par Elsa Casalegno, Noé Bauduin
par Elsa Casalegno, Noé Bauduin
Boire une tasse de café deviendra-t-il un luxe ? Entre catastrophes climatiques dans les pays producteurs et hausse de la demande mondiale, les cours flambent depuis 1 an, un phénomène accentué par la spéculation. Dans les grandes surfaces, le prix a grimpé en moyenne de plus de 18 %.
Nous avons relevé les prix en ligne de 52 références de café en grain, moulu, en dosette ou capsule vendues sur les drives des principales enseignes, le 20 novembre dernier. En 1 an, le prix du café a grimpé de plus de 18 %, alors que l’inflation alimentaire était quasiment nulle sur cette même période. Cette inflation est plus marquée sur les cafés moulus ou en grain (+ 26 %), initialement moins chers que les autres conditionnements. Cela s’explique par la part plus importante de la matière première dans le prix final, par rapport au packaging et au marketing associés aux capsules. Sur 2 ans, la hausse est de 23 %.
Le prix moyen du café s’élève à 31 €/kg, avec une grande disparité selon les formats : autour de 20 €/kg pour les cafés en grain ou moulus, mais quasiment 60 €/kg pour les capsules.
Voici les 4 références les plus inflationnistes de notre panier :

Cette hausse des prix reflète la flambée des cotations sur les marchés boursiers, où le café brut a doublé en 1 an. La livre de café, qui se négociait à un peu moins de 2 $ en début d’année 2024, a fortement augmenté à partir de novembre, puis oscillé entre 3 et 4 $ durant l’année 2025.
Il existe différentes raisons, bien connues, à cet emballement. Tout d’abord, le réchauffement climatique, qui engendre une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Ainsi, le Brésil et le Vietnam ont tous deux été touchés par une série de catastrophes – inondations, sécheresse, gel, etc. ‒ qui ont mis à mal leurs récoltes. Or, ces pays pèsent à eux deux plus de la moitié de la production mondiale. L’impact sur les cotations était inévitable. « Il n’y a pas encore de problème d’approvisionnement, mais cela a inquiété les marchés », explique Guillaume David, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). La spéculation a ensuite accentué les envolées des tarifs. En parallèle, « la demande mondiale s’accroît rapidement, du fait de l’accroissement de la population mondiale, mais aussi de nouvelles habitudes de consommation, les Chinois et les Indiens se mettant à boire ce breuvage », souligne-t-il.

Les prix du café sont donc appelés à rester durablement élevés. D’autant qu’à long terme, les zones adaptées aux plantations d’arabicas seront amenées à se rétrécir du fait de l’augmentation des températures. Les robustas, qui se cultivent plus facilement en basse altitude (donc à des températures plus élevées), seront amenés à prendre davantage de place. Mais ils fournissent un café plus amer, moins prisé des Français, bien que moins cher et plus abondant. Les torréfacteurs font donc déjà évoluer discrètement leurs gammes : le marketing prône le « café goût italien », à base de robusta, et davantage de paquets mélangent arabica et robusta.
Parmi les 52 références étudiées, nous en avons sélectionné 15 (café en grain ou moulu uniquement) labellisées Commerce équitable. S’ils n’ont pas échappé à la hausse, ces cafés ont moins augmenté que les autres catégories de cafés en grain et moulus : respectivement + 20 % en moyenne, contre + 26 %.
Les produits labellisés coûtent en moyenne 17 % plus cher que le café conventionnel, soit un écart moyen de 3 €/kg. À noter que 13 d’entre eux sont également bios, ce qui contribue à renchérir le prix.
Mais il est possible d’acheter des produits à des tarifs raisonnables. Citons par exemple la marque Ethiquable, portant le double label bio et équitable, dont les 4 produits présents dans notre panier sont vendus en moyenne à 19 €/kg.
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Elsa Casalegno
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