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Gaz et électricitéPourquoi les factures vont, encore, augmenter en 2026

Fabrice Pouliquen

par Fabrice Pouliquen

Un décret du 4 novembre augmente de 27 % le volume des actions travaux d’économies d’énergie que devront financer les fournisseurs d’énergie l’an prochain. Un coût qu’ils devraient répercuter sur la facture de leurs clients. Explications.

C’est un décret qui aura une fâcheuse incidence sur les factures d’énergie. Publié le 4 novembre au Journal officiel, il augmente de 27 % le volume total d’obligations d’économies d’énergie que doivent financer les fournisseurs à partir du 1er janvier 2026. Ce qui devrait se traduire par une hausse d’une cinquantaine d’euros des factures de gaz et d’électricité selon différentes sources proches du dossier. Pour la même raison, le prix des carburants à la pompe augmentera aussi de 4 à 6 centimes par litre dès le 1er janvier.

Un gouvernement qui se repose de plus en plus sur les CEE

Créés en 2005, les certificats d’économies d’énergie (CEE) obligent les fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, fioul, carburants…) à financer des actions et des travaux en faveur des économies d’énergie. Typiquement la rénovation énergétique des logements ou l’acquisition de voitures électriques.

Ces fournisseurs d’énergie – appelés « obligés » ‒ se voient ainsi fixer par les pouvoirs publics des objectifs triennaux d’actions et travaux d’économies d’énergie à financer. Ces obligations peuvent évoluer en cours de route, comme le montre ce décret du 4 novembre. Cette hausse de 27 % du volume total d’obligations à financer l’an prochain n’est pas tant une surprise alors que le gouvernement cherche à se reposer de plus en plus sur ce mécanisme des CEE (et de moins en moins sur le budget de l’État) pour financer certaines aides publiques. En particulier MaPrimeRénov’ sur la rénovation énergétique des logements.

Un dispositif très coûteux pour les ménages

D’un côté, cette hausse du volume des obligations à financer l’an prochain permet de maintenir des aides (ou au moins d’éviter qu’elles chutent brutalement) dans un contexte budgétaire tendu. Mais ce sont bien les particuliers qui en supportent l’essentiel du coût, les fournisseurs les répercutant sur les prix qu’ils facturent à leurs clients. Dans une étude parue en octobre, l’UFC-Que Choisir dénonçait les dérives de ce dispositif qui pèse toujours plus sur les ménages. Selon nos estimations, réalisées avant la publication du décret du 4 novembre, leur contribution moyenne, sur l’ensemble de leurs consommations énergétiques, oscille entre 124 € et 244 € par an. Plus ses consommations sont élevées et plus le ménage se rapproche de cette fourchette haute de 244 €.

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Cette contribution augmentera donc encore au 1 er janvier. D’une cinquantaine d’euros sur les factures annuelles de gaz et d’électricité comme annoncé par certains ? Elle ne sera pas systématique en tout cas. Rien n’oblige les fournisseurs à répercuter le coût lié à leurs obligations CEE sur la facture de leurs consommateurs. Ils peuvent aussi faire le choix de rogner sur leurs marges et d’épargner ainsi leurs clients, au moins en partie… Cela relève de leurs stratégies commerciales.

Faut-il encore pouvoir les connaître. C’est un autre problème avec les CEE dénoncé par l’UFC-Que Choisir dans son étude d’octobre. La façon dont les fournisseurs répercutent le coût lié à leurs obligations est très opaque. Il n’y a pas de ligne CEE sur les factures. Quant aux fiches descriptives de leurs offres, qui doivent être obligatoirement mises en ligne pour permettre de les comparer, elles ne précisent rarement, pour ne pas dire jamais, comment seront répercutés les CEE sur la facture.

Les contrats à prix fixe à l’abri ? Pas si vite

Une certitude : contrairement à ce qui a pu être écrit dans certains médias, les ménages ayant souscrit un contrat de gaz ou d’électricité à prix fixe ne sont pas forcément à l’abri des hausses de factures liées aux CEE. Car les offres à prix fixe ne le sont pas tout à fait. Au minimum, la part liée aux taxes dans le prix final de l’électricité ou du gaz reste variable tout au long du contrat. Autrement dit, si en cours de route l’État acte une hausse de ces taxes, les fournisseurs la répercutent sur la facture de leurs clients.

Pour les CEE, c’est plus compliqué. Mi-2024, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a établi 13 bonnes pratiques que se sont engagés à suivre 20 des 28 fournisseurs nationaux. La première leur impose de classer leurs offres suivant la typologie établie par la CRE. Celle-ci comprend une catégorie « offre à prix fixe » dans laquelle, jusqu’à peu encore, les évolutions liées aux CEE ne pouvaient être répercutées sur les contrats en cours. En théorie donc, les ménages ayant souscrit à ce type d’offre sont à l’abri de hausses de leurs factures liées au CEE l’an prochain.

Changement de règle depuis le 6 novembre

Mais certains fournisseurs parmi les 20 ont contourné cette contrainte. C’est le cas d’EDF avec son offre Zen Fixe qu’on pourrait légitimement penser ranger dans la catégorie des offres à prix fixe. L’énergéticien la classe en réalité dans la catégorie « autre offre dans la typologie de la CRE ». Et dans celle-ci, les fournisseurs peuvent répercuter, en cours de contrat, les évolutions liées aux CEE sur la facture de leurs clients. Ce que fera EDF, précise-t-il dans la fiche descriptive de son offre Zen Fixe.

Ce tour de passe-passe n’est même plus nécessaire désormais. Dans une délibération du 6 novembre, la CRE permet que les évolutions liées aux CEE soient intégrées dans la part variable des offres à prix fixe. Certains fournisseurs ont déjà mis à jour les fiches descriptives de leurs offres à prix fixe. « Dans le cas où la structure du mécanisme serait modifiée (par exemple changement du montant de l’obligation), Ohm Énergie répercutera ce changement dans le prix de fourniture », précise par exemple ce fournisseur dans son offre fixe 2 ans.

Les fiches détaillées des fournisseurs d’énergie

Retrouvez nos analyses de toutes les offres des opérateurs de gaz et d’électricité

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