qui mettent en avant les 2 500 emplois et le bon état financier de l’entreprise (2,4 milliards de fonds propres, 72 millions d’euros de bénéfices en 2011, et 37 millions d’euros de bénéfices au premier semestre 2012, aucun actifs toxiques). Mais aussi de certains parlementaires ou de personnalités du monde HLM. Le CIF est en effet l’un des seuls établissements, avec le Crédit Foncier, à distribuer des prêts aux familles à revenus modestes. La formule consiste à mixer prêts aidés (prêt à taux zéro ou Pass) avec des aménagements spécifiques (durée plus importante, possibilités de reports, etc.) et un suivi client plus important que dans les réseaux traditionnels. Au final d’ailleurs, selon le CIF, le profil de ses clients ne présente pas plus d’insolvabilité que la population en général. En l’absence de repreneurs du CIF, c’est donc la question de l’accession à la propriété des revenus modestes, par exemple locataires du parc HLM, mais aussi de jeunes couples sans apport, de clients intérimaires, retraités, etc., qui se pose. 90 % de la production de prêts (20 000 en 2011) du CIF concerne en effet la primo-accession et le secteur social. Alors que les banques réclament aujourd’hui un apport minimum de 20 %, le CIF a par exemple octroyé un grand nombre de prêts avec un apport inférieur à 5 %. Ajoutons aussi que les banques ne se bousculent pas pour distribuer des prêts Pass ou des prêts à taux zéro qui ne leur rapportent rien.

Piste d’établissement semi-public

Au début du mois, après le refus de la Banque Postale d’une alliance avec le CIF, l’État a été exclu de toute reprise du CIF. Or, reçus hier par la ministre du Logement, les syndicats confient aujourd’hui que la piste d’un établissement semi-public aurait été pour la première fois évoquée.

Il semblerait en fait que la direction du Trésor n’avait jusqu’ici pas cherché à explorer d’autre solution qu’un adossement à la Banque Postale. Lorsque cette dernière a exprimé son refus, aucune solution alternative n’aurait été prête. « Nous pensons que l’État avait décidé dans un premier temps de passer en force… Mais qu’aujourd’hui, la ministre et l’administration souhaitent réexaminer de beaucoup plus près le dossier », confie une source syndicale.

Élisa Oudin

Élisa Oudin

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