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Vaccins contre le Covid-19Les questions qu’on se pose

La campagne de vaccination contre le Covid-19, en cours depuis fin décembre 2020, s’accélère depuis l’annonce de la généralisation du pass sanitaire. Aujourd’hui, 4 vaccins sont disponibles. Mais des questions et des doutes persistent à leur sujet.

En cette fin juillet 2021, 56 % de la population française a reçu au moins une dose de vaccin et 46 % toutes les doses requises. À ceux-ci s’ajoutent ceux qui ont été infectés récemment par le Covid et qui sont protégés par leur immunité naturelle. Mais il reste une frange non négligeable de la population adulte non vaccinée. Alors que se profile une quatrième vague d’infection avec le variant Delta et qu’entre en vigueur l’obligation de présenter un pass sanitaire dans la plupart des lieux publics, les questions sur les 4 vaccins autorisés en France – Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Janssen – suscitent un regain d’intérêt.

Quelle est l’efficacité des vaccins contre les variants ?

Réduite mais toujours très importante

À chaque nouveau variant se pose la question du maintien de l’efficacité des vaccins. Contre les variants Alpha (dit « anglais »), Bêta (dit « sud-africain ») et Gamma (dit « brésilien »), on observe une petite perte d’efficacité mais le niveau de protection reste élevé. Par exemple, les vaccins à ARN messager (ceux de Pfizer et de Moderna) protégeaient à 88 % contre le virus original. Cette protection s’établit à 86 % contre le variant Alpha et 77 % contre le Bêta (alors même que sa mutation lui permettait de mieux échapper au système immunitaire), selon une étude française parue dans la revue The Lancet Regional Health Europe.

En France métropolitaine, c’est désormais le variant Delta (dit « indien ») qui circule en majorité. Là encore on constate une réduction minime de l’efficacité. Contre les formes symptomatiques, la protection est de 79 à 88 % avec deux doses du vaccin de Pfizer et de 72 % avec une dose de Moderna. Elle est de 60 à 67 % pour deux doses d’AstraZeneca. Ces données sont tirées de diverses études et compilées par le Dr Éric Topol, du Scripps Research Institute aux États-Unis. La baisse un peu plus marquée pour le vaccin AstraZeneca a conduit la Haute Autorité de santé à recommander de privilégier les vaccins à ARNm (Pfizer ou Moderna) pour les personnes qui démarrent la vaccination ou en deuxième dose pour celles vaccinées avec AstraZeneca pour leur première dose. On ne dispose pas encore de données précises sur le vaccin de Janssen.

Il s’agit là des données de protection contre toutes les formes de Covid, légères comme très graves. Il est intéressant de noter que la protection se maintient mieux contre les formes très graves menant à une hospitalisation : elle est supérieure à 90 % pour les trois vaccins Pfizer, Moderna et AstraZeneca.

Quelle est l’efficacité des vaccins contre la transmission ?

Réelle mais partielle

En réduisant le nombre de personnes infectées, les vaccins réduisent de facto la circulation du virus et donc le risque de transmission. Et quand bien même les personnes vaccinées sont infectées, elles le sont sans doute moins longtemps et moins gravement, ce qui laisse penser qu’elles sont moins contagieuses. Comment cela se traduit-il en chiffres ? C’est difficile à estimer précisément. Une étude menée dans des foyers britanniques au sein desquels une personne infectée par le Covid habitait montre que la transmission à l’entourage est réduite de moitié environ quand la personne infectée était vaccinée par rapport à une personne infectée mais non vaccinée. Cela illustre le fait que la vaccination réduit effectivement mais partiellement la transmission. Cette réduction réelle justifie que les proches ou les soignants entourant une personne fragile ne pouvant pas être protégée par la vaccination (comme une personne immunodéprimée) se fassent vacciner. Cette réduction partielle explique pourquoi la vaccination des autres n’est pas suffisante pour être soi-même protégé.

Quels sont les effets indésirables des vaccins ?

Le plus souvent bénins

La plupart des effets indésirables signalés après une vaccination contre le Covid-19 sont des troubles généraux (malaise, céphalées, fièvre, douleurs, etc.) ou sur la zone piquée. Au 19 juillet, 32 389 réactions anormales avaient été signalées aux centres de pharmacovigilance. 17 000 concernaient cette réponse immunologique appelée « réactogénicité ». Tout à fait classiques, ces troubles sont plus intenses après une injection de Vaxzevria (AstraZeneca). À noter qu’ils peuvent être retardés de plusieurs jours avec Spikevax (Moderna). Les réactions allergiques sévères (anaphylaxie) restent très rares : elles concernent 2,8 cas par million de doses avec Spikevax (Moderna), 5 cas par million avec Comirnaty (Pfizer). Elles sont moins courantes avec les vaccins à vecteur viral, vendus par AstraZeneca et Janssen.

