Yves Martin
Les témoignages affluent
Suite à notre appel aux instances françaises et européennes pour demander l’ouverture d’une enquête et l'indemnisation des victimes de la panne des moteurs diesels nécessitant de l’AdBlue, les témoignages nous parviennent en masse. Soulignant ainsi l’étendue du problème.
Lorsque nous avons lancé l’alerte, fin 2022, sur les problèmes récurrents rencontrés par les utilisateurs de l’AdBlue, un additif indispensable au fonctionnement des diesels équipés d’un filtre à particules spécifique SCR, nous avions en parallèle appelé les consommateurs concernés à témoigner. Quatre mois plus tard, nous recevions 1 418 réponses, décidant l’UFC-Que Choisir à saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ainsi que la Commission européenne. Une semaine après cette saisine médiatique, les témoignages ont afflué en masse pour dépasser les 4 000 !
Peugeot et Citroën, les plus touchés
Si aucun constructeur n’est épargné par le phénomène, ce sont Citroën et Peugeot qui arrivent en tête : ils représentent à eux deux 88,14 % des témoignages reçus, suivis par Opel, Renault, Audi, Dacia, Ford, Volkswagen et Toyota.
Les données confirment que les véhicules les plus touchés par le problème datent de 2016 (25,06 %), 2015 (20,84 %) et 2017 (18,20 %), pour se raréfier ensuite. Il faut dire qu’à partir de 2018, les constructeurs ont éliminé les moteurs diesels d’une partie de leur production, notamment sur les petits modèles. C’est le cas par exemple de Dacia qui ne propose plus ce type de moteur sur le Sandero depuis 2021, de Renault sur son Captur ou encore de Volkswagen sur ses Polo et T-Cross. Et la nouvelle mouture de la Peugeot 208, qui arrive en concession à l’automne, ne sera proposée qu’en électrique ou en essence. On enregistre ainsi un très fort déclin des ventes de diesel en France, qui ne représentent désormais plus que 10 % des immatriculations de véhicules neufs sur les six premiers mois de 2023.
Une prise en charge trop aléatoire
Avec des pannes qui datent d’aussi longtemps, nul doute que les constructeurs connaissaient le problème. Dommage qu’ils n’aient pas mis en place un système de prise en charge digne de ce nom. 91 % des plaignants n’ont pas été, ou que partiellement, indemnisés. Ainsi, 38,82 % ont payé de leur poche la totalité de la facture et 52,15 % ont bénéficié d’une participation de la part du constructeur. Au final, le reste à charge moyen des répondants s’élève à 1 156 €. Mais la facture peut grimper beaucoup plus haut, comme nous l’a confié un consommateur qui a déboursé 3 100 € ! Et cela pour un dysfonctionnement intrinsèque à la voiture totalement indépendant de l’automobiliste.
Mélissa Chevillard