Sprays assainissants et désodorisants
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Publié le :
28/10/2014
SOMMAIRE
La quantité totale de COV (composés organiques volatiles) émis traduit le niveau de pollution provoqué par les produits au moment où on les utilise. La nocivité de l’air qu’on respire dépend aussi des substances émises, certaines sont plus préoccupantes que d’autres pour la santé. Mis à part le Sanytol et l’Apta, tous les produits testés émettent des terpènes, notamment du limonène et du linalool. Ces substances ont la fâcheuse particularité de réagir avec l’ozone présent dans l’air pour former d’autres composés et notamment des aldéhydes, au premier rang desquels le redoutable formaldéhyde, cancérogène par inhalation. Pas directement émis par les désodorisants, ils se forment dans l’air intérieur par oxydation de ces terpènes. Plus la concentration en terpènes susceptibles de s’oxyder est importante dans le total des COV émis, plus le risque de formation de nouveaux polluants dans l’air est élevé. Il est nettement plus important avec des sprays d’huiles essentielles, Puressentiel, Aroma spray, Florame, qui émettent ces terpènes à fortes teneurs, et dans une moindre mesure Aromaforce, qu’avec les désodorisants industriels.
Le désodorisant Sanytol n’est pas composé d’huiles essentielles, il émet en revanche un phtalate (DEP) suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Le seul désodorisant satisfaisant, ce serait celui qui combine faibles émissions de COV et absence de substance problématique. Il n’y en a pas dans notre test. Les amateurs qui tiennent absolument à pulvériser du désodorisant peuvent se tourner vers un de ceux qui sont classés "1 étoile", autrement dit acceptables.
À noter : suite à l’envoi de nos résultats d’analyses, le fabricant d’Aroma spray nous indique qu’il va modifier l’étiquetage de son vaporisateur pour recommander une à deux pulvérisations pour 10 m3, et non plus pour 1 m3. Il invoque une erreur pour justifier ce conseil d’utilisation figurant sur son produit. S’il modifie effectivement ses consignes d’emploi en ce sens, les émissions seront fortement réduites.
On fait le plein de particules fines
Nous avons mesuré les particules fines, car ce sont les plus nocives pour la santé. Celles qui sont issues du trafic routier, émises par les motorisations Diesel, sont classées cancérogène certain depuis 2012. Le risque n’est pas le même avec les particules fines émises par les désodorisants, leur composition étant différente. « On connaît bien les effets des particules issues des phénomènes de combustion, que ce soit celles du trafic automobile ou, en intérieur, celles des bougies et des encens, souligne Guillaume Boulanger, de l’unité des risques liés à l’air à l’Anses. En revanche, on a peu de données sur la toxicité des particules émises par les désodorisants, mais leur taille a une influence. En effet, plus la particule est fine, plus elle va profond dans les bronches et les alvéoles pulmonaires, elle peut avoir une réactivité plus importante avec l’organisme. »
Les désodorisants les plus pénalisés pour leurs fortes émissions de particules sont Air Wick 4 in 1 eaux fraîches et Glade By Brise fleurs de mangue brésilienne. Les teneurs sont très importantes au moment de la pulvérisation.
Spray et aérosol, ce n’est pas pareil
Certains vont penser que nous pinaillons en différenciant les sprays (ou vaporisateurs) et les aérosols. Il est vrai que les deux pulvérisent, mais la ressemblance s’arrête là. L’aérosol fonctionne avec un gaz propulseur, pas le spray. L’aérosol pulvérise tant qu’on appuie en libérant du produit ainsi que du gaz propulseur, le spray envoie une dose bien définie de produit à chaque pression. Ces différences ont un impact sur les émissions de polluants. Dans l’ensemble, les sprays relarguent beaucoup moins de particules fines que les aérosols.
À utiliser… fenêtres ouvertes ou dehors !
Les fabricants auront beau prétendre que leurs produits ne polluent pas, ils savent pertinemment que ce n’est pas vrai et d’ailleurs ils l’écrivent. Il suffit de lire les précautions d’usage sur les sprays et aérosols pour s’en rendre compte. Certes, leurs mises en garde figurent très discrètement en petits caractères au dos des emballages, mais enfin elles sont bien là, et elles sont très instructives. Ce qu’on y lit est plus une invitation à se débarrasser de son désodorisant qu’à l’utiliser. Les mentions « Ne pas respirer les aérosols » ou « Ne pas respirer les vapeurs », associées à « Utiliser seulement dans des zones bien ventilées », figurent sur la plupart des produits testés. Aroma spray est le seul à oser conseiller l’emploi dans des « espaces confinés », malgré ses 3 686 µg/m3 de COV !

Mélanie Marchais
Rédactrice technique