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Vélo cargo électrique

Prise en main du Decathlon R500e

Decathlon vient de sortir son premier modèle de vélo cargo électrique, le R500e, un « longtail » – avec chargement à l’arrière – à un prix défiant toute concurrence : 2 800 €, contre 5 000 à 6 000 € chez les concurrents historiques. Nous l’avons pris en main.

Face au coût écologique et économique d’une voiture, le vélo cargo, électrique bien entendu, est une option qui se défend : l’engin peut transporter plusieurs personnes (enfants ou adultes), et supporte une belle charge de courses. Decathlon vient de faire une entrée fracassante sur le marché avec un modèle vendu 2 799 € (éligible aux aides), que nous avons pris en main pendant quelques jours. Il s’agit d’un longtail : la capacité supplémentaire de chargement se situe à l’arrière du vélo, grâce à un porte-bagage surdimensionné. Quatre barres de maintien en surplomb (aussi appelées « monkey bars ») sécurisent le transport des enfants et définissent le volume de courses ou de matériel transportable en hauteur et en largeur. L’espace peut aussi accueillir un ou plusieurs sièges bébé. En complément, des sacoches se fixent facilement si nécessaire sur les côtés du porte-bagage, et augmentent encore les possibilités de stockage. Au total, le R500e est en mesure de tracter 170 kg, poids du pilote compris. Un adulte de 80 kg peut donc emmener une autre personne de même stature, ou deux enfants de 40 kg et leurs affaires de classe ou quelques accessoires de plage. Lors de notre essai, une adulte de 57 kg a transporté sans effort un homme de 65 kg, puis une enfant de 45 kg.

Les dimensions du vélo cargo de Decathlon.

Une béquille à apprivoiser

La béquille centrale joue un rôle essentiel de stabilisation, même à vide, car le vélo seul pèse 38 kg. Pas de surprise, elle fait le job. Même si lors de la prise en main, elle s’est dévissée suite à une séance sur les pavés de Ménilmontant (Paris). Le responsable du produit nous a assuré que désormais, du frein filet serait ajouté sur tous les vélos pour éviter tout desserrement. Solide, la béquille oblige en contrepartie à appliquer de la force pour la faire basculer : attention, avec du poids à l’arrière, le risque de déséquilibre et de chute est réel. Pour embarquer et débarquer en sécurité des enfants autonomes ou un adulte, le mieux est de s’asseoir sur le vélo, béquille levée, pieds de chaque côté pour limiter le tangage, et de laisser les passagers se hisser doucement en prenant appui sur le repose-pieds. Les enfants, plus souples, auront tendance à monter en se glissant sous les barres de protection. Avec des petits en siège bébé ou des courses, pas le choix : il faut faire jouer la béquille avec le chargement, au départ comme à l’arrivée. La prudence est de mise, d’autant que la roue arrière étant plus petite qu’à l’avant, une fois la béquille en place, l’une des roues reste en l’air : le vélo doit être fermement maintenu pour éviter tout accident.

Autre élément à prendre en compte, la barre centrale. Elle est assez haute, la franchir nécessite de bien lever la jambe, en veillant à ne pas assommer les passagers.

Sur un vélo de ce poids, la béquille est un élément essentiel qu’il faut savoir manipuler.

D’abord un vélo électrique

Conduire le R500e n’exige pas beaucoup de pratique : s’il paraît à juste titre encombrant et lourd à l’arrêt, la sensation n’existe pas en roulant. Étonnamment, le gabarit ne requiert pas de précautions de pilotage particulières. Gare toutefois aux chicanes ou dispositifs anti-scooters qui jalonnent de plus en plus de voies vertes ou partagées !

L’affaire se complique quand il faut mettre pied à terre et manœuvrer la bête à bout de bras. Elle pèse un âne mort, et ne fait preuve d’aucune souplesse. Tout obstacle devient un problème. C’est d’ailleurs la raison qui fait de ce modèle une option discutable en milieu très urbanisé : il sera difficile à arrimer à un arceau dans la rue, ne s’adaptera pas aux solutions de stockage dans les gares, et prendra trop de place dans une cour ou dans un local à vélos. Ne parlons pas de lui faire franchir des marches, des bordures ou un hall d’immeuble ! Le milieu naturel de ce longtail est un foyer doté d’un espace de parking vaste et facilement accessible.

Sur la route, la dynamique est bonne, cohérente avec le couple de 58 Nm annoncé. Le moteur, bien que placé dans la roue arrière, délivre une assistance progressive bien dosée. À vide sur le plat, le 1er niveau d’assistance suffit. Le 2e s’impose avec un chargement, et le 3e permet, en plus, de gérer les côtes, sans aucune difficulté. Mieux vaut privilégier les routes bitumées : sur pavés, a fortiori sur chemins cabossés, le vélo, dénué de suspensions, est très raide. Ça secoue !

Un bouton sur la poignée gauche du guidon facilite grandement le démarrage, surtout avec charge : un simple appui maintenu fournit le coup de pouce nécessaire pour gérer sans risque le moment délicat où après avoir commencé à pédaler, la vitesse n'est pas suffisante pour garantir l’équilibre du vélo.

Du côté de la batterie, qui affiche 672 Wh (48 V 14 aH), le fabricant garantit entre 50 et 90 km d’autonomie. Elle dépendra en réalité fortement de l’usage du vélo : à plein et en côtes, elle sera nécessairement plus faible qu’à vide sur le plat. Pour l’optimiser, l’idéal est d’ajuster au mieux le niveau d’assistance à vos besoins, et d’utiliser les 8 vitesses (ici un système à gâchettes) pour épargner le moteur. N’ayant pas envoyé le vélo en laboratoire, nous ne pouvons nous prononcer davantage sur ce point. Une charge complète prend, selon la marque, 4 h 40, c’est plutôt raisonnable.

La console permet, entre autres, de changer le niveau d’assistance.

Sécurité et équipements

Le cargo Decathlon est équipé de freins à disque hydrauliques de très bonne tenue, efficaces en toutes circonstances. Un antivol de cadre sécurise la roue arrière, et constitue un complément idéal à l’antivol solide qu’il faudra impérativement, en plus, acheter pour attacher le vélo. Il vient s’insérer dans la jupe qui couvre les rayons de la roue arrière afin d’éviter que les passagers ne s’y coincent les pieds.

Pour profiter à plein de ce vélo cargo, un investissement supplémentaire sera incontournable pour équiper le porte-bagage de coussins ou de sacoches. Seuls les barres de maintien, à l’arrière, et le panier, à l’avant, sont fournis. Ce dernier n’est pas très pratique, car il est de faible hauteur et ouvert sur les côtés : les sauts ou fuites intempestives d’objets sont à prévoir ! Pour entreposer des marchandises à l’arrière, Decathlon ne commercialise rien d’adapté, mais un organiseur de coffre, une caisse en toile ou faite maison conviendront.

Avec ce modèle, Decathlon met à portée de budget, et sur l’ensemble du territoire, un cargo électrique qui, sous certaines conditions, peut remplacer une auto. Jusqu’alors, ce type d’équipement se situait plutôt autour de 4 000 à 5 000 €, chez des marques comme Tern ou Yuba.

Le porte-bagage peut accueillir un siège bébé ou des sacoches.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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