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FaceApp

L’application qui se régale de vos données personnelles

L’application FaceApp a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Permettant de vieillir la photo d’un visage en quelques clics, elle inquiète quant à l’utilisation des données récoltées. Notre service juridique a étudié les conditions générales d’utilisation de FaceApp et ce que nous avons pu y découvrir justifie largement d’alerter la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

À quoi ressemblerez-vous dans 30, 40 ou 60 ans ? C’est grâce à cet intenable suspense que l’application FaceApp doit son succès. Un succès foudroyant qui la place au 1er rang des applications en France aussi bien sur l’App Store (Apple) que sur le Google Play Store (Android).

FaceApp fait partie des centaines d’applications d’édition de photos disponibles sur smartphone. Mais c’est son filtre qui permet, via un procédé automatisé, de vieillir les visages qui a suscité l’emballement. Et le résultat est plutôt convaincant même s’il faudra attendre plusieurs décennies pour pouvoir comparer la prédiction avec la réalité.

FaceApp est devenue en quelques jours l’application la plus téléchargée sur les différents stores.

Mais ce n’est pas son éventuelle efficacité qui pousse l’UFC-Que Choisir à saisir la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). C’est au regard de sa conformité au Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) que le bât blesse. L’application FaceApp, à travers sa politique de confidentialité et ses conditions d’utilisation, contrevient en une multitude de points à ce règlement entré en vigueur en mai 2018 et qui impose une protection forte des données personnelles.

Concernant la politique de confidentialité

  • La société responsable du traitement des données des utilisateurs de l’application n’est pas identifiée. Le consommateur se retrouve dans la position où il doit lui-même rechercher activement l’identité du responsable de traitement. En lisant la documentation légale sur le site Internet de FaceApp, on découvre dans les faits que deux contacts sont fournis. Dans l'App Store et le Google Play Store, l'éditeur est présenté comme étant une société américaine, "FaceApp Inc". Et dans les conditions d’utilisation, la société Russe "Wireless Lab OOO" est présentée comme le développeur de l’application ;
  • Les données des utilisateurs, en premier lieu les photos, sont transmises par l’application à de nombreuses entreprises non identifiées dont des régies publicitaires (alors que FaceApp indique qu’il ne vend pas les données) et des sociétés appartenant au même groupe, qui n’est pas non plus identifié ;
  • FaceApp ne se contente pas des photos, elle collecte aussi données de géolocalisation et données de connexion à des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter) ;
  • FaceApp se réserve le droit de communiquer des données lorsque la loi l'exige, sans mentionner laquelle. Des données peuvent ainsi être transmises pour des enquêtes gouvernementales dans des pays tiers à l’Union européenne, comme la Russie ;
  • FaceApp transmet les données personnelles des utilisateurs vers des pays extérieurs à l’Union européenne. FaceApp ne précise cependant pas d’où partent les données et pour aller dans quel pays. Les garanties légales du transfert ne sont pas indiquées, et aucune liste des pays destinataires n'est indiquée ;
  • FaceApp exclut sa responsabilité en cas de violation de données personnelles, c’est-à-dire en cas de piratage, de modification ou d’effacement non voulu des données des utilisateurs ;
  • FaceApp n'indique aucune durée de conservation des données, et ne fournit aucun moyen de la déterminer. La société indique seulement que la durée de conservation peut être « étendue » dans certains cas ;
  • FaceApp ne fait mention d’aucun des droits offerts par le RGPD (droits d’accès, de rectification ou d’effacement, d’opposition, de limitation, de portabilité).

Concernant les conditions d’utilisation

  • FaceApp s'octroie une licence pour utiliser les photos de ses utilisateurs comme bon lui semble, pour une durée et une zone géographique indéterminée ;
  • Les nom, localisation et photo de profil sont accessibles publiquement ;
  • FaceApp s'octroie le consentement de l'utilisateur à l'utilisation du « Contenu Utilisateurs », c’est-à-dire la photo, à des fins qui ne sont pas spécifiées. Ce consentement vaut même si le contenu inclut des données identifiantes comme la voix ou l'image, ou des données permettant une identification. FaceApp peut les utiliser « notamment à des fins commerciales » ;
  • FaceApp entend appliquer la loi américaine (Californie) et renvoie les consommateurs à renoncer à leurs droits en justice pour réaliser un arbitrage à Santa Clara en cas de litige.

Attention avec les photos de vos proches

FaceApp peut vieillir une photo prise directement avec la fonction selfie de l’application. Mais l’utilisateur peut aussi envoyer des photos présentes dans sa galerie de photos. Et donc donner à FaceApp des photos de personnes qui n’ont pas utilisé l’application. FaceApp se retrouve ainsi propriétaire de photos de personnes qui n’ont jamais donné leur accord.

Arnaque à la version Pro

Le filtre qui permet de vieillir des visages est gratuit sur FaceApp mais d’autres options sont payantes (3,99 €/mois ou 19,99 €/an). Des escrocs en profitent pour proposer sur le Net, et non sur les boutiques d’applications officielles, des versions « Pro » moins chères. En croyant faire une bonne affaire, les utilisateurs téléchargent des programmes d’abonnement payants ou des logiciels malveillants selon Eset, une entreprise de sécurité informatique éditrice d’antivirus.

Le service juridique de l’UFC-Que Choisir

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