Beaucoup plus rarement, des effets indésirables plus inhabituels peuvent survenir. Ainsi, les vaccins à ARN messager (Moderna, Pfizer) sont susceptibles d’entraîner une élévation temporaire de la pression artérielle, notamment chez les personnes souffrant déjà d’hypertension. Mesurer systématiquement la pression artérielle avant l’injection n’est pas utile, mais une mesure est conseillée aux hypertendus après la vaccination.

Récemment, des cas de myocardites et de péricardites (inflammation de muscles cardiaques) ont été signalés. S’ils doivent encore être confirmés pour les vaccins de Janssen et AstraZeneca, ils ont été ajoutés aux notices des produits de Pfizer et Moderna. Ces troubles cardiaques restent très rares : au 19 juillet, on recensait 7 cas de myocardites et 13 cas de péricardites pour Spikevax (Moderna), 64 et 111 pour Comirnaty (Pfizer). Elles s’observent surtout chez des hommes jeunes, le plus souvent après la seconde dose, mais elles sont peu intenses et transitoires.

Du côté des vaccins à vecteur viral (AstraZeneca et Janssen), on observe une petite augmentation du risque de thromboses atypiques, principalement chez les adultes de moins de 55 ans et moins souvent avec Janssen. Ces vaccins sont donc réservés aux personnes plus âgées. Ces thromboses atypiques peuvent se situer dans le cerveau, dans l’abdomen, sur plusieurs organes, avec une baisse des plaquettes dans le sang. Enfin, un risque extrêmement rare de syndrome de fuite capillaire (fuite de plasma dans les petits vaisseaux sanguins) est associé aux vaccins AstraZeneca et Janssen. Aucun cas n’était signalé fin juillet en France, mais les personnes ayant des antécédents de fuite capillaire doivent privilégier les vaccins à ARN.

Chez les femmes enceintes, la vaccination est conseillée à partir du 2e trimestre de grossesse avec un vaccin à ARN (Pfizer, Moderna). Le suivi spécifique de cette population n’a pas montré d’effets indésirables différents ou plus fréquents que dans le reste de la population. Il en va de même chez les jeunes de moins de 18 ans, pour qui Comirnaty (Pfizer) a été autorisé le premier. Il est vrai que les vaccinés adolescents ou jeunes adultes ont tendance à réagir plus intensément aux différents vaccins que leurs parents et grands-parents. C’est tout à fait normal : leur système immunitaire est plus performant, donc plus réactif. Les inquiétudes quant à un effet délétère des vaccins sur la fertilité, elles, sont infondées. Aucune étude n’a démontré une altération des gamètes ou de la capacité à procréer.

Remerciements au Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux, pour ses précisions.

Faut-il vacciner les enfants ?

Le vaccin de Pfizer était autorisé dès sa mise sur le marché chez les plus de 16 ans. Depuis mi-juin, les 12-15 ans peuvent aussi se faire vacciner. Fin juillet, le vaccin de Moderna était aussi autorisé aux adolescents. Dès le 30 septembre, les mineurs à partir de 12 ans seront tous soumis, conformément à la loi adoptée dimanche 25 juillet, à l’exigence de présentation d’un pass sanitaire pour accéder aux lieux publics. Cette incitation très forte à la vaccination ne va pas sans soulever des questions. Dans une récente tribune du British Medical Journal, des chercheurs indépendants soulignaient le problème éthique qu’entraîne une telle mesure. Certes le risque de forme grave n’est pas nul chez les adolescents. Mais ceux en bonne santé sont en quasi-totalité épargnés par les formes graves de Covid. La vaccination ne présente alors pas vraiment de bénéfice individuel. En revanche les effets indésirables, notamment les péricardites et myocardites, sont sans doute rares et le plus souvent bénins, mais existent. Est-ce bien légitime d’exposer ainsi des individus sans réel bénéfice personnel pour un hypothétique bénéfice collectif ? Car si la vaccination des enfants a pour but de protéger les adultes, ne vaudrait-il pas mieux convaincre la part encore importante de la population adulte non vaccinée de se protéger elle-même ?

Au contraire des États-Unis où la vaccination massive des 15-17 ans est en cours, les Britanniques hésitent. Le 19 juillet, le Comité sur les vaccinations et l’immunisation britannique s’est prononcé « contre » la vaccination systématique des enfants et adolescents. Il la réserve à ceux qui sont à risque de forme grave (souffrant par exemple de handicaps neurologiques majeurs ou de trisomie) et la propose aux jeunes gens de 17 ans, peu avant leur 18e anniversaire. Les 12-17 ans vivant avec un proche fragile ne pouvant pas être protégé par la vaccination pourraient également être vaccinés dans le souci de préserver ce proche.

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

Perrine Vennetier

Perrine Vennetier

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