
par Elsa Casalegno
par Elsa Casalegno
Des nanoparticules de ce composé ont été détectées dans tous les laits humains et animaux testés, ainsi que dans la quasi-totalité des laits infantiles. Le dioxyde de titane est pourtant interdit en tant qu’additif alimentaire (E171) depuis 2020. Mais les autres sources d’exposition sont encore nombreuses.
Le lait est une boisson indispensable aux nouveau-nés, c’est dire si cet aliment est symbolique. Or, il s’avère que c’est aussi un excellent marqueur de l’exposition maternelle aux polluants. Dont celle au dioxyde de titane (TiO2)… Une équipe de scientifiques de l’Inrae, de l’AP-HP, du centre de rayonnement synchrotron Soleil et du CNRS ont mesuré la quantité de ce composé dans différents laits : 100 % des laits de vache, d’ânesse ou de chèvre étaient contaminés par des nanoparticules, qu’ils soient frais ou en poudre, bio ou conventionnels. Parmi les laits infantiles (du 1er au 3e âge, bio ou conventionnels), 83 % en contenaient également. Et pas qu’un peu : 6 millions à 3,9 milliards de particules de titane ont été détectées par litre de lait infantile, et de 16 à 348 millions par litre de lait animal. Enfin, des particules de TiO2 ont été détectées dans le lait de l’ensemble des 10 femmes testées (vivant à Paris ou en proche banlieue).
Or, le dioxyde de titane est potentiellement dangereux pour la santé, plus encore quand il est utilisé sous forme de nanoparticule. Et on le sait depuis longtemps : ce composé a été classé « cancérigène possible par inhalation » pour l’humain par le CIRC dès 2006. Une étude de l’Inrae de 2016 laisse également craindre une cancérogénicité par ingestion. Ce qui n’a pas empêché l’industrie agroalimentaire de continuer à l’utiliser comme colorant (E171 dans la nomenclature européenne) jusqu’en 2020, date de son interdiction en France – l’UE a suivi en 2022. Mais aujourd’hui encore, il reste « massivement employé dans une multitude de produits du quotidien (dentifrices, crèmes solaires, médicaments, cosmétiques, plastiques, papiers, peintures, etc.) », rappelle l’Inrae dans un communiqué.
Conséquence, une pollution généralisée des eaux de surface (lacs, rivières, mares, canaux, mers), y compris l’eau potable et celle des piscines, ainsi que des nappes phréatiques, des sols et de l’air, « où elles rejoignent celles relarguées par l’activité industrielle, par l’érosion des peintures et vernis des bâtiments ou par leur utilisation comme engrais sous forme de nanoparticules ». En résumé, nous y sommes tous exposés, y compris les nourrissons.
Elsa Casalegno
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